OM : Di Méco veut le titre de champion de 1993…
Encore cette histoire à la con. Le pourtant grand Eric Di Méco a récemment rameuté ses potes, les anciens de l'OM. Pourquoi ? Pour récupérer le titre de champion de France 1993 non attribué pour cause de scandale de l'affaire OM-VA. N'importe quoi. Rudi Völler n'a pas signé l'appel, la LFP et la FFF font la sourde oreille et le bon Pape Diouf a dégagé en touche... Réquisitoire contre ce pauvre Eric Di Méco.
Putain, Éric !… Tapie, Bernès, le procureur de Montgolfier, Glassmann, Burruchaga, Eydelie, Boro Primorac, Christophe Robert… Nous, on avait oublié tout ça. Pas question de tout re-déballer “l’Affaire”. Cette connerie d’acheter un match à quatre jours de la finale de C1, OM-Milan AC !… Y’a eu corruption (ou tentative : on s’en tape !). Tout ça a été jugé et l’OM a été condamné. Point final.
Alors, OK : le titre 1992-93 n’a pas été attribué et la nature a horreur du vide. Une belle connerie, il faut bien le dire, cette non-attribution. Sans doute que les autorités du foot français de l’époque ont suivi la même jurisprudence Furiani : en 1992, la finale de la Coupe de France ne s’est pas disputée et ce titre, donc, jamais attribué à cause du drame de Furiani (Bastia-OM).
En septembre 1993, en plein scandale de l’Affaire OM-VA, la Ligue a fait pareil : titre non attribué. Il faut préciser que le second du championnat derrière l’OM (vainqueur), c’était le PSG, à qui le titre avait été “attribué”. Or, le club parisien le refusa, sur injonction de Canal +… Loyauté admirable des Parisiens ? On peut en douter : à l’époque, la stratégie de Canal + de vouloir rendre plus médiatique le championnat de France en créant de toutes pièces le fameux Classico OM-PSG battait son plein. On n’allait pas enfoncer le meilleur ennemi du PSG… C’est finalement Monaco (3ème) qui fut qualifié pour jouer la Ligue des Champions 1993-94, le PSG opta lui pour la défunte C2…
Revenons à Eric et à ses doléances
« Malgré les points enlevés du match contre Valenciennes, on était premiers » . En effet, la victoire 1-0 de l’OM à VA a été transformée en 0-0 et match perdu pour les deux équipes. Malgré cela, l’OM demeurait champion avec 2 points d’avance sur le PSG. Certes… Mais, désolé, Éric : non. Premièrement, la sanction pour fait de corruption, c’est déchéance du titre + rétrogradation en D2. Point. Deuxièmement, le fait de corruption révélé à l’occasion d’un seul match entache de suspicion tous les autres matches du club incriminé. L’OM a-t-il truqué d’autres matchs ? Personne ne peut l’affirmer avec certitude. Reste le doute légitime dont la Justice a tenu compte. Enfin, que l’OM ait eu 2 points ou 18 points d’avance sur le deuxième ne change rien au problème.
« Je pars du principe que ce titre a été gagné et vu les sanctions qui ont suivi dans cette affaire OM-VA, je trouve que l’Olympique de Marseille a été lourdement sanctionné » . Non, Éric. Une fois de plus, c’était le tarif : déchéance du titre + rétrogradation. Rappelons que c’est l’UEFA, qui ne rigole pas trop avec les histoires de corruption avérée, qui avait sommé les responsables du foot français un peu péteux de prendre des sanctions très lourdes.
L’UEFA, Éric : l’UEFA… Sinon, Éric, on peut parler de l’Italie, par exemple. Tu sais, ce pays qu’on méprise beaucoup en France, parce que là-bas, c’est “combines, magouilles et compagnie”. OK, dire que tout est clean dans le foot italien, ça ferait sourire. Sauf que quand on sanctionne les tricheries, ça frappe souvent très fort.
Petit rappel… En 1980, le Milan AC finit troisième du championnat. Mais plusieurs de ses joueurs dont Paolo Rossi sont impliqués dans le scandale du Totonero : Rossi sera suspendu deux ans et le Milan AC relégué en Serie B. Idem avec le scandale récent du Moggiopoli : la Juve a été dépossédée de ses deux titres de champion d’Italie 2005 et 2006 et rétrogradée en Serie B. Tu vois, Éric, même la Juve et le Milan AC, pourtant deux grands du Calcio, ont morflé sévère.
