Top 10 : L’oeuvre de Pape Diouf
Licenciement ou démission ? Peu importe, avec le départ de Pape Diouf, un monde s'écroule. Au cours de sa présidence, il n'a cessé de marteler qu'aucun homme n'était au-dessus du club. Force est de constater que son départ laisse déjà la quasi-totalité des supporters et des médias nostalgiques. Retour (objectif) sur les dix raisons qui en ont fait le meilleur président depuis François Mitterrand.
10 – Le recrutement de Ben Arfa. Ok, comme ça, ça peut paraître suspect. Mais il faut le remettre dans son contexte : Samir Nasri, une des perles nées en 1987 s’apprête à quitter l’OM. Pour le remplacer, Diouf vise dans la catégorie équivalente, prouvant son ambition. Il va alors subtiliser Hatem Ben Arfa à l’ennemi lyonnais. Jean-Michel Aulas s’en voudra tellement d’avoir accepté qu’il traînera tout le monde devant le tribunal de la Ligue, en vain. Nous sommes alors en juin 2008 et Laurent Blanc se dit qu’il n’a eu que le second choix en voyant débarquer Gourcuff au Haillan.
9 – La relation avec les supporters. Pour que tous arrivent à faire bloc derrière lui, c’est bien qu’il ne se soit pas trompé. Ou peu. Toujours à l’écoute, il leur a accordé toute sa considération. Parfaitement rompu à « l’esprit supporter » propre aux Tonini et Cataldo, il a toujours su jongler et rester un interlocuteur privilégié.
8 – Le remplacement de Gerets par Deschamps. Si Gerets est parti, est-ce parce que le Belge chouchou de la Ligue 1 faisait de l’ombre à son président ? Ou Gerets n’était-il pas tout simplement en bout de course à l’OM ? Le Lion de Rekem était-il devenu trop proche de ses ouailles ? En sortant Deschamps de son chapeau, Diouf montre qu’il n’était nullement nécessaire de se mettre à genoux pour amadouer qui que ce soit. Le club au-dessus des personnes, toujours.
7 – La constitution de l’effectif. En 2004, l’OM atteint la finale de la Coupe UEFA avec un seul joueur, Didier Drogba. Pour éviter que l’équipe ne se retrouve à la merci des envies de Chelsea ou du Real, Pape Diouf construit un groupe de bons éléments. A part Taye Taïwo, qui aurait sa place dans quasiment toutes les écuries européennes, l’Olympique de Marseille représente le point d’orgue pour la plupart des éléments du club. Cana ou Niang sont là depuis quatre ans. Mandanda, Cheyrou et Ziani ne demandent qu’à les imiter. Quoi de mieux pour s’identifier à l’équipe ?
6 – Le coup d’Eric Gerets. Lorsque l’OM est au fond du trou et de la Ligue 1 à l’automne 2007, Pape Diouf décide de faire appel aux services d’Eric Gerets. Un pari qui se transforme vite en tour de force. Premier match, première victoire à Liverpool. Un choix qu’aujourd’hui, plus personne ne prendrait le risque masochiste de critiquer…
5 – Les minots à Paris. Avec le temps, on oublie la portée de cet évènement. Car une équipe de CFA de cet acabit au Parc, ça devait logiquement en prendre six dans la musette. Alors en course pour la Ligue des Champions, avec des pros affamés de Clasico, Pape Diouf avait engagé sa responsabilité personnelle sur ce coup, et tenir sa parole aurait pu lui coûter cher. Seul survivant réserviste de cet exploit, Gary Bocaly.
4 – La gestion de l’après Fernandez. Encore une histoire qui aurait pu tourner au drame. En juin 2006, Jean Fernandez est choqué du comportement d’Anigo, et préfère aller doubler son salaire à Auxerre. Les mauvaises langues s’imaginent que Diouf va activer ses réseaux et mettre en place son ami Bruno Metsu. Rien de tout ça, on le répète, le club est au-dessus des personnes. Alors, va pour Albert Emon. Bien vu, l’OM passera de la cinquième à la deuxième place.
3 – La bienséance linguistique. Parodié à tout bout de champ, Pape Diouf se distingue facilement lorsqu’il s’adonne à ses joutes oratoires. Des phrases que le supporter lambda ne comprend pas toujours, mais qui ferment les bouches de ses amis lyonnais et parisiens. Allez, pour le plaisir, on se remet la dernière. C’était après le fameux match perdu contre Lyon, lorsqu’on lui demande s’il a l’impression d’avoir motivé les Lyonnais : « Si c’est le cas, c’est que j’ai vraiment un pouvoir extraordinaire. Si avec un mot, je suis arrivé à galvaniser les Lyonnais, alors il faut que Jean-Michel Aulas m’appelle lors de leur prochaine campagne européenne pour que je trouve les bons mots et que je leur permette de gagner -enfin- la Champions League » .
2 – La gestion du cas Ribéry. Le club est au-dessus des personnes, c’est clair ? En 2003, l’OM garde coûte que coûte Van Buyten pour le revendre à perte l’année suivante. L’année suivante, place au feuilleton Drogba. En 2006, Diouf est au pouvoir, bien décidé à remporter ses bras de fer : Ribéry peut faire le 20 heures, donner de fausses interviews, il ne partira pas. Un an après, le balafré devient le plus gros transfert de la Bundesliga et fête son départ, sur un tracteur certes, mais dans la bonne humeur.
1 – Le bilan sportif. Aucun trophée. C’est finalement le seul reproche que l’on puisse faire à Pape Diouf. Il est président depuis 2005. Dans ce laps de temps, le Paris-Saint-Germain, au hasard, a gagné une Coupe de France ainsi qu’une Coupe de la Ligue. Pourtant, l’ancien agent et journaliste a ramené l’OM dans la Top 5 puis sur le podium de la Ligue 1. Une performance en soi. Question : vaut-il mieux remporter cinq matchs avec des interviews d’après-match réalisées par Daniel Auclair ou s’imposer à Anfield et se qualifier trois saisons de suite pour la C1 ? Pour la majorité des fans, Pape Diouf mériterait un trophée de meilleur président. Le genre de reconnaissance que n’effleurera peut-être jamais RLD.
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