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Le musée caché de Maradona

Par Antonio Moschella
Le musée caché de Maradona

Loin des rues du centre-ville de Naples, où la passion pour Diego Maradona palpite toujours sous forme d’autels et de peintures murales, se cache un endroit ignoré par la majorité des locaux. C’est le musée créé par Massimo Vignati, fils de l’ancien gardien des vestiaires du San Paolo et de la mère « napolitaine » de l’idole. Incursion dans un petit monde magique, hors du temps. Un trésor inestimable.

Les motos filent à toute vitesse dans le quartier de Secondigliano, zone est de Naples, pas loin de l’aéroport. Un endroit surtout connu pour être l’antichambre de Scampia, l’un des quartiers plus compliqués de la ville, où la seule règle est qu’il n’y en a pas. Cependant, quelque part sur la via Lombardia, il existe un petit local aménagé dans le sous-sol d’un immeuble qui ne paye pas de mine. C’est le Club Napoli Saverio Vignati, du nom de l’ancien gardien des vestiaires du stadio San Paolo pendant trente ans. L’homme qui gère aujourd’hui cet espace se nomme Massimo Vignati, fils de Saverio, qui a fondé ce « club » pour perpétuer la mémoire de son père, mais aussi pour donner de l’espoir aux jeunes malades de l’hôpital Pausylipon, situé de l’autre côté de la ville. « Avec l’association Una goccia d’azzurro (une goutte de bleu), on veut soutenir les enfants malades qui sont hospitalisés là-bas » , prévient-il d’entrée. À la base du projet, un trésor sentimental inestimable, mais sans grande valeur économique : le seul musée consacré à Diego Armando Maradona. Un capharnaüm composé d’objets lui ayant appartenu. Là, comme ça, entreposés au sous-sol d’un modeste immeuble de la périphérie napolitaine…

De son banc aux chaussures d’Italia 90

En pénétrant dans ce sous-sol, l’émotion est palpable. Entre ce bleu ciel qui domine la tonalité générale et ces maillots célèbres qui tapissent les murs, on peut apercevoir quelque chose d’inimaginable aujourd’hui dans un vestiaire : un banc en bois, celui où seul Maradona avait le droit de s’asseoir. Au-dessus donc, plusieurs maillots du Napoli de l’époque dorée, et deux paires de chaussures Puma. La première est celle de la victoire de l’Argentine face à la Belgique au Mondial 86, quand Maradona avait encore une fois fait le show avec deux superbes buts. La seconde renvoie à la Coupe du monde Italia 90, quand le dieu du football napolitain avait réussi à battre l’Italie au San Paolo, le stade de Naples, sa maison. Au bout de quelques minutes d’immersion, les yeux ne savent plus où se poser tant les objets ayant appartenu au Pibe sont nombreux. Protège-tibias, ballons, trophées, statuettes, fanions, porte-clés et photos en pagaille. Le catalogue n’en finit plus et la magie du retour à l’enfance opère au fur et à mesure des trouvailles. Surtout lorsque le maître des lieux tient à préciser qu’il n’a « pas acheté ces objets. Ce ne sont que des cadeaux de Diego à mon père, c’est quelque chose de très spécial parce que ça vient directement de lui ! » , et reconnaît avoir eu une adolescence privilégiée au contact de celui que beaucoup qualifient de meilleur joueur de foot de l’histoire.

Lucia, la mama napolitaine de Diego

À Naples, même s’il est 20h, c’est toujours le bon moment pour prendre un café. Accueillir les invités avec le nectar local est une habitude sacrée. Il faut donc monter les trois étages qui mènent à la maison de Lucia, soixante-dix ans, la mère de Massimo que Diego Maradona appelle lui aussi « maman » . L’une des personnes les plus proches du joueur argentin pendant son séjour de sept ans à Naples. Présentée à Diego et sa femme Claudia par une amie commune comme une cuisinière très douée, Lucia a tout de suite réussi à conquérir le cœur du couple argentin. « Diego adorait mes pâtes à la sauce tomate et mes freselle (du pain croustillant typique de la région) avec huile d’olive et mortadella. C’était un type simple en dehors du terrain » , se remémore celle qui a retrouvé son fils adoptif vingt-quatre ans plus tard, en 2014, pour une rencontre chargée en émotions et en larmes. La relation entre la famille Vignati et la famille Maradona est si forte que Dalma, la première fille de Diego, est venue dormir chez Lucia la dernière fois qu’elle est allée à Naples. « Le respect de Diego et Claudia pour mon mari Saverio a toujours été énorme et sain, personne n’a été plus proche que moi dans la vie de tous les jours de la maison Maradona. Regarde, il nous a même appris comment boire le maté » , plaisante la mama en indiquant le récipient typique pour boire le maté disposé dans une chaussure de Diego, derrière une vitrine où sont disposés les objets qui n’ont pas trouvé leur place au sous-sol.

« Ce n’est pas une boutique ! »

« Plusieurs personnes m’ont offert plein d’argent pour les reliques du musée, mais moi, l’argent ne m’intéresse pas. Cet espace que j’ai créé, c’est déjà une récompense pour moi » , soutient Massimo, qui montre fièrement la veste de survet que Maradona portait pendant cet échauffement surréaliste avant Bayern Munich – Naples, en demi-finales de la Coupe de l’UEFA 1988-89.

« Le musée est désormais une partie de ma vie. J’ai grandi avec des principes très sains inculqués par mon père et j’essaie de les transmettre à mes deux gamins, Saverio et Diego. Le premier porte le même prénom que mon père, le deuxième… Et bah tu le connais bien, hein » , sourit Massimo. Il est 20h30 quand la visite privée du musée se termine. C’est bientôt l’heure de dîner et il faut laisser cuisiner Lucia qui, dans un ultime regard bienveillant, nous salue pendant que Massimo raccompagne jusque dans la rue. « Ceci n’est pas une boutique, c’est un espace magique où je veux que les gens soient heureux, comme dans un vrai musée. Mon but est de trouver un accord avec le Napoli pour créer un espace comme celui-là dans le stade. Pour l’instant, je n’ai pas encore eu de réponse, mais j’espère que les choses bougeront rapidement. En attendant, je continue mon parcours et ma plus belle récompense, c’est de voir des gamins malades sourire grâce aux efforts que réalise mon association. » Mais avant de prendre congé, Massimo tient à faire passer un message : « Si seulement je pouvais avoir un maillot signé par Mascherano ou par Messi pour ces garçons hospitalisés… » Si Lucia lui demande, Diego l’apportera lui-même lors de sa prochaine visite via Lombardia.

Par Antonio Moschella

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