Comment expliquez-vous le grand moment vécu par le football colombien ?
C’est une combinaison de divers facteurs, mais le mérite en revient avant tout à ces joueurs qui triomphent à l’étranger, dont la mentalité est de progresser constamment. Il s’agit d’une génération admirable, qui a terminé sa formation au sein de clubs étrangers, mais défend vraiment le maillot de la sélection avec le cœur. Le joueur colombien est plus ambitieux aujourd’hui, il veut progresser constamment et est conscient de la nécessité d’une internationalisation de sa carrière.
La politique de formation n’a donc absolument pas évolué ?
Pas d’un point de vue global, même si au sein des clubs, on a tout de même pris conscience de l’intérêt économique que représente la formation de joueurs. Les entraîneurs, le staff technique sont mieux préparés, on travaille de manière plus complète. Les clubs investissent dans la formation, car ils se sont rendu compte que de sortir régulièrement de bons joueurs permet de consolider leurs finances.
Existe-t-il une relève pour cette génération dorée ?
On travaille pour cela. On ne veut plus passer seize ans à l’écart de la Coupe du monde. Falcao, Rodriguez, Cuadrado sont des exemples qui doivent inspirer mes jeunes, pour que la Colombie ne vive plus une telle traversée du désert. Reste que notre réalité interne n’est pas aussi brillante que pourrait le laisser penser la réussite de ces joueurs. Le niveau de notre championnat est encore trop faible, on doit simplement continuer à travailler.
Pourquoi le footballeur colombien est-il aujourd’hui si prisé par les recruteurs européens ?
Je crois que la grande qualité du footballeur colombien reste la technique. C’est ce qui attire l’attention des recruteurs. Au plan mental, on a aussi progressé, mais ça reste une de nos faiblesses. La Coupe du monde va permettre de voir à quel point on a progressé. On ne doit pas faire les même erreurs que par le passé. Après la qualification, il faut atterrir, et se rendre compte que le Mondial sera d’une toute autre exigence.
En quoi la Colombie a évolué depuis l’arrivée de Pékerman ?
Je crois justement que Pékerman a effectué un grand travail mental avec son staff pour que nos joueurs aient confiance en eux. Il a donné des certitudes au groupe pour qu’il s’exprime de manière idéale et les joueurs se sont rapidement libérés sous ses ordres. Offensivement, le jeu de la Colombie est riche en alternatives. Il faut rendre hommage à Pékerman pour cela.
La blessure de Falcao ne va-t-elle pas toutefois sévèrement rabaisser les ambitions de la Colombie ?
Évidemment, sa blessure complique la tâche de la Colombie, car José Pékerman a édifié son équipe en comptant sur Falcao, mais je suis certain qu’on a les attaquants pour pallier un éventuel forfait. On a de grand buteurs, même s’il faut aussi prendre en compte le facteur psychologique : comment le groupe va réagir à la perte d’un référent comme Falcao ?
Personnellement, envisagez-vous que Falcao puisse être rétabli pour la Coupe du monde ?
C’est un thème médical, mais aussi émotionnel : au Brésil, Falcao jouerait son premier Mondial. Son immense envie de le disputer est évidente, mais il faut qu’il se montre patient. La priorité doit être la poursuite dans de bonnes conditions de sa carrière. Ses précédentes blessures ont été bien gérées, et cette fois encore il ne doit pas se précipiter, même si nous souhaitons tous qu’il joue le Mondial.
À Monaco, Falcao évolue aux côtés de James Rodríguez. Pour vous, quel est le plafond de ce joueur ?
C’est un jeune qui réunit toutes les qualités : sa technique est excellente, sa frappe de balle est puissante, il brille sur coups de pied arrêtés, et c’est aussi un joueur qui sait combiner avec ces coéquipiers. Il progresse chaque année. Aujourd’hui, à 22 ans, c’est une référent de la sélection
Il existe un débat à propos de son placement idéal : dans l’axe ou sur un côté ? Dans quel camp vous placez-vous ?
Moi, j’aime le voir jouer dans l’axe derrière l’avant-centre, car c’est un milieu qui marque des buts, qui peut frapper à mi-distance, et qui excelle dans l’art de la passe décisive. Je ne vais pas juger comment le fait jouer Ranieri, car tout dépend de l’équilibre de l’équipe, avec quel coéquipier il joue, mais j’aime vraiment le voir dans l’axe. Pour moi, c’est ainsi qu’une équipe profite au maximum des qualités de James.
Léon, tueur à gages