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Lyon a trouvé les meneurs

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Lyon a trouvé les meneurs

Après un mois d'août réussi, l'OL retrouvera la L1 à Dijon (samedi, 19 heures), prélude à une série de confrontations de haut vol (Ajax, OM). Une période d'autant plus compliquée qu'il faudra apprendre à faire sans les meneurs que l'OL s'était trouvé jusque-là...

C’est à ce genre de détail qu’on sait que la saison lyonnaise a bien démarré : ce moment où l’OL pense enfin tenir ce bonhomme qui portera l’équipe à bout de bras et lui permettra d’emporter la mise malgré les secousses passagères. Juninho a occupé le rôle pendant huit ans et l’OL a remporté sept titres de suite. Gérard Houllier avait annoncé qu’il y avait tout d’un successeur dans les premières apparitions miracles de Karim Benzema. Suffisait juste de passer de 4-3-3 en 4-4-2 pour que le wonder kid de Bron Terraillon se charge de faire ce genre de différences autour desquelles se construisent en général les meilleures équipes. C’était sans compter sur l’envie de s’accrocher pour quelques saisons encore à ce 4-3-3 indissociable des années de domination, ni sur l’éthique de Claude Puel convaincu qu’un collectif tourne toujours mieux sans recours au joueur providentiel. Un credo bien parti pour faire recette lorsque l’OL réussit enfin à passer au-delà des quarts de Ligue des Champions, avant d’être rattrapé par cette réalité du football moderne qui veut qu’une équipe ne gagne jamais rien (ou si peu) sans un minimum de jeux d’ego.

L’âme de sortie

Bien plus que toutes ces histoires de retour au jeu, c’est bien cette partie de l’héritage de Claude Puel que l’OL s’est employé à liquider au plus vite. Ces deux derniers mois, le club a donné à voir quelque chose d’un retour aux sources, quitte à forcer le trait : reconstitution du trio Aulas-Lacombe-entraîneur, promotion des jeunes pousses issues de la formation, réactivation de la cellule recrutement autour de l’idée que c’est le club – l’ « institution » comme on dit entre Saône et Rhône – qui fait les grands joueurs et non l’inverse. Et donc, se trouver un meneur. Question d’habitude, on était parti pour situer ce type quelque part au milieu. Jusqu’à ce que Rémi Garde décide de régler la question en deux temps. Le premier, en montant son équipe en 4-4-2. Le second, en confiant le brassard de capitaine à Lisandro, des fois qu’on aurait interprété son dispositif tactique comme un choix par défaut compte tenu des absences en cours (Ederson, Gourcuff).

« Rémi a eu une bonne idée de donner le brassard à Lisandro. Elle a beau paraître évidente, je crois bien que je n’y aurais jamais pensé » . L’aveu lâché par Fleury Di Nallo sur le plateau d’OLTV n’est pas loin d’être celui qu’aurait pu formuler n’importe quel suiveur du club. Du moins ceux qui ont compris, la saison passée, qu’à travers son retour hors de forme en début de saison et ses sorties contrariées avant la 90ème, le Gaucho réclamait un statut d’exception. Une demande qui aurait pu lui valoir une étiquette de diva mal lunée s’il ne faisait effectivement partie de ces joueurs qui peuvent se permettre ce genre de fantaisie. La preuve, on a vu tous ses coéquipiers s’empresser de lui servir des balles but ouvert lors d’une plaisante sortie dominicale la saison dernière face à Arles-Avignon. Les célébrations un rien démesurées qui pouvaient suivre rappelaient qu’à défaut de pouvoir jouer la carte du lâchage d’entraîneur – légende tenace du foot français dont il faudra un jour avoir la peau –, les Lyonnais pouvaient au moins choisir leur camp : celui de Licha, l’homme providentiel, plutôt que celui de Puel.

Avant même de pouvoir composer avec un effectif au complet et un brin rajeuni, Rémi Garde a tenu à montrer qu’il prenait acte de la situation. Lui, le gars du crew, le fils préféré, a défait ce 4-3-3 historique qui se confondait avec l’idée qu’on se faisait du jeu à la lyonnaise pour lui préférer un 4-4-2 capable de coller davantage aux humeurs de Licha. Une décision qui avait tout de la marque d’allégeance. Jusqu’à ce que l’entraîneur se révèle moins novice qu’on ne l’aurait pensé en refilant le brassard à l’Argentin. Bien plus qu’un statut de « star » que lui avait reconnu Jean-Michel Aulas au creux de la saison dernière quand l’agacement à l’égard de Claude Puel prenait un tour trop spectaculaire, c’est une responsabilité que Lisandro Lopez s’est vu confier. Certes, il s’est montré un peu moins efficace depuis lors, ne marquant qu’une fois au cours des cinq dernières rencontres. En revanche, il a su insuffler ce supplément d’âme qui a permis à l’OL de boucler son mois d’août, celui de tous les dangers, avec la mine satisfaite.

Mais sans Pjanic ?

Mais pas franchement réjouie non plus. La faute à cette vilaine entorse qui devrait l’éloigner des terrains pour au moins une bonne quinzaine. Précisément là où s’annonce la première succession de confrontations hors-catégorie de la saison. Après un déplacement à Dijon samedi, les Lyonnais entameront leur session Ligue des Champions à Amsterdam mercredi prochain, avant de recevoir l’OM le week-end suivant. Bien sûr, il y a toujours une stat’ pour vous dire que la vie sans Licha n’est pas si infernale qu’elle n’en a l’air (11 victoires pour 4 nuls et 5 défaites). Sauf que les premiers intéressés, le reste de la troupe lyonnaise, pensent exactement le contraire. Un sentiment qui affleurait au soir de la victoire face aux Montpelliérains et dont JMA s’est fait le relais : « La blessure de Lisandro ternit l’ambiance. Il est plus qu’un capitaine. C’est l’homme qui entraîne l’équipe » .

Au vestiaire qui se demandait comment faire sans son nouvel homme fort, les supporters ont répondu : « Oui, mais sans Pjanic ? » . Le départ du meneur de jeu bosnien en a secoué plus d’un. Non pas pour ces belles lignes comptables qu’alignait le jeune Miré ces derniers temps (impliqué sur 4 des 5 derniers buts lyonnais), mais pour cette idée de jeu qui finit toujours par emporter les chœurs de Gerland, celle où l’intelligence d’un type se lit à travers passes. Quitte à oublier que bien des promesses entrevues lors d’une toute première apparition à l’occasion d’un match de préparation du côté de Belgrade n’ont jamais pu être tenues au-delà de quelques rencontres. S’il a rapporté quelque 10 millions d’euros à l’OL, son transfert sonne surtout comme la fin d’une illusion, celle de voir une sorte d’Iniesta à condition que la L1 le veuille bien. Non seulement elle n’en a pas voulu, mais tout porte à croire qu’elle lui préfèrera bientôt Gueïda Fofana, grand escogriffe du milieu que l’OL a aussi recruté pour son âme. De meneur.

Serge Rezza

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