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Nuno Tavares, le nouveau bolide de l’OM

Par Adel Bentaha et Steven Oliveira
Nuno Tavares, le nouveau bolide de l’OM

À 22 ans, Nuno Tavares réalise un début de saison canon avec l'OM. À l'image de ses accélérations, de ses frappes et de sa puissance. Il aura pourtant fallu batailler, pour que ce grand timide, mélomane, parvienne à franchir ses nombreux plafonds de verre, protégé par une mère omniprésente. Récit d'un garçon qui a appris sur le tas.

Dans un monde parallèle, c’est avec le maillot vert du Sporting que Nuno Tavares aurait pu entrer dans le stade Vélodrome pour disputer ce match de Ligue des champions, et non avec la tunique de l’Olympique de Marseille. Un fantasme qui n’est pas passé loin d’être une réalité. Car si le latéral gauche portugais a fait ses débuts en professionnel avec Benfica, c’est bien le club rival qui a, en premier, détecté le talent du bonhomme. Ancien entraîneur des jeunes au SCP, Tiago Fernandes se rappelle comme si c’était hier l’arrivée de Nuno Tavares chez les Leões : « C’était un enfant que nous avons immédiatement distingué des autres. C’était déjà un joueur de haut niveau, et c’est pourquoi il était surclassé pour certains matchs et certains tournois. » Et si du côté de son premier club de Casa Pia, Tavares jouait le plus souvent ailier, au Sporting, celui qui évoluait alors avec son pote Rafael Leão était le plus souvent latéral gauche, « même si nous pouvions le mettre parfois en cours de match dans une position plus avancée sur le terrain pour faire basculer une rencontre ». En bref : dès son plus jeune âge, l’adepte de futsal avait déjà cette faculté à apporter le danger vers l’avant. « Ce n’est pas normal de trouver un arrière latéral aussi bon techniquement avec le ballon, s’émerveille encore aujourd’hui Tiago Fernandes. Il a très vite aimé être présent dans la surface adverse, aimé partir de l’arrière. Ce ne sont pas les entraîneurs qui lui ont appris ça, c’est inné. C’est son intuition et sa vision de jeu qui font qu’il est toujours présent au bon endroit. » Malheureusement pour les Lions, l’aventure ne durera que trois ans.

Sa mère était intransigeante. Pour elle, la priorité était les études, et elle ne voulait pas qu’il rentre trop tard à la maison. J’ai beaucoup parlé avec Nuno et sa mère pour les convaincre, mais sa mère voulait qu’il retourne jouer à Casa Pia, car c’était juste à côté de chez eux.

Pourtant, les dirigeants ont tout fait pour conserver leur joyau. « Lorsque les joueurs deviennent plus grands, ils doivent venir s’entraîner à l’académie du Sporting. Et celle-ci était éloignée de chez lui, enchaîne Fernandes. Sa mère était intransigeante. Pour elle, la priorité était les études, et elle ne voulait pas qu’il rentre trop tard à la maison. J’ai beaucoup parlé avec Nuno et sa mère pour les convaincre, mais sa mère voulait qu’il retourne jouer à Casa Pia, car c’était juste à côté de chez eux. Du coup, il n’est jamais allé à l’académie. » Pour Maria Amélia, c’est d’abord l’école, puis la musique et enfin le sport. In that order. Il faut dire que le fiston excelle au violoncelle et au piano. Et le football alors ? Pas de quoi déranger l’intéressé en réalité, pas vraiment obnubilé par le ballon rond, au contraire de son frère aîné Edson. Mais le temps faisant bien les choses, c’est la troisième voie que le jeune Nuno a décidé de suivre. Tout simplement car le talent était trop évident.

Le couloir de l’amour

Compliqué d’imaginer l’inverse, tant partout où il sera passé, Nuno Tavares a su séduire son monde. Entraîneurs, coéquipiers ou supporters, tous séduits par cet amoureux des chiens. De la vitesse, une capacité à alterner les allers-retours sur son couloir et une frappe de mule lui ayant déjà permis de planter trois buts avec l’OM, voici le cocktail présenté par Nuno depuis ses débuts, en 2019. Coach des jeunes du Benfica entre 2002 et 2017, João Tralhão en a vu passer, des talents. Et malgré cela, lui aussi est tombé sous le charme du jeune homme lorsqu’il l’a eu sous ses ordres en U19 : « Quand nous jouons avec une équipe qui veut avoir un plus grand contrôle du jeu, nous avons besoin de défenseurs latéraux qui attaquent très bien et qui peuvent se rendre dans le camp adverse pour se montrer décisif. Et Nuno savait faire tout ça. »

Comme beaucoup, l’ancien adjoint de Thierry Henry à l’AS Monaco a été tenté de le faire jouer plus haut sur le terrain, mais n’a finalement jamais franchi le pas : « À mon avis, il est bien meilleur défenseur latéral qu’il ne l’aurait été en tant qu’ailier, même si je pense qu’il aurait également pu faire carrière à ce poste. Pour nous, il était évident qu’il devait jouer latéral, puisqu’il pouvait partir de l’arrière avec plus d’espace pour courir. Et puis, il était très fort dans les duels défensifs en un contre un. » C’est pourtant pour ses capacités offensives que ses différents techniciens l’ont toujours installé dans leur onze de départ. Pourtant, de Bruno Lage à Mikel Arteta en passant par Jorge Jesus, tous ont surtout placé Nuno Tavares sur le banc, avant de le ressortir en fin de saison. Et souvent le problème était le même : la rigueur défensive.