« J’ai eu des contacts avec Bernard Laporte à qui j’en ai parlé. Pour lui, c’est dommage qu’il n’y ait pas eu de titre cette année-là » . Alors, ça, Éric, on s’en tape. C’est pas un argument. L’avis de Laporte ne compte pas. Pourquoi pas demander aussi son opinion à Roselyne Bachelot ou à Nadine Morano ?
« Je pense que mes copains, Deschamps, Boli, seront entendus en haut lieu s’ils interviennent. Cela me fait plaisir qu’ils s’impliquent dans cette bataille, qui va déplaire je pense » . En « haut lieu » , ça veut dire quoi ? Au sommet de l’État ?… Pitié, Éric ! Ne mêle pas les hauts responsables politiques à cette histoire : ils ont autre chose à penser actuellement. La crise, t’as entendu parler ?
« Je me rends compte qu’à l’époque, on s’est acharné sur nous. Je veux simplement réveiller quelques vieux et mauvais souvenirs pour certains, surtout pour nous à Marseille » . C’est pas une bonne idée, Éric, de ressasser le passé.
« La cicatrice ne s’est jamais refermée » . Snif.
« Ce match face à Valenciennes a été joué de façon normale. Les Nordistes étaient au courant la veille de la tentative de corruption et ont joué normalement. D’ailleurs, avec Gohel, mon adversaire direct, on n’a pas arrêté de se donner des gnons » . Éric, les joueurs de la Juve rétrogradés en Serie B en 2006 ont dit la même chose : « Pendant les matchs de Serie A, nos adversaires ne nous faisaient aucun cadeau ! On a eu des blessés et on a même perdu des matchs. Preuve que tout était réglo… » . Sauf que non. Dans les deux cas, Juve et OM, on ne regarde pas le contenu des matchs. On établit juste s’il y a eu corruption ou non, avant ou pendant. Point barre.
« Dans cette histoire, on se rend compte qu’il y a eu une guerre pour éliminer un homme par d’autres hommes. Nous, les joueurs, sommes les victimes collatérales de cette guerre » . Une allusion à Bernard Tapie et au livre récent de Marc Fratani, ex-bras droit et attaché parlementaire de Tapie, “Le mot d’ordre était « Liquidons Tapie”.
La théorie du complot anti-Tapie ?… M’ouais. On se souvient plutôt du soutien inconditionnel et scandaleux de François Mitterrand, président de la République à l’époque, à son protégé “Bernard Tapie”. Le personnage le plus puissant de France se serait donc couché devant de mystérieuses “Forces de l’Ombre” qui ont fini par avoir la peau de son poulain Bernard ?… Oh, Éric ! C’est essentiellement le courage acharné du procureur de Montgolfier qui a fait tomber Nanard. C’est vrai que la chute de Tapie a fait plaisir à pas mal de gens dans le milieu politique français. Mais pour l’affaire OM-VA, Bernard s’est fait serrer par plus fort que lui.
« Ce titre, on le mérite. Pour nous, cela ne changera rien car nous nous considérons champions. Mais il doit rester une trace dans le palmarès officiel » . Non, Éric. D’abord, il n’y aucun mérite à gagner après avoir triché. De plus, Éric, tu confonds prescription, peine purgée et autorité de la chose jugée. La prescription, c’est la durée légale pendant laquelle un justiciable est habilité à saisir la justice pour réparer un préjudice.
Passé ce délai, l’action en justice est éteinte. Or l’autorité de la chose jugée perpétue une sanction pour toujours : 16 ans après, 30 ans après ou 100 après, le temps qui passe n’efface pas cette sanction. Invoquer éventuellement que, aujourd’hui « il y a prescription » , est inopérant en droit. Enfin dire aujourd’hui, après 16 ans, que « la cicatrice jamais refermée » fait encore souffrir les Marseillais et que la peine a été purgée… Eh bien, là aussi, c’est nul et non avenu : la sanction continuera. Et puis, franchement, Éric : t’as vu la gueule de l’Hexagoal ?
« Et puis ce titre n’a pas été distribué, on ne le prend à personne » . Si, Eric. Ce titre vous le prenez à l’encontre de la Morale.
Chérif Ghemmour
Par