- C1 – 8è – Schalke / Valence
Schalke, que du bonus
Après son match nul 1-1 sur la pelouse de Valence, Schalke est ce soir en mesure de se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des Champions. Pourtant, jamais le club de Gelsenkirchen ainsi que Felix Magath n'auront été aussi critiqués que cette saison. Bienvenue dans le « Schalker Paradox ».
Felix Magath a une conjonctivite? Pas de stress, il gère ça à la cool, avec petites lunettes de soleil sur le banc, samedi dernier face au VfB Stuttgart. Benedikt Höwedes se fait expulser au bout de dix minutes de jeu face à Stuttgart? Ce n’est pas un problème: Magath laisse son équipe comme elle est, puis fait rentrer trois nouveaux joueurs en début de seconde mi-temps. A la cool, quoi. Après tout, le championnat, c’est râpé. Schalke occupe une modeste 10ème place avec 30 petits points (soit moitié moins que le rival Dortmund), et se trouve à 12 longueurs des places européennes. Certes, dans le bas de classement, ça commence à s’agiter, les premiers relégables (Stuttgart et Kaiserslautern) sont à cinq points, mais pour les Königsblauen, il faudra prendre une dizaine de points en neuf matchs, ce qui n’est pas irréalisable. De plus, le club est qualifié pour la finale de la Coupe d’Allemagne, qu’il disputera face au MSV Duisburg, club de l’étage inférieur. Autant dire que Schalke est donné largement favori. Donc se qualifier pour l’Europe, ce n’est pas un problème pour Magath, a priori. Alors autant profiter à fond de ce qui se présente là, maintenant, tout de suite. Et ce qu’il y a là, maintenant, tout de suite, c’est une bande de chauve-souris arrivée tout droit de Valence et qui tient tout autant que Schalke à faire quelque chose en Europe, pour ne pas passer le reste de la saison à jouer les seconds rôles en championnat.
Quarts de finaliste de Ligue des Champions et probable vainqueur de la Coupe d’Allemagne: ce soir, le « Effe Tsé Schalke Null Vier » (comme on prononce en allemand) a le moyen de réaliser sa meilleure saison depuis bien longtemps (parce que collectionner les deuxièmes places en 1.Bundesliga et se faire sortir en phases de poules en LDC, bon…), tout en ayant été horrible cette saison. C’est Manuel Neuer qui l’avait d’ailleurs le mieux résumé, il y a deux semaines de cela: « Nous ne sommes pas un groupe, nous n’avons même pas de plan » . La faute à Magath? Peut-être. Mais c’est aussi grâce à Magath que Schalke a réussi de beaux coups cette saison, que ce soit en Ligue des Champions (face à Lyon, par exemple, victoire 3-0) ou encore tout récemment en Coupe d’Allemagne, victoire 1-0 sur la pelouse du Bayern Munich. Si beaucoup estiment que Magath n’a rien compris au concept et aux valeurs du club de Schalke, on ne peut lui enlever le fait qu’il sait motiver les joueurs quand il le faut. Les supporters de Gelsenkirchen aimeraient bien voir ça plus souvent, en fait. Mais pas sûr que Magath reste au club; il est des rumeurs qui disent que le fils de G.I. devrait faire ses valises à la fin de la saison. Problème: l’indemnité de licenciement s’élèverait à 5,4 millions d’euros, soit l’intégralité de l’année de contrat qu’il lui restera à partir de juin prochain. Au vu de ses finances catastrophiques, Schalke ne peut se permettre de lâcher Magath que si le club se fait de l’argent en coupe nationale et en Europe. Paradoxe: si le club y arrive, ce sera grâce à Magath.
Derrière ses lunettes de soleil, Herr Felix rigole doucement. Viré, pas viré, lui, ce qu’il l’intéresse, à l’heure actuelle, c’est d’aplatir Valence. Rien d’autre. S’il pouvait éliminer les Che et tracer sa route en C1, les fans pourraient peut-être lui pardonner son côté un peu trop cool. Des supporters qui se prennent déjà à rêver d’un quart face au Real, entre Raul le madrilène et Ozil, l’enfant du coin…
Ali Farhat
Par