Défensivement, Nuno a souvent été moins fort tactiquement, mais il est normal qu’un latéral avec une prédominance offensive comme lui ait plus de mal derrière.

Défendre en attaquant

Souvent surclassé et chouchouté dans ses jeunes années, Nuno Tavares a longtemps été enfermé dans sa bulle d’acquis. Élément nourri par le talent indéniable d’un ado décrit comme le plus fort de sa génération. Insuffisant, malgré tout, pour ne pas laisser transparaître quelques fragilités. D’abord sur le terrain, avec une hypertrophie tactique portée sur l’attaque, conséquence de prédispositions offensives nées à Casa Pia. Il a donc fallu à ses entraîneurs rappeler les bases du poste de latéral, en retard sur son apprentissage défensif. « Défensivement, Nuno a souvent été moins fort tactiquement, mais il est normal qu’un latéral avec une prédominance offensive comme lui ait plus de mal derrière, soutient João Tralhão. Surtout quand il était plus jeune, c’était encore plus difficile. Mais il a grandi, et je pense qu’actuellement, il réussit petit à petit à équilibrer son jeu. » Peu à son aise pour faire les efforts, le dénommé « Lode Runner », pour sa vitesse supersonique et en référence au jeu vidéo éponyme, a donc pâti de ses propres qualités. Une donne déjà visible à Benfica, alors que le club songeait à le replacer en ailier. Tralhão : « Il existe deux types de défenseurs latéraux : le défenseur latéral, qui est plus défensif et plus performant tactiquement. Et puis l’arrière latéral qui est plus offensif, qui est presque comme un ailier. Et Nuno a ce profil. Durant sa formation, il a parfois rendu service dans une défense à quatre, mais la plupart du temps, il évoluait à gauche d’une défense à cinq. C’est ce qui l’a fait pencher au niveau de la formation. »

Une manière d’illustrer des manques tactiques parfois criants, mais également de cerner un caractère trop tendre, n’ayant cessé de jouer quelques tours à ce « garçon calme, réservé, qui ne s’emporte jamais ». Il faut dire qu’en dépit de la carapace musculeuse du Lisboète (1,84 mètre, 78 kilos), la timidité a pris le pas sur de nombreux aspects. L’impact défensif en tête. Une facette entrevue dès l’enfance, surprotégée par une mère poule, comme le rappelle Tiago Fernandes : « À ses débuts à Benfica, sa mère a longtemps négocié pour qu’il ne s’entraîne que deux fois par semaine. Il a fallu que le club insiste pour la convaincre. » Cocon familial idéal donc, mais contexte difficile pour affirmer certains traits de personnalité, nécessaires au développement d’un défenseur à l’adolescence et, surtout, en centre de formation.

Je suis venu à Marseille pour, enfin, pouvoir jouer à mon poste.

Work in progress

Malgré son statut de footballeur aujourd’hui aguerri, Nuno Tavares ne semble donc pas en avoir terminé avec ses aspérités. De quoi donner l’occasion aux supporters d’Arsenal (où il a débarqué en 2021) de l’affubler du sobriquet « Teddy Bear » à chaque duel perdu ou de voir Jamie Carragher en faire l’une des principales causes des échecs londoniens. « Avec Nuno Tavares aligné derrière, Arsenal partait avec un demi-but de retard, martelait l’ancien défenseur de Liverpool, aujourd’hui consultant pour Sky Sports. Il fallait le mettre ailier dès le départ. La preuve, c’est que Kieran Tierney est revenu de blessure, et il a vite repris sa place. » À tort ou à raison, le Scouser a en tout cas mis le doigt sur les gaps restants à franchir pour le Portugais afin de s’imposer, au moins, en Premier League. Incapable de pousser une gueulante ou de faire preuve d’« agressivité » à en croire ses coachs, le coureur fou n’a, malgré tout, pas fini de polir son talent.

João Tralhão en est en tout cas certain, lui qui a pu assister à l’évolution progressive de son protégé : « Le meilleur souvenir que je garde de Nuno, c’est qu’il a su être très strict sur le plan défensif lors des derniers matchs avec nous, en fin de saison. On sentait déjà une progression. Et il a beaucoup appris. Pourquoi ? D’abord, parce qu’il voulait continuer à apprendre. Et aussi parce qu’il a travaillé très dur pour respecter les consignes et gagner en rigueur. C’est le meilleur souvenir que j’ai de lui. C’est pour dire à quel point son évolution me semble incroyable. » Le joli résumé, finalement, pour un diamant brut ne demandant qu’à être taillé à sa juste mesure. Pour preuve, à son arrivée à l’OM, il réclamait de la patience, pour gagner en régularité : « À Arsenal, je ne sais pas si c’était un problème de concurrence avec Kieran Tierney. Pour moi, ce n’est même pas le sujet. Je suis venu à Marseille pour, enfin, pouvoir jouer à mon poste. En signant à l’OM, je voulais même disposer d’une option d’achat, mais Arsenal a refusé. » Discours rassurant pour les supporters marseillais, qui n’attendent désormais qu’un destin à la William Saliba : refoulé par les Gunners pour mieux briller sur la Canebière.

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Par Adel Bentaha et Steven Oliveira

Propos de Tiago Fernandes et João Tralhão recueillis par SO, sauf Jamie Carragher et Nuno Tavares.

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