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Survivre à un week-end de néant footballistique, mode d’emploi

Par Adrien Candau et Andrea Chazy
5 minutes
Survivre à un week-end de néant footballistique, mode d’emploi

Le foot, c’était bien. Avant que l’Europe ne se transforme en quasi dystopie sanitaire, où même les êtres humains les plus décents pourraient bientôt se battre au supermarché, pour un vulgaire rouleau de PQ. Ok, mais en attendant la fin du monde, il faut bien trouver de quoi s’occuper, et ce, sans pouvoir admirer des types qui jouent du crochet extérieur à la télévision. Mission complexe, mais pas impossible.

Samedi midi. Vous vous réveillez après un vendredi soir agité. Téméraire, vous êtes sorti, malgré les injonctions au confinement de votre président. Sans savoir comment, vous vous êtes retrouvé dans un bar miteux, dont la sono crachait des trucs qui ressemblaient vaguement à de l’électro kosovare des années 1990. Aucun autre souvenir, alors qu’une intense douleur joue du marteau-piqueur à la base arrière de votre crâne. Dans ces moments-là, rien à faire, sinon lézarder devant la TV, de préférence en enchaînant les matchs de football. C’est là que votre cauchemar cathodique débute : rien, absolument rien ou presque, ne pourra égayer votre journée. Le coronavirus a contaminé une bonne partie du football européen. La fin de la foire ? Non, si vous déployez un minimum d’inventivité footballistique.


Samedi 14 mars

13h: Votre coloc’, fan de brit-pop, a décidé de faire le ménage en chantonnant Song 2 de Blur. Trop fatigué pour lui en coller une, vous apercevez ce DVD poussiéreux d’Olive et Tom qui traîne sur votre commode. Vous vous rendormez.

13h50: Après avoir pressé une orange et avalé de quoi tenir pour la journée, vous enfilez votre maillot rétro du Napoli « Buitoni ». Vous consultez ensuite votre smartphone, et surprise : vous n’avez pas la moindre notification. Direction le canapé. Vous vous lancez alors le replay de PSG-Dortmund en prenant un shot à chaque touche de balle de Neymar. Vous commencez à voir flou à 14h02.

15h: Pas d’Auxerre-Lens, l’affiche tendance rétro de la Ligue 2. C’est nul, mais vous pouvez toujours foncer au grenier et retrouver le CD-ROM de Guy Roux Football Manager Pro pour tuer le temps.

15h30: Borussia Dortmund-Schalke. Un stade plein, des Allemands, des bières en temps normal. Du vide ce samedi. Pour sécher vos larmes, vous vous arrosez le gosier, en décapsulant une Bitburger.

17h30: Montpellier-Marseille est passé aux oubliettes. L’occasion de se repasser un classique, ce fameux Montpellier-OM du 22 août 1998, qui avait vu les Olympiens l’emporter 5-4, après avoir été menés de 4 pions. Une époque bénie, où on pouvait encore porter un serre-tête pour jouer au foot.

18h30: Union Berlin-Bayern Munich est tombé à l’eau. Vous commencez à insulter vos proches en allemand, avant de vous rappeler que nos chers responsables politiques font appel « à notre solidarité collective » en ces temps difficiles. Honteux, vous décidez de donner un peu de vos économies à la fondation de Neven Subotić (qui joue désormais à l’Union Berlin), un organisme qui creuse des puits à destination des populations défavorisées en Éthiopie. Paix et prospérité sur terre.

20h: Pas de Nantes-Nîmes, d’Amiens-Angers, de Toulouse-Metz, de Brest-Lille et de Strasbourg-Dijon. Bizarrement, l’absence de football ne vous dérange subitement pas plus que ça.

21h30: Vous êtes privé de Vitória Guimarães-Sporting, un match que vous aviez prévu de regarder avec ce pote lusophone qui vous saoule depuis trois ans avec Bruno Fernandes. Tant pis, c’est la fin de la journée, et, affalé face à votre ordi, vous constatez avec horreur que vous végétez depuis précisément 42 minutes devant des compilations Youtube des plus beaux dribbles et extérieurs du pied de Ricardo Quaresma. Celles avec des instrumentales technos inaudibles, qui feraient passer David Guetta pour un musicien subversif.

Dimanche 15 mars

12h12: Le dîner chez vos beaux-parents a laissé des traces. Notamment le plat familial à base de viande, crème et champignons, qui vous donne l’impression d’avoir partagé un moment gastronomique avec Antonio Cassano, du temps de sa période Real Madrid. Pour ne rien arranger, le traditionnel match de Serie A de 12h30 manque à l’appel. Vous vous rabattez donc sur un bon streaming des familles, pour tenter de mater du foot, coûte que coûte. Ça tombe bien : FK Sotchi-Krasnodar débute dans un gros quart d’heure. Un peu de ballon rond et d’Adil Rami, c’est pas beau ça ?

15h: Bordeaux-Rennes à la trappe. Pour tenir, il faut se replonger à l’époque où cette rencontre avait des airs de « Gourcuffico » . Et dans ce match-là :

17h30: Le choc Tottenham-Manchester United est parti en fumée. Tout le monde vous dit que José Mourinho est devenu excessivement ringard, mais vous, vous vous en foutez. Vous savez que ça vaut toujours le coup de l’écouter expliquer comment son Inter a rétréci le Barça de Guardiola, un beau soir d’avril 2010 :

18h: Plus d’Inter-Sassuolo au programme. En désespoir de cause, vous rebranchez donc votre Play 2, sortez PES 6 de votre ludothèque et débutez une Serie A avec les Nerazzurri. Conclusion ? Marquer quatre buts par match après avoir traversé la moitié du terrain avec Obafemi Martins n’a toujours aucun sens. Mais reste bizarrement l’un des plus grands plaisirs de votre existence.

18h30: Athletic Bilbao-Atlético de Madrid n’aura donc pas lieu. Les célébrations couillues de Diego Simeone non plus. Comme vous êtes d’humeur grivoise, vous vous décidez à admirer une fois de plus « l’ olive » que Gonzalo Jara a infligé à Edinson Cavani, lors de la Copa América 2015. Parfait en guise de pré-apéro.

Vidéo

20h45: Roma-Sampdoria, c’est niet. Heureusement, il vous reste le fabuleux Monopoly AS Roma pour égayer votre soirée. Un jeu de plateau où vous pourrez acheter des équipes de la Roma, tirez des cartes « Roma Store » , ou encore payer avec des billets estampillés du symbole de la Roma. Une épopée capitalistique déconseillée aux moins de 8 ans et aux tifosi de la Lazio.

21h02 : Alors que vous tombez sur la case prison, qui représente Juan Sébastian Veron et Fernando Couto derrière les barreaux, vous regardez sans savoir pourquoi si le coup d’envoi de PSG-Nice a miraculeusement été donné. Raté. Mais, coup de bol : vous faites un double six, et brûlez un maillot biancoceleste par la même occasion.

23h30 : Cela fait déjà 30 minutes que vous avez perdu. Une illumination vous vient : et si c’était le moment de se mettre un bon vieux Goal !, comme quand vous étiez ado, pour revoir Santiago Muñez illuminer St James’ Park ? Une madeleine de Proust douteuse, mais efficace, qui vous évite de penser à votre prochain week-end sans fun et sans foot, avant d’aller au lit.

Dans cet article :
Un derby, deux grands corps malades
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Par Adrien Candau et Andrea Chazy

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