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  • République Tchèque/Pologne

Pilar de rien

Par Maxime Marchon, entre Wroclaw et Poznan
4 minutes
Pilar de rien

Buteur face à la Russie puis contre la Grèce, Václav Pilař peut réaliser la passe de trois ce soir, face à la Pologne. Une opportunité que l'espoir tchèque serait bien capable de ne pas sécher, tant le lutin est sur son nuage actuellement.

« Je n’ai rien à voir avec lui. La seule chose que nous avons en commun est la taille. » Václav Pilař en a marre que la presse de son pays le surnomme le « Messi tchèque » . Aucune fausse modestie à cet endroit. Un rapide coup d’œil au CV de l’ailier gauche de 23 ans suffit à en couper l’envie, y compris chez les journalistes adeptes de la comparaison facile. Hradec Králové (D2 puis D1), Viktoria Plzeň et, depuis cet été, Wolfsburg. Seul morceau de bravoure, et encore, une honorable campagne de Ligue des champions, cette saison, avec le champion de République Tchèque. Une troisième place dans le groupe de la mort, un match nul deux buts partout à la maison contre le Milan AC et une courte défaite au Camp Nou (0-2). Pourtant ce n’est pas lors de celle-ci que Václav s’est fait un nom, mais à l’issue de la fessée pleine de panache du match retour (0-4). En conférence, Pep Guardiola lâche alors cette phrase : « Sur les deux matchs, Plzeň m’a impressionné. Je voudrais notamment saluer Pilař et la manière dont il a joué. » Ce soir-là, à dix pendant plus d’une heure, les Tchèques jouent crânement leur chance sans penser à d’abord défendre. Opposé à Dani Alves, Pilař réussit l’exploit de mettre le Brésilien sur le cul plus d’une fois. Le baptême du feu est consommé.

Deux colts au bout des socquettes

Un mètre soixante-dix pour 69 kilos, Pilař joue surtout de sa principale faiblesse : sa petite taille. Jamais meilleur qu’en un contre un et dans les petits espaces, le natif de la région de Bohême possède aussi deux pétards, un dans chaque chaussure. Outre sa prestation face au Barça, le bougre a, comme deuxième fait d’armes, un missile sol-air en match de barrage aller contre le Monténégro (2-0) à l’automne dernier. Un but plus que capital, puisqu’il s’agit d’une ouverture du score à 25 minutes du terme, alors que, jusqu’ici, la bande à Rosický achoppait sur l’arrière-garde adverse. Des qualités que celui qui se fait surnommer « la scie » au pays s’est empressé d’exposer à la face du Vieux Continent, à l’occasion de l’Euro en « Polognukraine » . Titulaire dès le début de la compétition, malgré neuf petites capes et une convocation en tant que commis, le protégé du sélectionneur Bílek a laissé une trace de son passage lors des deux rencontres de la Tchéquie. Unique buteur sous l’intempérie russe (1-4), Václav Pilař s’est surtout distingué face à la Grèce, en scorant du genou et en tombant le but de la victoire (1-2). Ce pion, additionné à son activité incessante sur le couloir gauche, lui a valu le prix de Man of the match. Trophée que Davor Šuker lui a remis – « Je suis heureux de te féliciter. Tu as marqué un super but. » – sans voir l’intégralité des 90 minutes, visiblement.

Le lapin Duracell

Ce soir, face à la Pologne, la pile Duracell tient une chance inouïe de braquer sur elle les phares de la voiture. Le match est couperet. L’adversaire est chez lui. Et la dernière fois que la République Tchèque s’est extirpée des poules d’une compétition internationale, c’était à l’occasion de l’Euro 2004 au Portugal. C’est dire l’attente qui règne au bled. Autant de bonnes raisons de se distinguer. En marquant, par exemple. Ça tombe bien, lui vient pour ça : « On sait qu’on ne peut pas jouer pour le nul : ça ne paierait pas. » En attendant de savoir où il sera dans 48 heures, l’ailier gauche sait où il sera l’année prochaine. Cet hiver, et après un imbroglio pas possible entre son club formateur du Hradec Králové et Plzeň, le minot s’est engagé à évoluer aux côtés de l’autre hype de la sélection tchèque et ancien coéquipier de club, Petr Jiráček, au VfL Wolfsburg. Ce qui ne l’empêche pas d’espérer, un jour, mieux : « Barcelone a une classe de plus, j’adorerais joueur pour eux. » Avant de se raviser : « Mais j’irais aussi volontiers dans une autre équipe de Liga. » N’est pas Messi qui veut.

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