OM : J’aime regarder les Russes…
C'est toujours la même trame avec les équipes russes comme le Spartak Moscou. Phase 1, elles vous dominent collectivement. Phase 2, elles oublient d'être efficaces. Phase 3, elles perdent. Si vous n'avez pas suivi ces trois phases, vous êtes le PSG et vous venez de recruter Sergeï Semak. L'OM a opté pour la première solution. 3-0 : une histoire de patience, de qualité de centre et d'âme slave. Le cliché qui s'accroche à sa place, même quand le meneur est Brésilien et s'appelle Mozart.
Le temps d’un vingtaine de minutes, l’OM était revenu à sa normale basse. Cette période pas totalement révolue où Cissé était un spam, Nasri un jeune corps patraque, Valbuena juste un brave petit et le collectif, une entité inconnue. Aucune intensité, des attaquants introuvables, Nasri et Cana qui confondent Valbuena avec Koller, l’OM entrait dans la véritable Coupe UEFA comme trop de clubs français : en marche arrière. C’était peut-être oublier qu’en face se produisait une équipe avec une mi-temps d’autonomie à la louche, trêve hivernale oblige. Le genre d’opposition forcément dangereuse dès la fin du Van Halen, et les 20 minutes qui suivent grand maximum.
Le foot russe est éternel. Oligarque ou pas, fauché ou nouveau riche, le foot russe ne change pas ou si peu. Il vous impressionne 20 minutes par sa circulation de balle, ses dédoublements permanents, la technique qui s’épanouit dans la rigueur du collectif. Le foot russe, on l’aime bien. Peut-être parce qu’on le devine inoffensif et purement esthétique. Le foot russe se fera éliminer au premier tour de l’Euro, avec une victoire pour rien lors de son troisième match.
En attendant, les Moscovites appliquent les consignes : pressing et ligne de défense plus haute que ça tu joues le hors-jeu chez l’adversaire. Chez les oranges Stabilo, on laisse venir, ou on attend que l’alchimie collective adverse se dilue. Une mine de Taiwo, une tête de Cissé servent de teaser, le Spartak s’en fout et récite son plus beau Handball. Mandanda garde les mains au chaud. Les Marseillais ne construisent pas, focalisés qu’ils sont par les steppes généreuses qui s’ouvrent dans le dos des centraux adverses.
A la pause Faty s’en va expier sa relance, Cana descend d’un cran et Kaboré couple avec Cheyrou en milieu de terrain. Les résultats ne vont pas tarder. Il faut dire qu’en face ça se repose sur sa légende passée, celle du début de match. Dans le ton et mordant, Kaboré apporte par son jeu long, bonne nouvelle on sera peut-être débarrassé de Latéralité M’Bami. Trop haut, trop risqué, la morale voudrait que le Spartak expie dans le dos de sa défense, mais Cissé la joue trop fine lors d’un duel face au gardien.
Mais ça va mieux dans l’ensemble. Niang oublie son marquage sur Cissé, Valbuena demi-volte dans le bon sens. Nasri émerge et délivre la caresse décisive sur un centre de volley pour la tête de Cheyrou. Le deuxième ne tarde pas à arriver. Sur un corner à la Rémoise de Nasri et Cheyrou, Taiwo coupe bien du crâne. Depuis quelques semaines, Benoît Cheyrou se taille un prénom et ferait presque oublier celui de son frère au Vélodrome (!). Peut-être que Marseille aura plus de chance avec les frères Ziani et Zenden, dans quelques années.
Pas vraiment en canne que ça pour revenir dans le match, le Spartak incite à zapper sur W9. Bordeaux tient son 1-1 à Anderlecht, quand Souleymane Diawarra vient justifier tout le mal que l’on pense de lui, et voilà pour le 2-1 qui promet un retour jouable mais tendu. De retour chez la maison mère M6, Niang embrasse Cissé, le passeur de la dernière heure. Et de trois. Peut-être est-ce un toc ? Mais les Russes continuaient à s’aligner à 45 mètres. Il resterait des équipes avec de la suite dans l’idéologie. Neige ou pas, la semaine prochaine à Moscou, Marseille passera ces seizièmes. On devrait encore se garder au chaud ce Bien baiser de Russie comme titre…
Alexandre Pedro
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