Un Real unReal !!!
Dimanche soir, le Real était en tenue de gala, comme toujours, et surtout splendide comme jamais. Ca partait dans tous les sens, des relais, des une-deux, des redoublements en veux-tu en voilà ; technique, vista, réussite. Car Villarreal aurait pu ouvrir le score. Mais il n'en fut rien et Schuster a d'ores et déjà gagné. Pas seulement un match et ses trois points, mais la confiance des socios et le coeur des esthètes.
Tout comme Sneijder qui, malgré son numéro 23, l’a moins joué Beckham que Zizou (1). Un amour de coup-franc, une frappe précise de l’extérieur ; Sneijder multiplia les caresses comme les bons choix, en représentation au sein d’une animation merengue limpide, à la limite de l’évidence. Ainsi, même si avec un tel effectif à sa disposition tous les schémas lui sont possibles, (un trident Robben-Ruud-Robinho avec Sneijder soutenu par Guti-Diarra comme un losange Diarra-Baptista-Gago-Sneijder derrière Saviola-Higuain) Schuster a déjà trouvé une formule magique (quand Capello les multiplia en début de saison dernière, certes peut-être pour mieux brouiller les pistes et tenir ses troupes sur le qui-vive, qui sait ?) : Sneijder et Robinho(lles) se chargent donc de l’animation offensive, tantôt excentrés, tantôt dans l’axe, comme les vrais. Guti laisse s’exprimer sa technique dans cette position de relayeur qui lui va si bien. Libéré par le depart d’Emerson, Diarra peut enfin régner en maître sur la récupération (2) et s’imposer comme la pointe d’un triangle défensif formé avec Cannavaro et Metzelder. Son positionnement, la vraie nouveauté cuvée Real 07-08, permet aux latéraux de monter sans crainte, à Guti de s’investir offensivement autant qu’il le souhaite et à Mahamadou de ne justement pas trop se soucier de ça. Bref, au vu de la dernière messe dominicale face, il est bon de le souligner, à un adversaire de vraie valeur, le Real pourrait bien doubler la mise cette saison : Reel 2 Real.
A moins que le Barça, vainqueur laborieux au même moment via un coup de pied arrêté, un plongeon d’Henry et une erreur d’arbitrage. A moins que le Barça, son 433, son enthousiasme, son logo Unicef, son Titi et tout le soutien de la bien-pensance footballistique, « mes que un club » comme dirait l’autre. N’empêche que le Barça, tout sympa, joueur, généreux et jovial qu’il soit, gagnant-gagnant comme dirait l’autre, ben à force de se vouloir sympathique, il en devient aussi pénible que son nouveau Fantastique. En revanche l’avantage avec la Maison Blanche, niveau critiques, on peut y aller Franco : dépenses intergalactiques, dettes spongieuses, et surtout, surtout, non-respect congénital du jeu, tendance à se voir trop beau, trop fort, trop offensif. Car, c’est bien connu, on se doit de ne pas trop briller, d’avoir son quota de porteurs d’eau, de tâcherons, de médiocres, de souffrance, de sueur, de plantages et Pavones. Le Real a perdu (notamment contre les porteurs d’olipeaux monégasques…), ben tant mieux, le Real n’a pas joué le jeu. C’est bien fait pour sa gueule, nananananère…
Pourtant, Schuster ne vas pas se gêner pour nous en resservir un(e) coup(e?) : Diarra l’entonnoir pour la mise en bouteille ; Guti, Sneijder, Robinho, Robben pour faire mousser, Ruud, Raul, Saviola, Higuain pour faire péter le bouchon de football champagne, et advienne que pourra. De toute manière, Bernie n’a pas trop le choix, c’est rien de moins que tout ce qu’on lui demande : plaire, avant même de gagner.
Banco, il vient d’ores et déjà de gagner : le football pratiqué ce soir-là par ses troupes restera comme le plus design (3) de la saison.
Par Simon Capelli-Welter, envoyé spécial à Hel(l)sinki, mais on sait pas trop pourquoi en fait !
(1) Le carton rouge en moins ; d’ailleurs le documentaire de Gordon et Parreno, justement filmé contre Villarreal, s’enrichit avec le temps, qui, en passant, lui confère une dimension d’archive exceptionnelle.
(2) A l’époque encore sur OLTV, le Malien avait déjà fait part de sa volonté de régner en maître sur le milieu du terrain en donnant un onze-type composé de dix joueurs…
(3) Tel Apple qui mise avant tout sur le design et l’allure de ses produits, tout en les commercialisant un peu trop cher histoire de leur conférer un certain standing, le Real en fait de même avec son football et ses recrues, s’attirant les mêmes critiques rabougries et louanges déraisonées ; mais bon, dribbler ses mp3 sous une molette blanche, ça fait tout de suite plus classe. On peut assez facilement tisser la même analogie avec Nintendo, sa Wii blanche et son désir de mettre le jeu au centre de l’industrie vidéoludique. (Nintendo a d’ailleurs commencé par la fabrication de cartes à jouer, Sony par celle de technique d’enregistrement de l’image.) La firme nippone se refuse ainsi au jeu préétabli de la course à la perf technologique pour satisfaire le nerd, préférant plaire aux enfants et à mémé en vendant des jeux comme on vend des maillots de David Beckham. Comme pour ces deux compagnies dans leur domaine, ou les Lakers en NBA, quand le Real joue au football, il ne s’agit pas tout à fait du même sport que celui developpé par la concurrence.
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