Twente frappe Marseille
Décidément Liverpool ne réussit pas aux Marseillais. Tout de rouge vêtus, les Hollandais ont imité les boys de la Mersey. Avec succès. Par le plus petit des avantages mais par la plus grande des options vu que ces Reds recevront avec un but d'avance. L'OM ne devrait pas jouer avec ces putains de maillots beige et noir. Beige-et-noir : il n'y a plus d'espoir ?
Que dire ? On a presque vu un remake de Monaco-Marseille de dimanche dernier, dans le sens où Valbuena était positionné N° 10 derrière deux attaquants. Little Big Man a été énorme. Tellement énorme qu’il s’est pris des semelles et que le 8 adverse, Brama, l’a pris en individuelle comme l’aurait préconisé un Guy Roux à l’ancienne. Mathieu Valbuena a donc propagé des bonnes ondes à chaque prise de balle, symbole du brave petit David face aux Goliath batave (5 joueurs, puis 6 au-dessus de 1m 90).
Problème : contre Monaco, quand Valbubu prenait les couloirs, Ziani ou Wiltord prenaient sa place de meneur axial. Pas toujours avec succès mais avec une présence constructive. Sauf que contre Twente, y’avait personne pour prendre la relève dans l’axe… On verra M’Bami s’y coller avec courage dans la dernière demi-heure mais sans le talent des vrais milieux offensifs. Quant à Hatem Ben Arfa, il a failli, placé n’importe où et perdant quasiment tous ses ballons. Voilà : l’OM était perdu dans l’organisation du jeu. Contre Monaco, ça passe, mais pas contre une équipe mastoc et intelligente comme Twente. Et puis, comme pour illustrer l’importance cruciale d’un vrai meneur, les Hollandais possédaient en Perez un vrai N°10, meneur et régulateur, sûrement le meilleur homme du match.
Une impression domine. La frustration. Les absences de quelques Olympiens qui auraient nettement amélioré le casting. On aurait vraiment aimé voir Brandao dans son rôle en pivot, en remiseur et en voltigeur dans le jeu aérien au milieu des grands moulins néerlandais. Idem avec Wiltord et Ziani, petits gabarits hyper vifs qui, avec Valbuena et Koné, auraient mis du grabuge dans le camp hollandais. Hélas ! Wiltord et Brandao ne sont pas qualifiés pour les Coupes d’Europe et Ziani est blessé. Sinon, une petite interrogation : Bonnart est resté sur le banc. C’est l’Anglais Mears qui était titulaire tout au long de la rencontre. Pas mauvais, mais il n’a pas assez pesé sur le jeu offensif dans son couloir droit, à la différence de Bonnart qui a la faculté de savoir créer le surnombre. Ziani, Wiltord, Bonnart : sans leur vivacité, l’OM n’était pas assez rusé pour surprendre les géants du Nord. Niang, dont c’était le retour, n’a pu tenir qu’une honnête heure. Koné a été un agent subversif intéressant, avec à la 62ème un slalom vertigineux mais qui finira dans les nuages. Too bad. Le cas Ben Arfa, entré à la 30ème à la place de Kaboré, devient vraiment préoccupant (voir plus haut). Sinon Zubar, qui faisait la paire avec Hilton, n’a pas été infamant. Reste que la présence de Rodriguez (absent pour cause de petit pépin physique) aurait pu muscler davantage la défense phocéenne et être utile sur les nombreux coups de pied arrêtés.
Une première alerte à la 17ème, quand Arnautovic avait perdu son duel, seul aux 16 mètres, face à Mandanda qui s’était détendu du point de penalty pour écarter en corner sur une frappe à ras de terre. Tout a basculé à la 22ème sur un but d’une laideur hideuse. Une touche anodine, côté gauche, qui a endormi toute la défense marseillaise. Perez en profondeur pour N’Kufo en débordement qui centre aux 6 mètres vers Arnautovic, encore. L’Autrichien, tout seul au deuxième poteau, se prend les pieds dans le ballon à 50 centimètres de la ligne de Mandanda : ça fait but. Sûrement du mollet ou du tendon d’Achille. Mais ça suffit, 1-0… Dommage que Hilton sur corner (15ème) et Niang sur centre de Koné (19ème) aient raté chacun leurs coups de tête pourtant faciles.
A 1-0, les Hollandais, sûrs d’eux-mêmes et un peu truqueurs, ont contrôlé jusqu’au bout. Ils auraient même pu corser l’addition par N’Kufo sur une tête plongeante qui s’est écrasée sur le poteau d’un Steve aux fraises (78ème). Twente était trop fort, c’est tout. On avait chambré ce pauvre Steve McCLaren, infortuné sélectionneur de l’Angleterre et qui se révèle avec Twente un coach étonnant. A part une lourdeur toute britannique en défense, son équipe est d’une grande rigueur tactique, capable de créer des beaux mouvements en quelques passes et en restant toujours très concentrée. Par moments, du Liverpool sauce Benitez. Et c’est plutôt un compliment vu que Twente n’a pas trop forcé. Donc, autant dire que ça va être hard pour l’OM au retour. Très hard. On comprend pourquoi et comment ces Hollandais avaient fini premiers de leur poule de C3 (celle du PSG).
Conclusion : rien n’est perdu, rien n’est définitif, mais au vu des performances franchement décevantes de Bordeaux et Marseille, clubs du haut de tableau du championnat de France, on peut mieux se faire une idée en creux de la valeur de la L1. OK, OK : St-Étienne et Paris gazent bien, eux… Alors attendons Lyon en C1 et les matchs retour des quatre clubs français en C3, le 26 février. A suivre…
Chérif Ghemmour
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