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Timothé Cognat : « J’étais un peu con, comme tout le monde »

Propos recueillis par Eric Carpentier
Timothé Cognat : « J’étais un peu con, comme tout le monde »

Ancien espoir lyonnais, Timothé Cognat coule des jours heureux du côté de Genève. Le milieu de terrain a été une pièce-maîtresse de la remontée du Servette en Super League la saison passée et confirme, à 21 ans, au plus haut niveau suisse. Ce qui le pose donc à une certaine altitude. Entretien transfrontalier.

Comment ça se passe en Suisse ?Franchement, c’est cool. Genève est une belle ville, les gens sont accueillants, je suis bien dans le club… Vraiment super.

Genève n’étant pas très loin de Lyon, c’est une expatriation plutôt douce.À Genève, il y a énormément de transfrontaliers qui viennent travailler, donc ouais, tu te sens un peu comme à la maison. C’est un autre pays, mais avec une culture proche, vu que c’est à côté. Ce qui est bien, c’est que ma famille peut souvent venir voir mes matchs. Ça, c’est cool.

Toi aussi, tu fais partie de la cohorte des frontaliers ?La première année, oui. C’est beaucoup moins cher en France qu’en Suisse et les frontaliers ont les bons salaires, donc forcément, c’est intéressant. Bon, c’est vrai qu’on n’est pas très aimés, les frontaliers. Mais le problème, c’est surtout les bouchons. Ah ouais… C’est horrible. Tu mets une heure pour faire 15 kilomètres ! Je me levais tellement tôt pour venir à l’entraînement…

D’autant qu’en Suisse, on ne plaisante pas avec l’horloge.Ouais, laisse tomber, je préfère vivre à un endroit où je suis bien, à trois minutes du stade, quitte à payer un peu plus cher. C’est beaucoup plus simple. Je préfère aller en Suisse et être plus cool.

D’habitude, quand on demande à un expatrié ce qui lui manque de la France, il a le bon goût de parler fromages. Ça marche aussi pour la Suisse ?Non, ici, l’idée c’est plutôt d’en avoir moins, si possible. Il y a vraiment du fromage partout, ils vivent par le gruyère ! (Rires.) Après, c’est beaucoup de viande séchée. La viande des Grisons, la viande du Valais… Et sinon, il y a le gros chocolat. Il y en a pas mal ici ! Faut pas en manger en excès, rester raisonnable. Mais ça va, c’est pas interdit non plus !

Parlons terrain. Il ressemble à quoi, le championnat suisse ?Ce qui est vraiment bien en Suisse, c’est que tu rencontres plusieurs styles. On a des équipes de Suisse italienne, qui sont très bien placées défensivement. Les Suisses allemands, ça rentre dedans, il y a de l’intensité, du physique. Et en Suisse romande, la Suisse française, on a des équipes réputées pour être les équipes un peu techniques du championnat. Pour ça, le championnat est très bien pour les jeunes joueurs qui veulent tester un peu de tout et s’aguerrir. C’est limite trois championnats en un ! Après, c’est bête qu’il ne soit pas autant regardé en France. Il est plus suivi en Allemagne.

Comment es-tu passé, à l’été 2018, du centre de formation de l’OL au Servette de Genève, alors en D2 suisse ?Le recruteur du Servette, c’est Gérard Bonneau, un ancien grand recruteur de l’OL. C’est lui qui m’avait recruté quand j’étais jeune. C’est une personne qui a toujours cru en moi, toujours été là dans les moments difficiles. Je pense qu’il sait mes qualités, qu’il a vu que ma situation à Lyon ne me satisfaisait pas et qu’il fallait faire quelque chose pour m’aider. Il a été là au moment où il le fallait et je ne le remercierai jamais assez pour ça. C’est une des seules personnes qui a toujours cru en moi. Le club était OK, ça s’est fait naturellement.

