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Les vraies questions existentielles du football – épisode 9

Par CG, RG et CAL
5 minutes
Les vraies questions existentielles du football – épisode 9

Trois interrogations fondamentales de tout amoureux de la balle ronde et même des néophytes. Pas de discrimination, surtout pas en ce moment.


Younousse Sankharé, mais avec croix et rond ?

Ils sont nombreux à avoir réussi malgré un handicap. Verratti sans une frappe de balle, Brandão sans technique, Yohan Mollo… Pourtant, Younousse en souffre patronymiquement depuis la naissance. Un coup du sort duquel il est difficile de s’extraire, mais que le Sankharé a su dépasser pour devenir professionnel. D’autant que selon les versions, le mal varie. Passe haute sur FIFA, tir sur PES, le bouton dont ne dispose pas le joueur de Guingamp pose un vrai problème. Pour Brian, vainqueur sur le premier cité du FIWC 2015, compétition rassemblant les meilleurs manieurs de manette de l’Hexagone, la dualité ne se pose néanmoins pas. Il a échangé ses boutons. Et avance également une solution au problème de Younousse, auteur de 15 petits buts en 8 ans de carrière : « Il y a toujours moyen de marquer sans. Il faut faire une petite passe devant le gardien et courir dans le but, mais c’est vraiment compliqué. Il faut vraiment qu’il y ait une différence de niveau avec l’adversaire. » Sankharé, condamné à briller aux avant-postes contre Metz ou en Coupe de France ? Pas sûr. Car au fond, l’utilisation des autres touches a son utilité : « Il faut essayer de conserver le ballon au maximum. Il faut essayer de presser haut et de ne pas laisser l’adversaire trop dans son camp » . Le placement du joueur au poste de milieu défensif ne trompe d’ailleurs pas. Autre option, respecter le mode de jeu : « Tu peux jouer avec d’autres gars à 11 contre 11 et chacun ne contrôle que son joueur. Y a même un mec dans les buts. Le défenseur ne va pas utiliser le bouton frappe, celui dans les buts non plus. » Alors Sankharé pourrait reculer. Une éventualité contre laquelle Jocelyn Gourvennec luttait il y a peu de temps dans L’Équipe: « Il est présent à la récupération et est capable de se projeter. Il est en train de devenir un joueur de haut niveau » . Ou tout simplement un mec qui a racheté une manette.


Mais à quoi sert la petite surface ?

À première vue, la question semble compliquée. Depuis Inception, un rectangle dans un rectangle dans un rectangle n’annonce jamais rien de bon. « C’est très simple pourtant » , nous rassure Lucien Bouchardeau, ancien arbitre de la Coupe du monde 1998, « c’est là où on tire les coups de pied de but par rapport à la loi 1 des règles du jeu » . Et l’homme en noir de regretter : « À l’origine, la loi précise qu’il faut jouer le ballon sur la ligne des 5,50 mètres à chaque dégagement, mais elle n’a plus sa valeur d’antan » . En cause, ces gardiens qui décident de dégager rapidement après chaque sortie de but, ou qui n’ont tout simplement plus aucun respect pour les conventions. Parmi les incriminés, on retrouve Simon Pouplin, le tristement célèbre gardien de l’OGC Nice : « Moi, je ne place pas forcément le ballon sur la ligne. Quand le terrain est catastrophique, il faut éviter les ornières et les trous par rapport à notre pied d’appui et notre course d’élan… Si on est assez habile, on peut aussi gagner quelques centimètres pour dégager plus loin » . D’accord. Donc, en gros, cette surface, elle ne sert à rien ? « Ah si, elle est totalement indispensable ! En match, elle sert à nous repérer dans le but. Quand on a l’habitude, les lignes permettent de nous situer inconsciemment par rapport aux cages. À l’entraînement, quand j’en suis privé, j’ai du mal à me placer » . Pour les attaquants, la problématique est la même. Plus que jamais esseulés en pointe, la petite surface devient une valeur refuge qui « les aide à se placer, tout comme le point de penalty » . N’en déplaise aux haters, cette dernière se révèle donc « indispensable » et beaucoup moins complexe que le film oscarisé.


Peut-on être un coiffeur et ne jamais réussir à égaliser ?

Déjà, il convient de savoir d’où vient cette expression. Plusieurs hypothèses existent. On parle du Mondial 1958 en Suède, au cours duquel seulement 15 des 22 joueurs de la sélection ont été utilisés. Pour passer le temps, les remplaçants auraient donc coupé les cheveux des titulaires. Mondial mexicain 1986 : Luis Fernandez aurait balancé que les remplaçants ne risquaient pas de se décoiffer en restant sur le banc. La piste d’un match du Red Star organisé un lundi, une date inhabituelle à l’époque, est aussi avancée, avec un argument massue : « Pourquoi le lundi ? Vous n’aurez que des bouchers et des coiffeurs dans les tribunes » . Comme si cela était un problème : les bouchers peuvent être sur le terrain, et les coiffeurs sur le banc, ça n’a aucun sens. Gilles Guilleron, linguiste, avait tenté la piste sémantique dans Le Parisien : « En fait, on doit cette appellation au verbe « coiffer », au sens de battre. (…) Dans le foot, les coiffeurs sont ceux qui attendent de coiffer les titulaires, c’est-à-dire de prendre leur place » . Quoi qu’il en soit, il est admis qu’un coiffeur est un remplaçant. Et un remplaçant sert souvent à faire basculer un match, surtout s’il est super, comme Ole Gunnar Solskjær. Le Baby-faced Assassin a prouvé qu’un coiffeur pouvait triompher, mais c’est bien Teddy Sheringham qui a égalisé. Or sa coupe pour aller chercher la coupe aux grandes oreilles n’était pas très travaillée. Comme toujours, il faut donc faire confiance à un spécialiste. Jonathan, coiffeur dans le 18e arrondissement parisien, pose le verdict : « Contrairement aux idées reçues, on ne cherche pas systématiquement à égaliser. Bien sûr, faut pas que ce soit 5mm d’un côté et 50mm de l’autre. Le secret, c’est de donner un sentiment d’équilibre, en coupant un peu plus là, un peu moins ici. L’implantation de cheveux des gens n’est pas homogène, il faut faire avec. Et surtout, il ne faut pas se brider, tout est possible dans la coupe » . La fameuse magie de la coupe, chère à Calais.

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