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  • Interview Anthony Fernandes

« Quitte à prendre une leçon de football, autant que ce soit par Ben Arfa »

Propos recueillis par Alexandre Aflalo
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Quitte à prendre une leçon de football, autant que ce soit par Ben Arfa<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Invité sur le plateau du Vestiaire sur RMC le 18 novembre, Marvin Martin ouvrait la boîte à souvenirs. Dans le bazar, il pioche un tournoi de foot en salle disputé avec Hatem Ben Arfa sous les couleurs de Montrouge : « À un moment donné, il arrive devant le gardien, il dribble le gardien, et au lieu de marquer il revient pour re-dribbler le défenseur et le gardien... il s’amusait, en fait. » Le défenseur en question s’appelle Anthony Fernandes. Et il raconte.

Tu te souviens de ce tournoi de foot en salle à Montrouge ?Bien sûr. C’était… il y a une bonne vingtaine d’années, je dirais, vers 1997 ou 1998. À l’époque, j’étais défenseur à l’US Ivry. On était des gamins, tout petits, tout secs. On était invités à ce tournoi parce qu’on venait de gagner la Coupe du Val-de-Marne, on n’avait pas l’habitude de la défaite, donc on ne s’imagine vraiment pas perdre. Sans mentir, ce tournoi, c’est la première fois qu’on s’est vraiment fait surclasser. On a pris une rouste, et c’était contre le Montrouge de Ben Arfa. On a dû en prendre 2 ou 3 rapidement, puis ça a dû finir à 3 ou 4-0.

Tu savais que c’était Ben Arfa ?

J’en ai aussi parlé avec un de mes potes, avec qui j’avais évoqué ce tournoi il y a quelque temps, en se rappelant nos souvenirs. Quand je lui ai annoncé que c’était Ben Arfa, il a explosé de rire.

Pas du tout ! Je l’ai appris en regardant l’émission. Un jour, je me suis dit que j’allais regarder un replay sur RMC. Ce n’était même pas cette émission que je voulais regarder à la base, je voulais voir celle avec l’agent de Rongier. Finalement j’ai regardé celle avec Marvin Martin. Et là il commence à parler de Montrouge, du gardien, du défenseur qui se fait dribbler… et là je réalise, le mec qui m’avait dribblé, c’était Ben Arfa ! En voyant ça, j’ai mis pause. Je me suis dit : « Mais nan… » J’ai appelé mon père immédiatement pour lui dire. Il m’a répondu : « Le petit phénomène qui t’a fait la leçon, c’était Ben Arfa ? Et bah je comprends mieux ! » (Rires.) Même lui, ça l’avait marqué. J’en ai aussi parlé avec un de mes potes, avec qui j’avais évoqué ce tournoi il y a quelque temps, en se rappelant nos souvenirs. Quand je lui ai annoncé que c’était Ben Arfa, il a explosé de rire.

Quelle image tu gardes de lui ?Il était trop fort. On avait l’habitude d’affronter des « prézus » , des costauds, mais lui non. C’était un petit gabarit. Je me souviens de sa dégaine avec leur maillot jaune et bleu, sa touffe de cheveux, une sorte de brushing inversé sans gel. Puis tu vois leur premier match, et là… le type, c’était Captain Tsubasa. La balle ne quittait pas son pied de plus de 20 centimètres. On avait tout tenté sur ce match-là. On avait de très bons défenseurs, on s’était mis au marquage à deux sur lui… mais tu lui laissais un trou de souris, il rentrait dedans. On n’arrivait pas à l’arrêter. On essayait d’aller au contact, mais ça allait trop vite. T’avais même pas le temps de lui mettre des coups ! On ne faisait pas le même sport, et pourtant j’avais un bon niveau. Puis sincèrement, tu voyais que ce n’était pas un mauvais gars. Y a des gens qui dribblent pour charrier, qui vont te toiser, se moquer de toi. Lui, c’était son jeu, il était comme ça. Il ne vivait que pour le football.

Est-ce que ce but de Hatem Ben Arfa s’est vraiment passé comme le raconte Marvin Martin ?

Sur le chemin du retour avec mon père, on était rentrés en voiture… on ne s’est pas parlé. On n’avait pas compris ce qu’il s’était passé.

Ça s’est passé exactement comme ça. Il est un peu excentré sur la droite, il dribble le gardien, j’arrive pour intervenir, il me fait un crochet. Moi, je continue ma course dans les cages, le gardien revient, il le dribble et il marque. T’entendais les gens dans les tribunes qui applaudissaient, qui chambraient… D’ailleurs, ça m’avait marqué : c’est la première fois que je jouais un tournoi avec des tribunes aussi pleines. Sur le chemin du retour avec mon père, on était rentrés en voiture… on ne s’est pas parlé. On n’avait pas compris ce qu’il s’était passé.

