- Euro 2012
- Groupe B
- Danemark/Portugal (2-3)
Le Portugal au buzzer
Au terme d'un match fou, le Portugal s'impose 3-2 contre le Danemark et conserve toutes ses chances d'accéder aux quarts de finale. Varela a offert la victoire aux Lusitaniens à la 87e minute, après que Bendtner avait ramené le score de 2-0 à 2-2.
Danemark – Portugal 2-3 Buts : Bendtner 40′ et 81′ pour le Danemark / Pepe 23′, Hélder Postiga 35′ et Varela 87′ pour le Portugal
Oui, ce Portugal a eu chaud. Très, très chaud même. À trois minutes du terme, l’équipe de Paulo Bento était quasiment éliminée de l’Euro. Mais Silvestre Varela a surgi de nulle part et a sauvé toute une nation, en inscrivant le but de la victoire. Le joueur de Porto sauve aussi, indirectement, son compatriote Cristiano Ronaldo, qui aurait pu devenir le bouc émissaire de l’équipe portugaise, à cause de ses deux énormes occasions ratées en deuxième période. Bon, tout est bien qui finit bien, pour le Portugal. Ou presque. Il fallait une réaction. La réaction est arrivée. « Ouf ! » , soupire tout le peuple portugais. Le Portugal peut, en effet, encore croire qu’il est à même de se sortir du groupe de la mort. Grâce à ce succès contre le Danemark (3-2), les espoirs sont désormais plus qu’autorisés. En attendant le match de ce soir entre l’Allemagne et les Pays-Bas, le Portugal revient à égalité avec l’Allemagne et le Danemark, sa victime du soir. Le scénario fou voudrait que les Pays-Bas s’imposent dans la soirée, histoire d’avoir toutes les équipes à trois points et de nous offrir un dernier tour incroyable de suspense. D’où l’importance, pour le Portugal, de s’être imposé aujourd’hui. Après le revers contre l’Allemagne, les joueurs de Paulo Bento n’ont pas franchement offert la prestation du siècle, ont tremblé lorsque Bendtner a égalisé à quelques minutes du terme, mais se sont finalement imposés. La victoire, sur le plan des occasions, est somme toute logique, même si, pendant les quelques minutes qui ont précédé le but victorieux de Varela, les Portugais ont sacrément flippé. Cristiano Ronaldo plus que tous les autres.
Pepe l’aboyeur
Pas de round d’observation dans cette rencontre. Le match débute fort. Et au petit jeu du « Je commence à blinde » , c’est le Danemark qui prend le dessus. Les Danois surfent encore sur l’euphorie de leur victoire contre les Pays-Bas et se créent deux situations favorables dans les cinq premières minutes. Dans les deux cas, c’est Pepe qui sauve les meubles et qui gueule sur ses partenaires, trop attentistes. Or, quand Pepe gueule, ça fait peur. Le feu danois s’éteint bien vite. Dès la 10e minute de jeu, le Portugal prend les choses en mains, à l’image de cette première frappe de Veloso, repoussée par notre ami le portier d’Évian Thonon Gaillard. Au quart d’heure, la première tuile pour les Nordiques : Zimling, touché, doit céder sa place à Jakob Poulsen. Hop, ça fait deux Poulsen sur la pelouse. Un ou deux Poulsen, Cristiano Ronaldo s’en tape. Lui tente sa chance aux 20 mètres, mais dévisse totalement sa frappe. Il se tourne vers la pelouse, l’air de dire « C’est de la faute de la motte de terre. » Bah alors, Cristiano, toi aussi, comme la Roja, tu es atteint du syndrome pelouse ?
Bref, la pression portugaise se fait de plus en plus forte. Hélder Postiga est tout proche d’ouvrir le score sur une reprise de volée. L’alerte avant l’ouverture du score. Sur le corner qui suit, Pepe catapulte le cuir au fond des filets. 1-0. Câlins, cris, embrassage d’écusson. Ce pion libère les Lusitaniens. Ronaldo s’agite, mais c’est surtout Nani qui monte en puissance. Sur son aile droite, le Mancunien devient irrésistible, à coups de courses et de chevauchées folles. Si les premières incursions sont vaines et qu’en face, Raul Meireles prend un carton jaune qui aurait pu être rouge (faute de main flagrante empêchant Krohn-Dehli de filer au but), la tentative de la 35e minute est payante. Nani offre un caviar à Hélder Postiga, qui fusille Andersen aux 6 mètres. 2-0. Affaire pliée ? Pas du tout. Le Danemark, après 20 minutes d’anémie totale, se réveille. Et quoi de mieux que de se réveiller avec un but ? La construction est d’ailleurs parfaite : un long centre, une remise de la tête, et un coup de casque dans le but vide de Bendtner. Histoire de rouvrir le match juste avant la pause.
Ronaldo se troue, pas Varela
Pas refroidis par le but danois juste avant le repos, les Portugais attaquent la seconde période avec la ferme intention de tuer le suspense. Cette occasion arrive plus tôt que prévu. Dès la 49e minute, Cristiano Ronaldo profite d’un mauvais alignement de la défense danoise pour s’envoler seul au but. Course. Duel face à Andersen. Frappe toute pourrie. Duel perdu. Tous les supporters du Real Madrid ont pensé la même chose : « Avec le Real, il l’aurait mise 1000 fois. » Cette opportunité manquée pourrait faire du mal, mentalement, aux joueurs de Bento. Mais non. Parce qu’en face, les Danois se montrent bien peu entreprenants, contrairement à ce qu’ils avaient pu montrer contre la Hollande. Hormis un missile de Kvist peu après l’heure de jeu, qui vient faire une caresse à la lucarne de Rui Patrício, rien à signaler côté scandinave. Ah si, une frappe croisée de Bendtner. Mais trop croisée, en réalité.
On sent bien qu’en accélérant un peu, le Portugal pourrait tranquillement aller en planter un troisième et régler l’affaire. Trop timorés, peut-être aussi apeurés par l’idée de se faire égaliser, les joueurs de la Selecção attendent, attendent, puis frappent enfin. Nani sert CR7, qui se retrouve seul face à Andersen. Il n’y a qu’à la pousser au fond. Non. Ronaldo la met à côté. À n’y rien comprendre. Quelques secondes s’écoulent et Bendtner, glacial comme un killer, crucifie Rui Patrício d’un coup de tête puissant. À ce moment-là, les Lusitaniens sont au bord du précipice. Prêts à tomber. Ronaldo, lui, est déjà au fond de ce gouffre. Bento joue la carte Varela. Grand bien lui en a pris. Trois minutes plus tard, le Portiste se remet dans le sens du but, après une volée manquée, et inscrit le but de la victoire pour le Portugal. Le but de l’espoir. Le but qui vous tient en vie tout un pays. Le Portugal jouera sa finale du groupe dans quelques jours, contre les Pays-Bas. Encore une autre paire de manches. Néanmoins, pour aller plus loin dans cette compétition, il va vraiment falloir retrouver le vrai Cristiano Ronaldo. Car cela va finir par se voir que c’est son cousin qui joue à sa place depuis le début de l’Euro…
Éric Maggiori