Tu doutes, à ce moment-là ?Je ne doute pas de moi au moment où je viens au Servette, mais bien avant, quand je n’arrive pas à monter avec les pros. Là, j’ai eu ce moment de doute, comme tout joueur, quand on voit qu’on ne passe pas le palier. On commence à s’inquiéter. Mais en arrivant ici, j’ai tout de suite pris l’option comme une chance et j’ai su la saisir. Je pense que j’ai fait le meilleur choix possible pour ma carrière. Je joue beaucoup, on finit champions de Challenge League, on monte en Super League…

Est-ce que tu arrives à situer le grain de sable qui t’empêche de jouer un seul match avec les pros à Lyon, alors que tu étais considéré comme un grand espoir de l’académie ?À la base, je ne suis pas un joueur très physique. J’ai une grosse activité sur le terrain, je suis quelqu’un qui sait jouer dans les petits espaces, très bon techniquement. Mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé, un peu de repos sur mes acquis… J’aurais dû faire beaucoup mieux que ce que j’ai fait pendant mes deux dernières années de contrat à l’Olympique lyonnais. Ça m’a freiné dans ma lancée, alors que j’avais commencé à intégrer le groupe pro très jeune. C’est à ce moment-là, je pense, que j’ai arrêté de travailler autant que je le faisais avant. J’étais jeune, un peu con… Comme tout le monde, quoi !

À quoi ressemble ton plan de carrière idéal, désormais ?Euh… Ce serait déjà de pouvoir jouer le plus longtemps possible au foot en professionnel, et puis de garder le plaisir du début à la fin, que ce ne soit pas une contrainte de se lever le matin pour aller jouer. J’aimerais aussi aller dans un club avec une grosse ambiance, un stade rempli et des beaux objectifs. Après, je vis surtout au jour le jour, je veux avant tout garder le plaisir de jouer au foot.

Mais quand tu es gamin, tu as forcément des rêves ?C’est vrai qu’en étant jeune, avec les équipes de France, on est pas mal sollicité. Mais quand, quelques années après, tu tombes un peu de haut, là tu te rends compte que ça ne sert à rien de rêver, il faut surtout travailler au jour le jour. Je l’ai vraiment ressenti quand j’ai voulu partir dans un club moins huppé pour pouvoir percer, mais que le seul club qui me voulait, c’était un club de deuxième division qui ne pouvait pas payer ma clause. Là, ouais, je suis tombé de haut, j’ai très mal vécu cette situation. J’ai eu la chance que Lyon me fasse signer un contrat, puis que je puisse aller au Servette en prêt.

Et aujourd’hui, tu te retrouves titulaire dans une équipe qui se bat pour l’Europe.Sur le moment, je n’étais pas forcément très enthousiaste… Et puis j’ai pris du recul, j’ai analysé la situation, et j’ai compris qu’il fallait que j’aille à un endroit où j’allais pouvoir jouer beaucoup. Je suis fier de mon choix et je pousserais d’autres joueurs à le faire, parce que ça peut faire énormément de bien.

Ce soir, les Espoirs suisses accueillent les Bleuets à Neuchâtel. Quel regard portes-tu sur la formation suisse ?Il n’y a pas vraiment de gros centre de performance, mais ça commence à bien se structurer. Au Servette par exemple, il y a une belle formation, c’est même ce qui a un peu sauvé le club dans les moments critiques. L’année dernière, il y avait un contingent de 3-4 joueurs de la génération 2000 à fort potentiel, des joueurs très bien vus dans le championnat. Mais ils sont encore jeunes, ils ont besoin de progresser.

Quels joueurs faut-il suivre dans la Nati U21 ?Je ne les connais pas tous, loin de là ! Mais je pense à Cédric Zesiger, des Young Boys de Berne, un défenseur typiquement suisse-allemand, rugueux, qui aime aller au duel. Ou à Anthony Racioppi, le troisième gardien de Lyon. Mais vraiment, je ne connais pas tous les noms.

Au fait, tu as un club de cœur ?Pas spécialement, non. J’aurai toujours du respect pour Lyon, parce que c’est le club qui m’a fait grandir. Mais ce n’est pas un club que je regarde ou que j’admire particulièrement. J’adore voir jouer Liverpool ou Manchester City, plutôt pour leurs styles de jeu marqués, avec Liverpool qui joue énormément en contre-attaques et City qui pose le ballon, qui a révolutionné le foot anglais. Voilà, ce qui m’intéresse, c’est plus une philosophie de jeu.

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