Est-ce que c’est le joueur que tu as affronté qui t’a le plus marqué ?Même pas. Celui qui m’a le plus mis la fièvre, qui m’avait le plus traumatisé, c’était Jérémy Ménez. Je l’ai croisé en 1998, lui évoluait au CFFP, moi j’étais arrière gauche à Ivry et j’étais au marquage de Ménez. C’était Ronaldo, le mec. D’ailleurs, là-bas, ils le surnommaient R9. C’était l’année où Okocha venait d’arriver au PSG et comme Ménez était un fanatique de ce club, il m’avait fait le fameux geste d’Okocha. Dans les vestiaires, tout le monde s’était foutu de ma gueule. J’étais rentré à la maison en pleurant.

Et Marvin Martin, dans tout ça ? Il m’a moins marqué. Balle au pied, ce n’était pas quelqu’un d’extravagant. Alors que Ben Arfa, tu ne pouvais pas le louper. Tout le monde jouait pour lui, on ne voyait que lui. C’était lui, le football.

Tu penses que, ce jour-là, si tu arrives à le stopper, tu peux changer le cours de sa carrière ?

Mais ce mec-là, il a éteint une génération. J’ai vu des mecs pleurer en sortant du tournoi, parce que le gars mettait 3-4 buts par match. Il était individualiste, mais il marquait but sur but.

Non, parce que c’était vraiment un ovni. Y avait pas mal de scouts dans les tribunes, parce que c’était un gros tournoi. Et tu sentais l’émulation autour de ce gamin, tu entendais un nom qui revenait, et c’était le sien. Ce n’était pas humain, ce qu’il faisait. J’avais un bon niveau, je n’étais pas non plus un nul. J’étais un petit gars de Paris, avec la hargne de Di Méco et le physique de Lizarazu. Mais ce mec-là, il a éteint une génération. J’ai vu des mecs pleurer en sortant du tournoi, parce que le gars mettait 3-4 buts par match. Il était individualiste, mais il marquait but sur but.

En partageant ton histoire sur Twitter, tu as fait un petit buzz. Comment tu as réagi à tout ça ?Ça m’a rappelé des bonnes années, j’en rigole. Plein de mecs se sont foutus de ma gueule, mais pourquoi je devrais avoir honte ? Qui ne se ferait pas manger par Ben Arfa ? Partout où il est allé, il a mis la misère à tout le monde. Il faut de l’autodérision. On s’est tous pris une leçon de foot par un mec. Mieux vaut que ce soit par Ben Arfa que par trucmuche qui n’a pas touché à un ballon depuis 10 ans.

Qu’est-ce que tu as fait, toi, par la suite ?J’ai continué à Ivry, puis j’ai fait des détections. Red Star, Saint-Étienne, j’ai attiré l’œil de quelques recruteurs. Puis quand est arrivé le moment où il fallait aller là-bas, j’en ai parlé à mes entraîneurs et, comme dans pas mal de cas, ils ne m’ont pas donné la lettre d’autorisation. Après ça, j’ai lâché, je me suis concentré sur mes études. Mais j’ai eu le plaisir et l’honneur de jouer avec pas mal de pros. Mon ailier gauche, c’était Bakary Sako, qui joue à Chypre maintenant et avec qui je suis toujours en contact. J’ai aussi joué avec Willy Aubameyang, le frère de Pierre-Emerick, et avec Jimmy Briand, avant qu’il parte à Bretigny. Tu sentais l’amour du foot chez ces gamins. Ils avaient déjà le mental. Quand ils sortaient du terrain, ils nettoyaient leurs chaussures, ils en prenaient soin comme d’un outil de travail. Ils avaient déjà cette rigueur-là.

Hatem Ben Arfa est aujourd’hui sans club. Où est-ce que tu le verrais ?

J’aimerais bien le voir dans un club comme Nice, dans un 4-4-2 avec Dolberg, un club comme ça. Après, s’il doit se relancer, pourquoi pas en Ligue 2 à Paris avec Ménez ? Puis tu mets Nasri en 10, et on est bons.

Pour moi, c’est du gâchis. Le monde du football mérite de continuer à voir un mec comme ça sur la pelouse. Aujourd’hui, combien il y en a des techniciens, des mecs « début 2000 » comme je les appelle ? Des Ronaldo, des Robinho, qui font du football spectacle ? On a besoin de mecs comme ça. Le voir à l’arrêt… Même gamin, tu voyais que c’était quelqu’un qui avait besoin d’être entouré et d’être choyé. Il a besoin d’attention. Il me fait penser à Payet : c’est sous Bielsa, quand l’entraîneur était toujours derrière lui, qu’il était le meilleur. J’aimerais bien le voir dans un club comme Nice, dans un 4-4-2 avec Dolberg, un club comme ça. Après s’il doit se relancer, pourquoi pas en Ligue 2 à Paris avec Ménez ? Puis tu mets Nasri en 10, et on est bons. (Rires.) Ou alors comme Marvin Martin à Reims ? Je suis sûr qu’il cartonnerait. C’est une bonne équipe ambitieuse, tu le mets lui en attaque, ça pourrait être bon. Ou pourquoi pas partir en MLS ? Il garde une belle cote pour le FC YouTube, et ça les Américains en raffolent.

Propos recueillis par Alexandre Aflalo

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