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Lyon-Lille et l’arbitrage qui cache la forêt

Par Clément Gavard
Lyon-Lille et l’arbitrage qui cache la forêt

L'égalisation refusée à Lucas Paquetá ce dimanche soir lors du match Lyon et Lille a permis aux Lyonnais de se réfugier derrière un fait de jeu pour ne pas évoquer les autres lacunes affichées par les Gones sur le terrain. Surtout, cette énième polémique est une occasion de s'attaquer aux arbitres, sans jamais prendre en compte la transformation de la profession depuis l'intronisation de la VAR ni proposer des solutions concrètes pour faciliter l'évolution de l'arbitrage français.

Puisque ce week-end n’a pas été le plus stimulant de cette agréable saison de Ligue 1 et que l’affiche du dimanche soir entre Lyon et Lille a été décevante, les débats sur l’arbitrage ont trouvé une place centrale en ce début de semaine. Au cœur des discussions, l’imbroglio autour de l’égalisation refusée à Lucas Paquetá à la 86e minute de cette rencontre entre l’OL et le LOSC. La conséquence d’un long moment de flottement — une habitude depuis l’intronisation de la VAR — à la suite de la décision de M. Turpin d’accorder dans un premier temps le but au Brésilien, dont le pressing intense avait poussé le gardien Leo Jardim à l’erreur sur son dégagement. Puis, l’assistance vidéo est venue semer le trouble, brouillant les pistes et l’esprit de l’arbitre principal, suspendu aux images et aux multiples ralentis. Celui-ci a finalement décidé de siffler une faute de Paquetá contre Jardim, ou plutôt un excès d’engagement du milieu de terrain rhodanien, provoquant ainsi l’ire des Lyonnais et des sous-entendus nauséabonds, pour ne pas dire complotistes, rappelant que M. Turpin s’était déjà distingué plus tôt dans la saison en accordant un penalty très généreux à Neymar lors de PSG-Lyon. Les pleurnicheries incessantes et les théories fumeuses ne peuvent pourtant pas contribuer à une évolution de l’arbitrage français. C’est même tout le contraire.

Les arbitres 2.0

La direction technique de l’arbitrage (DTA) s’est réunie au lendemain du match, et Pascal Garibian, le patron des arbitres en France, a apporté des éclaircissements dans la presse, précisant que le « but aurait dû être validé, comme il l’avait été sur le terrain » dans Le Progrès. En cause, un problème d’images : « Nous avons fait le constat qu’il était regrettable que tous les angles d’images proposés n’aient pas pu être appréciés par l’arbitre. (…) Même si l’envoi des images a été fait dans une volonté de proposer à l’arbitre de faire son choix final, il manque un flux. Nous reconnaissons une erreur. C’est toujours l’assistant vidéo qui propose à l’arbitre les différents angles. » Une déclaration qui a mis sur le devant de la scène Mikaël Lesage, l’arbitre dévolu à la régie de la VAR ce dimanche soir et déjà impliqué dans une polémique le week-end dernier lors de Nantes-PSG. Une aubaine pour certains justiciers posés derrière leur clavier pendant que d’autres énergumènes ont le loisir de distribuer en toute sérénité insultes et menaces de mort aux arbitres concernés. Une certaine idée de ce que peuvent endurer des dizaines d’hommes en noir dans la réalité du football amateur chaque week-end.

Au-delà de ces constats qui ne datent pas d’hier, il paraît nécessaire de se questionner sur l’évolution de la fonction d’arbitre ces dernières années. Dans les années 1990, Michel Vautrot ne faisait pas le même métier que Clément Turpin aujourd’hui. Depuis son introduction en Ligue 1 à l’été 2018, la VAR a tout changé pour les rois du sifflet. Il n’y a plus de place pour le feeling et l’interprétation, les arbitres n’ont tout simplement plus le droit à l’erreur. Garibian, encore : « Un autre angle, spécifiquement la loupe gauche, démontre que la décision initiale d’accorder le but était la bonne. M. Turpin était bien placé, dans la diagonale, et il avait bien jugé en validant le but. Mais tous les angles ne lui ont pas été mis à disposition, pour différentes raisons. » Des angles, des loupes et une multitude d’images décortiquées, voilà le terrain de jeu des arbitres en 2022. Il n’est presque plus question de terrain ni de vitesse réelle, mais d’écrans et de ralentis millimétrés. L’erreur n’est plus humaine, elle est technologique ou un peu des deux à la fois. L’arbitre, lui, peut encore moins se tromper qu’avant.

Le bureau des plaintes

Les autres acteurs, eux, s’en donnent à cœur joie. Jean-Michel Aulas et Peter Bosz ont tous les deux parlé de « scandale » après la partie. Comme Leonardo ou Marco Verratti ont pu le faire dans un vocabulaire similaire la semaine dernière. Des réactions à chaud qui peuvent parfois se comprendre, mais qui restent les mêmes une fois la tension retombée. Des réflexes contreproductifs, alors que la DTA et Pascal Garibian ont également leurs torts dans ces dialogues de sourds. Il est par exemple étonnant de voir le patron des arbitres choisir les polémiques après lesquelles s’exprimer. « Aujourd’hui, la FIFA et l’UEFA n’autorisent pas les arbitres à communiquer, se défend-il dans L’Équipe. Ces derniers sont des magistrats du match, ils n’ont pas à se justifier dans les médias, surtout à chaud. » La communication comme l’opaque système de notations des arbitres sont pourtant des freins à l’évolution de l’arbitrage hexagonal, tout comme le besoin vital pour les dirigeants de défendre leur petite boutique plutôt que de proposer des solutions pour l’intérêt général.

« On n’est pas dixièmes à cause des arbitres, mais aujourd’hui, il a fait une faute. Et déjà à Paris, avec lui, il n’y avait pas faute de Malo (Gusto) sur Neymar, s’est agacé le technicien rhodanien face à la presse. Tout le monde dit que c’est le meilleur arbitre de France, mais ce n’est pas le meilleur arbitre pour Lyon. » De quoi donner de la matière aux illuminés persuadés que leur équipe « dérange » et qu’elle n’est pas « arbitrée comme les autres », deux grands classiques. Les premiers mots de Bosz sont pourtant les plus importants : l’OL, le deuxième budget de Ligue 1 derrière le Paris Saint-Germain, ne pointe pas à la 10e place au classement à cause des trois matchs arbitrés par M. Turpin cette saison (trois défaites). Il faudrait plutôt chercher du côté de la gestion d’un club qui a vu son directeur sportif prendre la tangente cet hiver, des tâtonnements d’un entraîneur qui peine à convaincre, de l’inconstance d’un effectif qualitatif sur le papier ou encore, pour revenir à dimanche soir, incapable de transformer ses multiples frappes cadrées en but (21 tirs, 8 dans le cadre). Malheureusement, certains acteurs du foot sont plus prompts à dégommer les arbitres qu’à faire leur autocritique.

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Jonathan DAVID of Lille celebrates his goal with Edon ZHEGROVA during the French Cup match between LOSC Lille and Golden Lion FC at Stade Pierre-Mauroy on January 6, 2024 in Lille, France. (Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport)
Jonathan DAVID of Lille celebrates his goal with Edon ZHEGROVA during the French Cup match between LOSC Lille and Golden Lion FC at Stade Pierre-Mauroy on January 6, 2024 in Lille, France. (Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport)
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