Top 50 : Transferts avortés (de 50 à 41)

« No Words. » Le 6 octobre 2020, au lendemain de la clôture du mercato, l’arrière gauche danois de Genk fulmine sur Twitter : alors qu’il se voyait déjà porter les couleurs de l’OM, Joakim Mæhle a reçu un appel de son directeur sportif à 23h50 la vieille. Au bout du fil, Dimitri de Condé lui annonce que Genk et l’OM n’ont finalement pas trouvé d’accord, alors que tout était ficelé. La faute à une surenchère de dernière minute du club belge, pas contenté par les treize millions d’euros proposés par Pablo Longoria, qui vient d’envoyer Bouna Sarr au Bayern. « Je m’assois sans voix. Je jette le téléphone loin de moi. Je n’ai rien à dire. Je suis juste écrasé et je me sens piétiné. C’était dur de dormir » , confie le lendemain le joueur au quotidien danois BT. L’OM vient de laisser passer sa chance : en janvier, Mæhle décolle pour l’Atalanta contre seulement onze millions d’euros, avant de devenir l’une des révélations danoises de l’Euro en juin. AH

No words

— Joakim Mæhle (@Joakim_maehle) October 6, 2020

Après un prêt peu concluant à Bastia (19 matchs, aucun but), Hervin Ongenda est à la recherche de temps de jeu loin du PSG. Le Titi de 20 piges est encore plein de promesses, mais doit aller s’aguerrir ailleurs. Dans les toutes dernières heures du mercato estival, un tweet de la Fédération belge de football annonce que cet ailleurs s’appelle le Sporting Club de Charleroi. Pourtant, aucun des deux clubs ne confirme le transfert. Le SC Charleroi sort du silence le lendemain : « Ongenda : les négociations n’ont pas abouti, le projet de transfert non signé a été annulé. La Fédération n’aurait pas dû le mentionner. » Ongenda reste à quai gare du Nord. Et le club belge avoue aux yeux de tous qu’il cherchait bien un remplaçant à Kebano. Le jeune Français patientera jusqu’en janvier 2017 pour s’envoler pour le PEC Zwolle aux Pays-Bas. Il défend aujourd’hui les couleurs du FC Botosani en Roumanie. AH

Du haut de ses 22 piges, Aly Cissokho commence à se faire un nom sur la scène européenne. S’il a dû s’expatrier au Portugal pour éclore, le latéral gauche français du FC Porto attire les convoitises à l’été 2009. L’AC Milan passe vite à l’action en juin, et les 15 millions d’euros proposés convainquent les dirigeants portugais. Le précontrat est signé. Ne manque plus que la visite médicale… qui ne se passe pas comme prévu. Les équipes médicales milanaises décèlent un problème de dentition susceptible d’influer sur la posture du joueur et d’avoir des répercussions musculaires et osseuses, et notamment d’augmenter le risque de pubalgie. Le board sportif du Milan demande alors à Porto de convertir le transfert sec en prêt. « C’est une blague. Pour ce qui est de Cissokho, ils ne pouvaient pas l’avoir et ne voulaient pas l’avoir. Ils ont trouvé comme excuse une histoire autour de sa dentition, alors qu’en fait il a des dents plus saines que les miennes ! C’est d’un ridicule » , volera à son secours le président Pinto da Costa dans Record. Cissokho atterrit à Lyon en juillet, avant de se faire opérer des dents deux ans plus tard. AH

L’amour débordant des lads anglais pour leur club n’est plus à démontrer, mais quand même : de là à se tatouer le nom d’un joueur sur le cœur avant même sa signature, il faut y aller. C’est pourtant le choix de Chris Atkinson, mordu des Citizens, en janvier 2009 alors que City est sur le point de s’offrir Kaká pour 120 millions d’euros. Les faits excusent un peu ce supporter trop enthousiaste : le Milan a accepté cette offre « qui ne se refuse pas » , ce qui fait sérieusement réfléchir le Brésilien. À tel point que le contrat est ficelé, et il ne reste plus que la signature à apposer pour que Kaká ne devienne la première grande star du nouveau Manchester City, racheté quelques mois plus tôt. Le joueur s’imagine en Angleterre, hésite puis se ravise. La faute notamment aux tifosi milanais regroupés en bas de chez lui pour lui chanter leur amour. Romantique, le Brésilien repousse finalement les avances mancuniennes. Avant de céder à celles venues de Madrid l’été suivant. AH

La climatisation de la décennie. Le 29 mai 2015, la chaîne TV officielle de l’AC Milan annonce la grande nouvelle aux Rossoneri : l’attaquant colombien Jackson Martínez arrive en Lombardie. Le Milan s’est acquitté de la clause libératoire de 35 millions d’euros pour s’offrir l’homme aux 32 buts en 42 matchs avec le FC Porto. Même le président du club portugais confirme le transfert. Sauf qu’à son retour de la Copa América, Jackson Martínez pose ses valises à l’Atlético de Madrid, qui vient griller la politesse aux Milanais. Un râteau dans les règles de l’art, pas sans conséquence sur le karma du bonhomme : après trois buts en 22 matchs, Martínez n’a plus sa place à Madrid. Le Colombien s’envole pour la Chine en janvier contre 42 millions d’euros. Ciao. AH

