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On a fait le déplacement à Bordeaux avec les Nantais

Par Guillaume Blot, sur la route
On a fait le déplacement à Bordeaux avec les Nantais

Bien décidés à fêter à leur manière le départ de Marc « fumis » Planus et l'adieu au stade Chaban-Delmas, quelque 360 supporters nantais ont pris le car samedi pour Bordeaux. Sans la Brigade Loire, restée à la maison pour protester contre les mesures d'encadrement des autorités, jugées toujours plus restrictives. Récit en images et gifs d'un déplacement désiré muet par les Ultras canaris.

12h30, samedi, parking de la Beaujoire. Des motos slaloment lentement entre les plots orangés, tandis que les premières écharpes jaunes se rassemblent. Les discussions s’entament au cul des monospaces, bière et paquet de chips à la main. L’appel au boycott du déplacement par la Brigade Loire, dans un « arrêté maison » publié deux jours auparavant, revient sur de nombreuses lèvres. Le principal groupe de supporters nantais entend ainsi manifester son mécontentement vis-à-vis des récentes mesures d’encadrement imposées par les instances dirigeantes, préfectures et LFP en tête. Déjà considérées comme « ridicules » à Saint-Étienne, les conditions du déplacement énoncées par la préfecture de Gironde ont définitivement échaudé les supporters canaris. Si le message et l’invitation à rester chez soi sont théoriquement approuvés par l’ensemble des groupes nantais, les individuels ayant pris leur package « bus + place » à 40€ dès l’ouverture et quelques associations engagées depuis longtemps auprès de leurs membres à s’y rendre font le choix de se déplacer quand même, sans « gaieté de cœur » .

Jeff, le superviseur Loire des stadiers, fait le compte des cars garés sur le parvis du stade : six officiels et deux indépendants. Il rameute ses troupes quand Luc Delatour arrive au volant de sa Citroën noire. Le directeur des opérations du FC Nantes fera lui aussi la route. « Il y a exactement 364 supporters inscrits aujourd’hui. Cela reste un déplacement officiel relativement important » glisse-t-il avant de laisser la grosse voix de Jeff énumérer les consignes à l’attroupement : « Tout le monde à son car avec sa contremarque. Bagages dans les soutes. » À l’annonce du départ imminent, certains remplissent un dernier verre pendant que d’autres préfèrent se vider en pissant sur les arbres du parking.

Le car Merco des Activ Nantes Supports s’avance. Derrière son volant et ses lunettes fumées, Roger annonce qu’il aimerait partir dès que possible pour se faire relever. Le comptage expédié, son 57 places est le premier à quitter le parking. Il est 13h27. Sa voix de Johnny demande à tous de s’asseoir et de s’attacher, ce à quoi les présents, dont Florian et son tatouage local, répondent en voyant le car s’engager sur le périphérique que « c’est pas par là Bordeaux ! » Roger passe un petit Pony Pony Run Run dans les enceintes, que les premiers chants viennent couvrir. « Ils font bien de l’ouvrir maintenant, pas sûr que l’on se fasse entendre sur place » , concède Bertrand, le vice-président de l’association. À l’instar des autres groupes qui ont finalement maintenu leur déplacement, les Activ Nantes Supports admettent qu’ils auraient préféré ne pas y aller, mais « cela fait deux mois qu’on prépare Bordeaux. L’annonce des mesures est intervenue trop tard (le 30 avril, ndlr) vis-à-vis de nos engagements. Nous comprenons la vision de la Brigade Loire, et notre groupe ne proposera pas d’animations en parcage ce soir » conclut-il, juste avant que Roger ne s’arrête sur l’aire de Bournezeau.

En attendant que Jean-Michel, le nouveau pilote, n’arrive, les supporters descendent du car et entonnent une chanson à l’intention du local « Xavier Dupont de Ligonnès » , (presque) retrouvé dans un TGV la semaine dernière. D’autres hymnes peu glorieux en direction de la Ligue et d’un mec à moustache accompagneront le retour du bus sur le bitume de l’A83. L’orga décide de calmer tout le monde en distribuant un petit jeu maison où il faut notamment retrouver le nombre de buts inscrits par le FC Nantes cette saison. Pas vraiment besoin de cheater avec sa 3G pour se rappeler que Lacazette en a mis autant à lui tout seul.

