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Thébaux : «Finir 17e me conviendrait»
Alexis Thébaux vient d'encaisser le but le plus invraisemblable de la saison, en laissant filer un penalty de Sissoko pourtant dirigé vers ses jambes, parce qu'il n'avait pas entendu le sifflet de l'arbitre. Retour sur la polémique de cette 32e journée avec le gardien du Stade Malherbe.
Bon, tu t’es remis de l’agitation engendrée par la polémique du match de dimanche ?
Ouais, on est passés à autre chose. Il faut avancer…
Comment l’équipe vit-elle cette nouvelle contre-performance, et ce nul concédé à domicile face à Toulouse, alors que la victoire semblait impérative en vue du maintien ?
C’est sûr que la victoire était à notre portée, vu la physionomie du match. Nous n’avons pas fait un grand match, mais Toulouse non plus. Et puis il y a ce penalty qui nous reste en travers de la gorge, sans lequel tout aurait été différent. Mais comme je l’ai dit, il faut passer à autre chose, et très vite se reconcentrer. Il y a des matches importants qui arrivent dans l’optique du maintien. On sait très bien que deux ou trois matches sont à notre portée…
Comment expliquer que le Stade Malherbe ait autant de mal à tenir un score cette saison (ndlr : c’est la onzième fois que Caen concède un but égalisateur) ?
Je crois qu’on manque un peu de maturité. Nous avons un groupe très jeune, qui manque d’expérience au plus haut niveau. Cela n’aide pas quand il s’agit de garder son sang-froid ou de maîtriser les choses jusqu’à la dernière minute.
On va quand même revenir sur ce fameux penalty… Tu avais l’air furieux à la fin de la rencontre…
Ouais… Déjà, on en a pas mal parlé à la mi-temps entre nous, on était très énervés, sous le choc. Fous de rage, même. Il nous a été un peu difficile de garder notre sang-froid. Pourtant, il fallait rester concentrés pour la seconde période. Bon, on a su garder le score, c’était vraiment le minimum…
L’arbitre aurait dû faire retirer le penalty immédiatement, selon toi ?
Alors, il y a plusieurs choses. Premièrement, l’arbitre était très mal placé. On peut le voir au ralenti : il est sur la même ligne que le tireur, Sissoko, et il n’a rien à faire là. Deuxièmement, peu de joueurs ont entendu le coup de sifflet. Moi, en tout cas, je ne l’ai pas entendu. D’ailleurs, même Sissoko ne l’a pas entendu,* parce qu’il a regardé vers l’arbitre pour être sûr qu’il pouvait tirer. Troisièmement, il est en train de demander aux joueurs de ne pas pénétrer dans la surface au moment du tir, il ne regarde ni le tireur, ni moi. Et quatrièmement, quand l’arbitre voit Sissoko commencer sa course d’élan, il lui fait un signe et lui dit clairement de s’arrêter. Je n’ai pas imaginé un seul instant qu’il validerait le but…
Mais pourquoi ne pas avoir arrêté le tir de Sissoko, juste au cas où, alors qu’il était pourtant sur toi, au lieu d’éviter le ballon ?
Alors ça c’est une bonne question… (rires) Bah je ne sais pas, franchement. Il aurait tiré sur un côté, je n’aurais pas plongé non plus. Au moment où je vois Sissoko tirer, l’arbitre est encore en train de lui demander de s’arrêter. C’était inimaginable, pour moi, qu’il ne le fasse pas retirer.
Tu comprends qu’on puisse penser qu’il y a un peu de naïveté, dans le fait d’encaisser un tel but ?
Eh bien, c’est surtout dans la façon dont on concède le penalty qu’on fait preuve de naïveté. C’est là qu’on manque d’expérience, de vécu. Après, le penalty qui fait polémique, je ne sais pas si c’est dû à de la naïveté ou non. Mais je crois que si la même situation était survenue avec une grande équipe, il aurait fait retirer le penalty.
Tu penses que la réserve technique déposée par le Stade Malherbe a une chance d’aboutir ?
Non, je n’ai pas beaucoup d’espoir que ça mène à quoi que ce soit. Généralement, ça ne change rien, en tout cas. Aujourd’hui, on considère que le match nul est entériné. Et on est déjà tournés vers le match à Nice. Et puis toute cette histoire autour du penalty va vite se tasser…
On n’a pratiquement vu aucune occasion en seconde période… La polémique autour du penalty a tué le match selon toi ?
Certainement, oui. Pour nous, les joueurs, d’abord… Mais aussi pour les supporters, qui ne comprenaient rien à ce qu’il se passait sur le terrain, et qui ont de quoi être déçus de l’ensemble de la rencontre. De toute façon, c’était un match bizarre, et le penalty y est pour beaucoup. Mais bon, il faut passer à autre chose…
Lors des six derniers matches, Caen va devoir affronter Rennes, Lyon ou Marseille… Le maintien est-il encore possible ?
Ah bah oui ! On n’est pas morts, c’est une évidence. Nous n’avons que deux points de retard sur le premier non-relégable. Et puis je crois savoir que Nice, Monaco ou Nancy n’ont pas des calendriers beaucoup plus faciles que le nôtre. Il y aura des confrontations directes entre les autres clubs en difficulté, à nous d’en profiter pour nous envoler. Et puis on peut faire des bons coups contre les grosses équipes, qui nous réussissent plutôt bien. On garde espoir. La roue tourne, et j’espère qu’elle tournera vite en notre faveur…
Il reste cette perspective inquiétante d’un remake de la saison 2008-2009, et d’un match final décisif pour le maintien contre Marseille, en course vers le titre (ndlr : il y a deux ans, Caen était descendu après une défaite à domicile face à Bordeaux, qui s’adjugeait ainsi le titre)…
On verra bien. J’avoue que ce ne serait pas le scénario idéal d’affronter une équipe qui joue le titre. Mais s’il faut jouer un tel match, on le jouera pour le gagner.
Cette saison en Ligue 1 est la première pour toi au poste de gardien titulaire… Quel regard portes-tu sur tes performances ?
Je crois qu’elles sont plutôt bonnes. Je suis plutôt régulier et assez performant. Bon, j’ai bien sûr fait quelques erreurs, mais cela me permet de grandir, car je suis encore un jeune gardien, qui apprend le métier, et je sais qu’il faut accepter les erreurs pour avancer. En toute humilité, je pense faire une bonne saison, voire très bonne.
Un pronostic sur le classement final du SMC au terme de la saison ?
17e, ça me conviendrait parfaitement. Non, en fait, tu veux que je te dise ? En vrai, je m’en fous complètement de notre place finale, du moment qu’on ne descend pas.
Propos recueillis par Julien Mahieu
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