Le mercato d’hiver de la saison 2002-2003 est l’échappatoire tant attendue par Pierre-Yves André. À la cave chez les Canaris, l’ancien frère d’armes de Frédéric Née à Bastia cherche un club pour se relancer. Le LOSC, en quête d’un attaquant après un début de championnat compliqué, avance bien sur le dossier et pense boucler le prêt d’André le 30 janvier 2003. La douche du lendemain est glacée : c’est finalement avec le maillot de Bolton, en Premier League, qu’André pose pour les photos. Début février, dans les colonnes de La Voix du Nord de l’époque, Alain Tirloit, le directeur sportif lillois, s’occupait de raconter ces 24 heures folles : « Pierre-Yves André m’a téléphoné à 22h42 pour me dire que c’était OK et que c’était super pour lui. Il nous avait fixé rendez-vous, à Xavier Thuilot, directeur général du club, et à moi à la gare Montparnasse en fin de matinée, ce vendredi (31 janvier, NDLR). (…) Tout semblait ficelé. Comme personne n’arrivait, j’ai appelé son agent sur les coups de 13h30. Et il m’a annoncé que son joueur avait signé à Bolton. » AC

Les dernières heures du mercato et les problèmes de fax, cette grande histoire d’amour. Chaque année, ils sont quelques-uns à être victimes de cette technologie d’un autre temps et des négociations trop longues entre dirigeants et agents. Ce 31 août 2017, le dindon de la farce se nomme Adrien Silva. Après quinze ans passés au Sporting, le milieu portugais a l’opportunité de rejoindre l’Angleterre et Leicester, qui débourse plus de 20 millions d’euros pour se l’offrir. Problème : les Foxes ne peuvent pas enregistrer le transfert à cause d’un retard de… 14 secondes. Zéro cadeau de la part de la FIFA, le joueur de 28 ans appartient bien à Leicester, mais il doit prendre son mal en patience et n’est pas éligible pour faire ses débuts en Premier League avant le 1^er janvier 2018, date de l’officialisation de son transfert (enfin !) et de sa première apparition sur les pelouses anglaises contre Huddersfield. Tout ça pour 21 petits matchs avec Leicester et un prêt de six mois à Monaco un an plus tard pour le natif d’Angoulême. CG

N’évoquez pas le nom de Sébastien Puygrenier aux Stéphanois. Au cœur de l’été 2008, le défenseur nancéien est attendu dans le Forez. Tout le monde est d’accord, un contrat de quatre ans est sur le point d’être signé, et Bernard Caïazzo se réjouit publiquement de cette transaction conclue « aux environs de cinq millions d’euros » . Le dirigeant des Verts est allé un peu vite en besogne : moins de 48 heures plus tard, France Football révèle que Puygrenier a finalement décidé de s’engager avec… le Zénith Saint-Pétersbourg. Une information rapidement confirmée par le club russe, qui débourse 1,5 million d’euros de plus que l’ASSE, pour le plus grand bonheur de Jacques Rousselot, le président de l’ASNL. « J’ai fait machine arrière dans la nuit de samedi à dimanche, confirme Puygrenier au milieu de cet imbroglio. Je me suis excusé auprès des dirigeants stéphanois, car je leur avais donné mon accord. J’espère simplement que cette expérience me permettra de démontrer encore plus mon potentiel. » Faute avouée, faute pas du tout pardonnée par les Verts qui dénoncent un « manque de respect et de conscience morale » . Saint-Étienne se consolera finalement avec l’arrivée de Sylvain Monsoreau et peut-être même en constatant la situation d’échec de Puygrenier en Russie (moins de 15 apparitions et une multitude de prêts) qu’il quittera quatre ans plus tard pour revenir à Nancy. La boucle est bouclée. CG

Le fax a été créé en 1842, mais en 2011, l’être humain avait encore quelques difficultés à l’utiliser. Tant pis pour Eric Maxim Choupo-Moting, alors à Hambourg, qui manque d’un rien son transfert à Cologne à l’hiver 2011. Il est 17h49 – soit onze minutes avant la deadline en Allemagne -, au moment où son père et agent Just Choupo-Moting envoie le fax à Cologne avec toutes les signatures. Problème : une seule page arrive et le reste est illisible. Volker Finke, l’entraîneur de l’époque des Geißböcke, avouera devant la presse que la totalité du contrat est arrivé au siège de la DFL avec « quatorze minutes de retard » . AC

Avant d’empiler les buts outre-Rhin du côté de Francfort puis de Leipzig aujourd’hui, André Silva aurait dû gâter le Rocher de son sens du but à toute épreuve, poussé par son agent Jorge Mendes à rejoindre l’ASM. Le deal semblait ficelé à l’été 2019 entre toutes les parties : un contrat de cinq ans est sur la table, Monaco est prêt à verser près de 25 millions d’euros à l’AC Milan pour faire venir l’international portugais de 23 ans. Mais voilà, officiellement, un problème au tendon pousse Monaco à se rétracter. Selon la Gazzetta dello Sport, ce souci musculaire aurait en fait été un moyen pour le club de la Principauté de se retirer de négociations trop longues après un désaccord financier de dernière minute. Et voilà comment André s’en va. AC