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Les trucages du Sco d’Angers
Évoqué dans une affaire de match arrangé contre Caen, Angers n'a pourtant pas besoin de ce genres de magouilles pour obtenir des résultats. Sa bonne saison actuelle le prouve, comme les précédentes depuis le retour du club en Ligue 1. Mais comment le SCO se débrouille-t-il donc pour obtenir si sereinement son maintien année après année, alors qu'il ne peut compter sur de gros moyens financiers ?
C’est arrivé comme un cheveu sur la soupe, alors même que le potage avait été avalé et que l’étoile avait déjà été donnée au cuisinier. Un chef cuistot angevin qui connaît sa recette locale sur le bout des doigts, et la sert à ses convives depuis plusieurs années avec la même satisfaction du devoir accompli. Servir du congelé, lui ? Jamais de la vie. Pourtant, c’est ce que les rumeurs ont voulu faire croire avant de digérer le fade repas normand : Caen-Angers, rencontre comptant pour la 32e journée de Ligue 1 et remportée par les visiteurs sur le plus petit des scores, aurait été ciblé comme potentiel match truqué.
Une improbable triche évoquée par le président de Guingamp Bertrand Desplat, qui a alarmé la Ligue de football professionnel dans son rôle de « lanceur d’alerte » selon ses propres propos. « Des discussions entre des joueurs d’Angers et de Guingamp » seraient à l’origine de cette « dénonciation » . N’importe quoi, a vivement réagi le SCO. Qui a prouvé, ces dernières saisons, qu’il n’avait pas besoin de ce genre de magouilles pour obtenir des résultats. D’ailleurs, comment le 19e budget de première division fait-il pour enchaîner les maintiens de façon si sereine ? Quels sont ses ingrédients qui lui permettent notamment de surfer sur une bien jolie période (une seule défaite sur ses onze dernières parties) et qu’il compte bien recycler pour faire vomir l’Olympique lyonnais, son adversaire de ce vendredi soir ?
Trente millions… et des idées
Trente millions d’euros de budget, donc. En Ligue 1, seul Nîmes dispose de moins d’argent (vingt millions). Si la surprenante onzième position des Crocodiles est à applaudir, les mains peuvent aussi se taper à haute fréquence devant la douzième place des Angevins. Qui, faut-il le rappeler, s’apprêtent à achever leur quatrième mission sauvetage dans l’élite avec brio. Alors, c’est quoi le truc(age) ? Y a-t-il un agrume secret ou une épice magique permettant d’expliquer cette réussite, qui s’impose malgré les nombreux départs de joueurs cadres observés chaque saison, à l’instar de Karl Toko-Ekambi (vendu l’été dernier à Villarreal pour une vingtaine de millions d’euros) ?
La stabilité, la malice et les idées, répond Serge Le Dizet, fidèle entraîneur adjoint de Stéphane Moulin : « Depuis que je suis à Angers, on a toujours usé de la même méthode. C’était le cas en Ligue 2, déjà. On perd nos meilleurs éléments ? Bah, il faut reconstruire. Comment ? En allant piocher à l’échelon inférieur, avec pas mal de succès. Le danger, c’est de se dire que ça va marcher à tous les coups. » Des mercatos gagnants maniés intelligemment qui amènent paradoxalement à la remise en question permanente, alors même que la vague positive pourrait faire tourner quelques têtes, et au boulot quotidien. En bref, continuer de travailler sans se prendre pour une autre entité.
Un point commun entre Reine-Adélaïde, Pépé, Ndoye et Manceau ?
« Lors du prochain mercato estival, on va encore perdre des joueurs. C’est le jeu, on le sait, reprend Le Dizet. Donc, il va falloir les remplacer. Et cette fois, ce ne sera peut-être pas en deuxième division, car on a peut-être un peu plus de possibilités économiques. Mais attention, on ne se voit pas plus grand qu’on est. Notre discours, c’est de dire qu’on peut servir de tremplin aux bons footballeurs. Leur faire franchir un palier. En échange, ils nous aident dans nos objectifs. C’est du donnant-donnant. La preuve avec Nicolas Pépé, Jonathan Bamba, Toko-Ekambi… »
De la jeunesse qui a faim et qui s’adapte bien aux impératifs de la dalle angevine, oui. Actuellement, Jeff Reine-Adélaïde et ses trois premiers buts en deux journées en sont – avec Stéphane Bahoken – les symboles. Mais le SCO n’oublie pas non plus l’importance de l’expérience et de la continuité. Les retours plus ou moins récents de Cheikh Ndoye ou de Ludovic Butelle vont dans ce sens, le taf réalisé par les anciens Romain Thomas ou Vincent Manceau également. Pas de quoi envisager la Ligue des champions à court terme, mais suffisant pour s’installer durablement en Ligue 1. La folle ambition que s’était donnée Angers lors de sa remontée, et qui est plus que jamais d’actualité. Sans pot-de-vin, évidemment.
Par Florian Cadu
Propos de SLD recueillis par FC