S.Sessegnon : le syndrome Ribéry-Gignac ?
Un carton rouge un peu idiot contre Monaco et voilà la PSG battu pour la première fois de la saison (2-0) et privé prochainement de son meneur, forcément suspendu. La tuile. Son expulsion d'hier soir n'est pas vraiment tout à fait un hasard. Gros plan sur un crack en puissance qui peine à donner au PSG toute la mesure d'un talent qu'on devine pourtant immense...
Avant le match contre Monaco, Stéphane Sessegnon confessait dans le Parisien qu’il devait apprendre à se discipliner et à calmer un peu son impétuosité. Patatras ! Le soir même, au Stade Louis II, il s’est pris un rouge à la 90ème… Attention : Stéphane n’est pas méchant. Il avait pris un jaune pour contestation (stupide) auprès de l’arbitre à la 65ème puis ce fameux rouge pour une semelle sur Adriano, mais sans intention de blesser. Il faut dire que Steph avait pas mal goûté aux tacles rugueux des Monégasques, qui savaient qu’en l’asticotant, ils diminuaient les menaces de danger du PSG. Et voilà Paris privé pour le proche avenir de ses deux leaders d’attaque, Erding (blessé) et Sessegnon (suspendu). Alors, c’est quoi le problème de Sessegnon ? Beaucoup de choses, en fait…
Attiré par l’axe
Son positionnement tactique, d’abord. On rappelle que la saison passée, il jouait en milieu droit. Depuis le début de la saison, il dépanne dans le couloir gauche, à la place de Rothen, maintenant parti aux Rangers. Pas trop sa tasse de thé, à Steph : « Ce n’est pas évident, car je ne sais pas centrer du pied gauche. A moi de trouver les solutions pour prendre du plaisir à ce poste. Le coach sait que j’aime évoluer derrière les deux attaquants, mais c’est lui qui décide… Le plus important, c’est d’aider l’équipe. Pour l’instant, ce système nous fait gagner, il n’y a aucune raison d’en changer » . Ben, voilà ! Depuis Monaco, le système ne fait plus gagner. Et rapporté à Sessegnon, faudrait peut-être en changer. On se rappelle qu’à Valenciennes, par exemple, Steph était cloué à gauche en position quasi arrêtée à devoir attendre le ballon et effectuer un gros travail défensif pour bloquer son couloir : du gâchis. Du coup, contre Monaco, il a peu désobéi, s’est pas mal recentré dans l’axe et par moments, il s’est baladé à droite. Pour un rendement intéressant dans la construction et vers l’avant. Problème : les deux buts monégasques sont venus initialement de son couloir gauche, d’où les Rouge et Blanc sont partis pour marquer… La responsabilité de Steph est donc partiellement engagée. D’où sa frustration et sa culpabilisation sur son carton rouge ? Sûrement. Il y a donc urgence : on ne voit pas Stéphane galérer encore des semaines excentré à gauche. « Le coach sait que j’aime évoluer derrière les deux attaquants… » . Antoine, si tu nous écoutes…
Évoquer le cas Sessegnon, c’est aussi parler de son rapport originel ambivalent avec le PSG. Oui, Sessegnon est fait pour le PSG. Oui, toutes proportions gardées, Sessegnon a tout pour devenir le nouveau Ronaldhino, le nouveau Okocha, voire le nouveau Susic : un technicien classieux et insaisissable qui enflamme le Parc sur une roulette avant de bazarder un missile sous la barre… Oui, mais pour cela, il faut aujourd’hui, comme pour les artistes cités avant, un bail assez long de plusieurs saisons pour parfaire sa bonne entente avec le reste de l’équipe et surtout progresser individuellement. Parce que Steph n’est pas encore “fini”. Bien qu’encore jeune (25 ans), il doit épurer son jeu, encore trop brouillon, et se positionner dans un rôle bien fixé. En meneur de jeu axial ou un peu excentré à droite, derrière deux attaquants ? Why not : à Kombouaré d’agir dans ce sens. Et puis surtout, il y a eu quasiment dès son arrivée au PSG, à l’été 2008, le parasitage made in Angleterre qui a toujours plus ou moins “troublé” notre génial Béninois. Ça a commencé dès septembre 2008 avec l’intérêt presque féroce de Chelsea. Outre Chelsea, l’Inter Milan et le FC Séville étaient venus au Parc des Princes pour le superviser de près… Le truc qui rend dingo : comment dire non aux Blues ? Steph se voyait partir mais le club a noyé l’affaire. Depuis cette drague de Chelsea, Steph a toujours été forcément perturbé même si loyauté envers Paris a été entière : il a été l’un des artisans du renouveau parisien de la saison dernière.
A l’étroit en L1 ?
Et ensuite ? Et ensuite la drague des Anglais s’est poursuivie. Jusqu’à aujourd’hui : 20 millions d’euros proposés par Everton en août. Moyes veut absolument Stéphane. Et ce n’est pas tout. D’autres clubs l’ont pisté : Manchester City, Liverpool, Arsenal et l’Inter Milan (un recruteur milanais était à la Mosson, à Montpellier-PSG)… Voilà. Le 7 juillet dernier, Steph a bien prolongé d’un an (jusqu’en juin 2013, avec réévaluation de salaire !) mais au club, on sait que le stratège africain joue probablement sa dernière saison à Paris. Pire : il pourrait partir dès cet hiver, au mercato. De toute façon, comme c’est bien engagé pour le Bénin, a priori qualifié pour jouer la CAN 2010 en Angola, le PSG devra se passer de lui pendant deux à trois semaines. Cette absence va-t-elle accélérer son départ ? Mystère… En attendant, le PSG garde toujours un œil sur un jeune milieu brésilien gaucher et explosif, Madson (23 ans, du Santos FC), initialement approché pour remplacer Rothen.
Enfin, Paris ne joue pas l’Europe cette année. Une frustration supplémentaire de poids ouvertement confessée par l’ambitieux Sessegnon. Même s’il ne triche pas, en ce début de saison Steph traîne toujours son blues (sans jeu de mot). Un peu comme Gignac et surtout Ribéry, deux types eux aussi super ambitieux, un peu “à l’étroit” au TFC et à Munich, et objectivement très perturbés par leur transfert raté de cet été. Gignac rêvait très fort à l’OL et Francky se voyait au Real. Ça ne s’est pas fait, ni pour l’un pour l’autre, d’où leur début de saison mitigé à Toulouse et au Bayern. André-Pierre et Francky se sont fait une raison et repiquent au jeu dans leur club respectif. Est-ce aussi le cas de Stéphane Sessegnon, l’Ecureuil béninois, pieds ici mais tête ailleurs ?
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