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Tomáš Souček, le monsieur Tout-le-monde tchèque
Pour la dernière journée du groupe D ce mardi (21h), avec en jeu la première place, la Tchéquie retrouve une équipe d’Angleterre qu’elle avait battue en éliminatoires. Pour Tomáš Souček, ce match aura une saveur particulière, puisqu'il a lieu à Londres, une ville dans laquelle le milieu de terrain de 26 ans s'épanouit depuis qu'il a rejoint West Ham il y a un an et demi. Portrait d'un homme qui va à l'entraînement en métro.
11 octobre 2019, septième journée des éliminatoires de l’Euro. Auteur d’un sans-faute jusqu’ici, l’Angleterre tombe à l’Eden Arena de Prague face à la Tchéquie. Dans l’entrejeu de la Národní tým, un jeune milieu de terrain du Slavia fait forte impression. Son nom ? Tomáš Souček. La bascule pour le nouveau porte-drapeau d’une sélection orpheline de Pavel Nedvěd, Milan Baroš et Tomáš Rosický et qui rejoindra justement la Premier League quelques mois plus tard avec un prêt à West Ham.
Un parcours loin d’être acquis pour celui qui fut prêté successivement au Viktoria Žižkov en deuxième division tchèque, puis au Slovan Liberec avant de se faire une place au Slavia Prague. « Il n’avait pas un bon jeu de passes et il n’était pas très élégant dans ses courses. Ce sont probablement les raisons pour lesquelles les coachs n’en voulaient pas », expliquait d’ailleurs Dušan Uhrin, son premier entraîneur dans la capitale tchèque, à la BBC. Mais depuis qu’il a débarqué dans le Royaume, changement de décor pour Souček. Le longiligne milieu de terrain (1,92m) facture treize buts depuis son arrivée au sein d’une équipe qui a validé son billet pour la prochaine Ligue Europa. Au point de s’attirer les comparaisons flatteuses de José Mourinho au soir d’un come-back fou face à Tottenham en début de saison (3-3). « David Moyes a trouvé en Souček son nouveau Fellaini », se laissait alors aller le Portugais, qui a eu le milieu belge sous ses ordres à United, tout comme Moyes avant lui.
Le normal one
Non content de se distinguer sur les pelouses, Souček cultive aussi sa singularité hors des terrains. Les voitures de luxe ? Très peu pour lui, le bonhomme préfère se rendre à l’entraînement en métro, la faute notamment à une belle frayeur pour sa première sortie motorisée à Londres. « Une fois en sortant du parking, il n’y avait personne autour, donc j’ai tourné tranquillement à droite avant de me rendre compte d’un coup que j’étais du mauvais côté de la route, racontait-il peu avant l’Euro au média tchèque iDNES. Je transpirais, mais je ne l’ai jamais refait depuis ! Je préfère prendre le métro. »
Recruté en janvier 2020 par les Hammers, le milieu de terrain ne peut jouer que quatre rencontres avant de voir le football s’interrompre brutalement pour cause de pandémie. Alors il décide d’aller garder la forme du côté du parc de Hackney Marshes en compagnie de sa femme et de sa fille, âgée d’à peine deux ans. « Nous sommes allés à Hackney Marshes, il y a 50 terrains là-bas. J’avais entendu parler de la tradition des matchs du dimanche, mais il n’y avait rien à cette période. J’ai pris un ballon et quelques plots, ma femme m’envoyait parfois le ballon et je profitais du moment avec elle et ma fille, souriait-il dans le Daily Mail en octobre dernier. Parfois, des gens me faisaient signe, mais il fallait rester à deux mètres les uns des autres, donc ils ne venaient pas me voir. C’était très amical, une expérience incroyable. » Un moment comme un autre dans la vie de Tomáš Souček.
Le Souček du détail
Comme il aime à se décrire, le géant se plaît dans ce rôle de monsieur Tout-le-monde. « Je suis heureux et je ne cesserai jamais de dire que je suis resté ce garçon tout à fait ordinaire de Brod », s’enthousiasme-t-il encore dans iDNES. Un discours sincère qui traduit une simplicité sans doute née d’un environnement favorable. Plus jeune, Tomáš était en effet le compagnon de route de sa maman Iva, joueuse de handball et coureuse de fond, qu’il suivait régulièrement à l’entraînement. Le modèle est établi, tout comme cette indéfectible passion pour le ballon rond qu’il continue de nourrir. Le truc de Souček ? Collectionner les maillots. « Ça dépend souvent du résultat du match, mais j’aime toujours récupérer le maillot d’un adversaire. Quand je jouais la Ligue des champions, j’ai croisé beaucoup de joueurs que j’avais en poster dans ma chambre ! À terme, je voudrais avoir un mini-musée dans la maison de mes parents. » Parmi les trésors récoltés, la tunique d’Olivier Giroud est une fierté. « C’est l’un de mes préférés. Nous avons joué contre Chelsea et j’ai eu l’occasion de le rencontrer après un test antidopage. »
L’aventure en Angleterre ressemble dès lors à un véritable conte de fée pour celui qui avait fait de la Premier League son objectif. Sous contrat au Slavia et malgré l’intérêt pressant de clubs russes ou italiens, le milieu de terrain est resté fidèle à la culture britannique. Il n’est donc pas étonnant de le voir prendre des cours d’anglais avant même de savoir qu’il rejoindrait West Ham.
L’image est belle, mais se fissure pourtant à quelques jours de l’Euro. Ondřej Kúdela, son coéquipier en sélection, est en effet accusé d’avoir proféré des insultes racistes à l’encontre de Glen Kamara, joueur des Rangers, en Ligue Europa. Échaudé par la situation, Tomáš réagit : « Les sanctions infligées à Ondřej sont absurdes. Je vois tous les jours à quel point les Britanniques sont sensibles au racisme. Ils ne sont pas d’accord avec nous simplement car nos cultures divergent. » Une sortie très problématique et non maîtrisée que le joueur s’est empressé de réfuter, évoquant « une interview sortie de son contexte ». Loin de la polémique, Tomáš Souček aura donc à cœur de poursuivre cet Euro de la meilleure des manières et décrocher, pourquoi pas, une place en huitièmes de finale. Une parenthèse enchantée avant de retrouver les joies du métro londonien.
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