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PSG-Istanbul : pourquoi il était important de rentrer au vestiaire

Par Mathieu Rollinger
PSG-Istanbul : pourquoi il était important de rentrer au vestiaire

Ce qui s'est passé ce mardi soir au Parc des Princes est peut-être ce qu'il pouvait arriver de mieux au football dans sa lutte contre le racisme. Car en rentrant au vestiaire et en arrêtant cette partie, les acteurs du jeu ont été au bout de leur démarche pour que le message soit enfin clair : le racisme n'a rien à faire sur un terrain de foot.

Au moment de placer le curseur sur cet événement que constituera ce match entre le PSG et Istanbul Başakşehir, il ne faudra pas se tromper. Cet « incident » ne fera pas date à cause de la tenue de propos racistes, Pierre Webó n’est ni le premier et malheureusement ni le dernier à être réduit à sa couleur de peau autour d’un terrain de football. Mais c’est bien la réaction de l’ensemble des joueurs et des staffs qu’il faudra retenir. Dans le sillage d’un Demba Ba exemplaire dans son attitude et le ton trouvé, Parisiens et Stambouliotes ont fait le choix de regagner, ensemble et dans le calme, leurs vestiaires respectifs. Ou comment exaucer enfin le souhait de Samuel Eto’o, lui qui appelait les joueurs — blancs, noirs, métis, peu importe — à prendre leur courage à deux mains et « quitter le terrain ». Ni plus ni moins.

Plus que des genoux plantés dans le gazon, plus que des photos de famille derrière un calicot, plus qu’un brassard serré autour d’un biceps, plus que des clips diffusés à la mi-temps, plus que des publications tièdes sur les réseaux sociaux, il fallait que ce racisme endémique se heurte à une réaction réellement forte. Rentrer au vestiaire, c’est montrer que dénoncer le racisme est plus important que de continuer un match, en dépit des enjeux sportifs ou économiques, et ne plus cantonner cette lutte à la marge. Une prise de position forte, un message clair pour enfin l’affirmer sans détour : le racisme n’a pas sa place dans le football — tout autant que dans la société —, alors tant qu’il est là, stoppons le ballon.

Gouano, Balotelli, Marega : on vous a suivis

Pour comprendre d’où l’on vient, il suffit de regarder quelques cas récemment. Cette démarche avait été refusée à Prince Gouano en avril 2019 lors qu’un supporter dijonnais lui avait adressé des cris de singe. L’Amiénois avait alors dit à son banc « c’est fini, on ne joue plus, je ramène mes coéquipiers et on rentre dans le vestiaire », mais la partie avait pu reprendre et être menée jusqu’à son terme. En novembre de la même année, c’est Mario Balotelli qui a été retenu par ses partenaires à Vérone. C’est aussi Moussa Marega, pris à parti par les supporters du Vitória Guimarães, qui est sorti du terrain, seul, malgré la volonté de ses coéquipiers de le retenir sur le pré. Mais là encore, la partie a repris et Marega a été remplacé puis condamné à 714 euros d’amende… « The show must go on », dit l’expression consacrée. Mais au contraire, reprendre le jeu comme si de rien n’était ne fait que mettre la poussière sous le tapis.

Si ce Paris-Istanbul est particulier, c’est aussi parce que ces actes condamnables ne proviennent pas des tribunes, facilement décrites comme incontrôlables ou inéducables, ou d’autres joueurs présents sur la pelouses, facilement excusables parce que « dans le feu de l’action » ou « sous le coup de l’émotion » . Non, cette fois-ci, le mal a été commis par un quatrième arbitre et approuvé par un arbitre central. Ceux-là ne pourront donc être excusés aussi platement par les institutions, dont on attend une réponse à la hauteur du scandale. Là, c’est le détenteur des lois du jeu, un représentant desdites institutions, qui est pris la main dans le sac. Et c’est l’ensemble de la pyramide qui s’en retrouve éclaboussée. Personne ne pourra donc se cacher dans cette histoire : le racisme gangrène le foot, et l’un des meilleurs remèdes a été administré par Demba Ba et ses homologues d’un soir. La prise de conscience a assez duré, passons aux actes.

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