Le rendez-vous des autorités sur l’aire-tampon de Virsac a été fixé à 17h30. Le car des Activ Nantes Supports est le premier en approche, légèrement en avance. À l’arrivée, le dispositif des forces de l’ordre se veut léger. Luc Delatour est déjà sur place, accompagné d’un médiateur nantais. Les sept autres cars arriveront quasi groupés, dont celui des Siranac (Canaris à l’envers, ndlr), autre groupe de supporters ayant fait le choix de maintenir son déplacement. Guy, l’un de ses fondateurs, a du mal à cacher sa déception, entre deux bouchées de sandwich pâté-cornichon : « Je suis les Nantais à l’extérieur depuis 1973, et je dois dire que si les mesures d’encadrement deviennent aussi restrictives, je ne le ferai plus. Nous voulons que les autorités nous respectent, nous supporters. Nous ne sommes pas des hooligans. » Quarante-cinq minutes bon enfant passeront avant de voir deux motards prendre la tête du cortège. Au téléphone, Kévin, des Esprits Canaris restés à Nantes, confirme le souhait des ultras de faire « tribune morte » à Chaban pour appuyer silencieusement les revendications. Les cars nantais reprennent la route en file indienne. Au micro, Bertrand demande aux membres des A.N.S. de ne pas se porter « leaders » exceptionnels des chants du soir, ni d’exhiber la bâche du groupe. L’accueil au fond du bus est mitigé, et les hymnes se font de plus en plus soutenus à mesure que Lescure se rapproche. Les rues coupe-gorge aux abords du stade proposent de belles confrontations visuelles entre locaux et Nantais.

Malgré une vitre cassée dans un autre bus par des supporters canaris trop énervés, l’arrivée sur le parking se fait sans heurts. Il est 18h45, les CRS guident les Nantais jusqu’à la fouille, sous l’œil bienveillant de la S.I.R., la Police du Style en jogging. L’étape « sandwich trop sec » et « bière sans alcool » passée, les visiteurs s’installent bruyamment dans le parcage. Un « on est chez nous ! » canari perturbe les spectateurs locaux, qui répondent par des sifflets, rapidement interrompus par l’entrée sur la pelouse d’Alain « Gigi » . 19h50, la consigne passe dans les rangs nantais de s’asseoir et de ne rien manifester pendant les dix premières minutes de jeu, en soutien à la Brigade Loire. Les supporters coopèrent et s’exécutent. Le jeu démarre, et les encouragements canaris redémarrent finalement comme prévu juste avant l’ouverture du score de Veretout par un « Liberté pour les ultras » énergiquement scandé. Le parcage nantais ne se taira plus. L’égalisation de Rolan n’entame que peu la ferveur des casquettes jaune et vert, qui se mettent à défier le vignoble bordelais d’un chant en l’honneur du muscadet nantais.

La mi-temps arrive à point nommé pour se rafraîchir d’un « Nice Tea » maison, à écouter l’accent anglais du barman. Les hymnes des visiteurs se concentrent désormais sur le fameux « mec à moustache » lors du second acte, laissant quelque peu filer le match. Rolan en profite une deuxième fois, puis c’est au tour de Planus de s’amuser un peu et de se voir adresser non pas un carton, mais un fumi rouge. Beaux joueurs, les Nantais sur la pelouse n’auront pas tout tenté pour « gâcher la fête » à Chaban, comme l’avait pourtant réclamé la Brigade Loire lors du dernier entraînement à la Jonelière, vendredi.

Les ultimes festivités entamées pour l’adieu à Lescure, le parcage nantais doit libérer les lieux, et patienter en contrebas du stade, devant un cordon de CRS amical. Un « Libérez les Canaris » vient à bout des forces de l’ordre qui capitulent au bout d’une demi-heure et laissent les supporters regagner leurs cars. Il est 23h, le convoi ligérien reprend sa route, protégé des fucks bordelais chambreurs sur le périph’ par une escorte policière. La file indienne se casse au rythme de la remontée dans le Nord-Ouest, les chants s’interrompent progressivement jusqu’au retour, aux alentours de 4h à la Beaujoire. Le boycott des fidèles nantais aura été mesuré et surtout symbolique ce samedi soir. À la hauteur de celui du gérant de l’épicerie de l’aire de Saint-Léger, qui, voyant débarquer un des cars jaune et vert, juste après minuit, se sera précipité pour abaisser son rideau de fer, signifiant frontalement aux supporters leur véritable indésirabilité.

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Marc Planus