OM-Montpellier : René Girard, ce Hérault…
Évidemment, tout le monde signerait pour un bon 5-4 final. Même Loulou Nicollin... Mais, bon, faut pas rêver : un bon match suffira. On verra si Marseille a bien récupéré de la trempe milanaise en C1. Mais on attend surtout beaucoup de Montpellier (surprenant 3ème de L1), qui dispute ce soir au Vélodrome son premier grand match de la saison. L'occasion de rendre un petit hommage à son coach, René Girard...
A quoi ça tient la réussite d’un début de saison quand on arrive de l’étage du dessous ? A pas grand-chose, en vérité… Sûrement aux circonstances du premier mach contre le PSG, à la Mosson. Réduits à 10 au bout de 33 minutes de jeu (exclusion de Jeunechamp), les Héraultais ont eu la “chance” de voir un Paris pas assez réaliste pour faire la différence nette. Juste un but de Giuly à la 71ème. Et puis, un autre but très lourd de conséquences pour la suite : l’égalisation de Spahic à la 94ème, soit dans l’après-mort. Montpellier est revenu à la vie : une égalisation au bout du bout tout par la recrue emblématique (Spahic, capitaine de la sélection bosniaque), et tout en jouant en infériorité numérique. Pas besoin de faire un dessin : ça lance une saison ! La suite n’est qu’une succession de matchs gérés avec sérieux et enthousiasme (victoires contre Sochaux 2-0 et Lens 1-0, et à Nice 3-0), sauf peut-être à Lorient où les Méridionaux se sont fait remonter à 2-2 alors qu’ils menaient 2-0. Pas grave… Le fonds de jeu était là et comme d’habitude, toutes les équipes de L1 ne prendront pas les 3 points au Moustoir. Et voilà comment on se retrouve 3ème du championnat à deux points du leader Bordeaux. On rappelle l’objectif de Loulou Nicollin d’avant-saison : « Finalement, une place dans les dix premiers ne me semble pas si inabordable que cela » . Ambition culottée, quand à l’époque beaucoup escomptaient au mieux le maintien. Pour l’instant, Nicollin est donc dans le vrai…
Alors ? Quelles autres explications à ce “succès”, outre le nul originel contre Paris ? Eh, ben des “paris”, justement ! Montpellier avait misé sur un recrutement hyper avisé (Pitau, Dernis, Jeunechamp, Spahic) et ça a marché. Montpellier espérait beaucoup de Costa et Montano dont on ne savait pas s’ils réussiraient à s’imposer vraiment en L1. Pas de problèmes apparents pour les deux, surtout pour le milieu argentin Tino Costa, déjà 3 buts dont deux pénaltys à l’ancienne (à la Neeskens, une mine sous la barre qui décroche le plafond). Les jeunes, notamment la génération Gambardella, ont pour l’instant répondu présents. On pense au remuant Karim Aït-Fana (1 but) ou au latéral droit Yangambiwa (20 ans et déjà l’étoffe d’un briscard). Une autre bonne surprise, le gardien Geoffrey Jourdren, qui a pallié comme il faut l’absence du titulaire Johan Carrasso, blessé jusqu’à la trêve. Enfin, la “révélation” Montpellier : René Girard, “coach surprise” arrivé pour remplacer “coach Courbis”. On attendait de lui un style de jeu rugueux, à l’image du joueur qu’il a été, et un état d’esprit prudent et attentiste souvent adopté par les nouveaux promus. Rien du tout ! A l’identique d’un Christian Gourcuff qui a toujours misé sur le jeu et qui réussit année après année à maintenir un petit club comme Lorient dans l’élite, Girard a lui aussi fait le choix de l’audace offensive et du mouvement. Et ça paye. Alors, OK : pas de victoires 4-0 à tous les coups, mais des matchs plutôt bien maîtrisés et c’est ce qui compte pour la suite.
La suite, c’est donc ce soir, au Vélodrome, le premier vrai grand rendez-vous de la saison. Montpellier peut a priori profiter de quelques faiblesses marseillaises inhérentes au match de Ligue des Champions de mardi soir (défaite 2-1 contre Milan) : la fatigue et le coup au moral asséné par Pippo Inzaghi… Ceci dit, il ne faut pas trop spéculer là-dessus : l’OM doit quand même une revanche à son public. Donc à Montpellier de résister à la terrible pression que Marseille sait faire peser sur l’adversaire pendant ses temps forts. Les Héraultais ont les armes et le physique pour. Plus intéressant, à eux de bien négocier les fameux temps faibles phocéens que même Didier Deschamps reconnaît et craint : il y a moyen d’y apporter le danger quand le milieu marseillais s’effrite et que son bloc recule. Mais surtout, les Montpelliérains seraient bien inspirés de profiter des espaces que laisse souvent une équipe marseillaise pas encore parfaitement en place tactiquement. Avec vivacité et en jouant dans les intervalles, les Héraultais s’ouvriront des failles. Enfin, comme à son habitude, à René Girard de bien gérer son coaching en attaque et de faire les bons choix de remplacements en deuxième période : à lui d’introduire au bon moment, en plus des quasi certains Dernis et Montano, les Aït-Fana, Compan ou Souleymane Camara. Voilà pour ce soir : pas facile, mais y’a un (bon) coup à jouer…
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