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« Poutine sait très bien que la venue du Cameroun en Russie va beaucoup faire parler »

Propos recueillis par Alexis Billebault

Russie-Cameroun à Moscou et Russie-Kenya à Antalya : voilà le programme d'octobre pour la Sbornaya, interdite de compétitions internationales et qui n’avait affronté que des sélections asiatiques depuis l'invasion de l’Ukraine en février 2022. Lukas Aubin, directeur de recherches à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteur de Sportokratura sous Vladimir Poutine, explique pourquoi les Russes se tournent aussi vers l’Afrique.

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Depuis l’invasion de l’Ukraine, la sélection russe n’a joué que des matchs amicaux, toujours contre des adversaires asiatiques. Avec le Cameroun et le Kenya, les 12 et 16 octobre prochains, la Sbornaya va changer ses habitudes…

Il n’était pas illogique que la Russie, suspendue par la FIFA et l’UEFA, cherche malgré tout à exister et à jouer des matchs amicaux. En 2022 et 2023, elle a affronté le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, l’Iran et l’Irak. Autrement dit, des sélections dont les pays sont des alliés de Moscou. Il y a certes des anciennes républiques soviétiques dans cette liste, mais beaucoup d’autres, comme les pays baltes ou la Géorgie, par exemple, n’accepteront jamais d’affronter la Russie. Si la Russie veut trouver des adversaires pour des matchs amicaux, ce n’est pas difficile : il reste le Bélarus en Europe, le Venezuela en Amérique du Sud, la Chine, la Corée du Nord, le Turkménistan ou encore l’Inde en Asie. Il me semble évident que choisir le Cameroun et le Kenya est tout sauf un hasard.

Poutine a très bien compris que via le sport et une diplomatie sportive active, son pays peut en tirer profit. Il faut donc s’attendre à ce que d’autres sélections africaines se rendent à Moscou prochainement.

Lukas Aubin

L’organisation de matchs contre le Cameroun puis le Kenya a donc un aspect diplomatique. Pouvait-il en être autrement ?

Non. Des matchs de ce genre n’ont pu être conclus qu’après des accords politiques. La Russie a considérablement augmenté son influence en Afrique depuis 2019. Pour Moscou, c’est un gros coup d’avoir réussi à faire venir le Cameroun, qui est une des meilleures sélections africaines. Officiellement, la position de Paul Biya (qui était présent fin juillet à Saint-Pétersbourg au sommet Russie-Afrique, ndlr) sur le conflit russo-ukrainien est celle de la résolution. Mais il faut aussi se souvenir que le Cameroun, comme beaucoup d’autres pays, notamment en Afrique, s’est déclaré favorable à la présence des athlètes russes lors des Jeux olympiques de Paris en 2024. Oleg Matytsin, le ministre des Sports de la Russie, a récemment fait une tournée en Afrique. Poutine a très bien compris que via le sport et une diplomatie sportive active, son pays peut en tirer profit. Il faut donc s’attendre à ce que d’autres sélections africaines se rendent à Moscou prochainement.

Cela aurait pu être le cas en octobre : le Niger, la Centrafrique, le Burkina Faso, le Mali sont dirigés par des régimes ouvertement pro-russes…

En effet, mais le Cameroun, c’est d’un niveau supérieur. Vladimir Poutine sait très bien que la venue des Lions indomptables va beaucoup faire parler. Le Cameroun de Biya a de plus une position plus nuancée sur le conflit. Le régime ne soutient pas ostensiblement la Russie, le Cameroun n’est pas une marionnette de Moscou, mais d’une certaine façon, il a fait le choix de la Russie, et l’opinion publique camerounaise ne lui tiendra pas forcément rigueur d’avoir accepté que les Lions indomptables jouent en Russie. Il y aura bien sûr des gens qui n’apprécieront pas que leur sélection s’y rende, mais les critiques viendront probablement plus des pays occidentaux.

Il faut bien comprendre que la FIFA et le CIO ne voient pas le football d’un point de vue occidental. Ils le regardent d’une façon plus décentrée, aussi parce qu’il peut y avoir des affaires à réaliser.

Lukas Aubin

On assiste progressivement à un retour de la Russie dans les compétitions sportives, alors que l’armée de Poutine continue de bombarder l’Ukraine, de massacrer des civils dont des enfants (le 5 octobre, un missile a tué 51 villageois dans le village de Hroza, NDLR). Est-ce qu’il faut s’attendre à un assouplissement des sanctions ?

C’est fort possible. Les athlètes russes devraient participer au JO, certes sans drapeau ni hymne. Les sélections de football des moins de 17 ans pourront de nouveau prendre part aux coupes du monde (mais pas celle de cette fin d’année en Indonésie, NDLR), et je ne serais pas surpris que la FIFA autorise la Sbornaya à disputer les qualifications pour la Coupe du monde 2026. Tout cela alors que le projet militaire de Poutine n’a absolument pas changé. Mais il faut bien comprendre que la FIFA et le CIO ne voient pas le football d’un point de vue occidental. Ils le regardent d’une façon plus décentrée, aussi parce qu’il peut y avoir des affaires à réaliser. Alors oui, la Russie va revenir petit à petit dans les compétitions internationales, cela me semble évident.

La Russie avait envisagé de demander son adhésion à la confédération asiatique (AFC). Cela vous semble-t-il toujours plausible ?

Cette hypothèse semble être sur pause depuis plusieurs mois. C’était un effet d’annonce fin 2022. La Russie, sportivement, n’aurait pas forcément à y gagner en rejoignant l’Asie, où le niveau est moins élevé qu’en Europe. Il ne faut pas complètement l’exclure, mais elle ne me paraît plus vraiment d’actualité…

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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