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Le Journal des Losers
On attendait l'OM au tournant, pour oser les faire basculer dans la catégorie des perdants impénitents. Mais Marseille s'est sorti juste à temps de sa spirale maudite. Alors Olivier Kapo, le Hertha Berlin et quelques restes feront l'affaire.
« J’ai un creux mais je ne me sens pas dans le trou. J’ai connu pire » . Richard Gasquet, Miami, 2010.
Crucifié à la 33e minute dans le silence assourdissant de la honte. Olivier Kapo est peut-être définitivement mort un dimanche après-midi à Paris au rappel de Laurent Guyot, qui le condamna à une sortie sinistre, jugé par le regard froid et impitoyable des milliers de sièges vides du Parc des Princes. Un supplice, en probable ultime étape d’un chemin de croix entamé dans les vapeurs de Chablis. Auxerre est alors champion et Kapo l’une des étoiles de la dernière génération dorée bourguignonne : Cissé, Mexès, Bonaventure Kalou, Jean-Alain Boumsong, Teemu Tainio, Kanga Akalé… Génération survendue surtout. Kapo ira à la Juve. Échec. Relance à Monaco. Deschamps le veut, mais Guidolin débarque une poignée de jours plus tard. Et que le nom du joueur soit un anagramme de Kopa ne suffit pas à séduire l’Italien. Placard. Mais sur le sinueux sentier emprunté par l’ex-Auxerrois, la Providence veille et Deschamps devient entraîneur de la Juve reléguée en Serie B ; Kapo appartient toujours aux Blanc et Noir, mais DD ne le veut plus : direction Levante. Puis Birmingham City, club avec lequel il est relégué. Poursuite de la descente aux enfers à Wigan. Il ne s’y sent pas bien et s’en ouvre : demi-placard, avant de signer en janvier à l’USCBO. Le milieu gauche le reconnaît lui-même sur son site, il a parfois fait les mauvais choix. Mais il aurait pu en faire de pires. Après Levante, il était prêt à signer au Betis Séville. Et en 2004, au PSG. Mais il y eut l’appel de la Juve, et la carrière que l’on connaît.
La sale histoire de Berlin
Paris n’est pas seul. Il existe une autre capitale qui cultive le ridicule sur le Vieux Continent : Berlin. Pas aidé par la guerre froide, le Hertha, son club phare, a connu une existence turbulente, rythmée par les relégations jusqu’à des divisions sous-marines. Stabilisé en Bundesliga depuis 1997, le représentant de la ville bohème a même connu la Ligue des Champions il y a tout juste dix ans. Un passé aussi lointain que ses glorieux titres de 1930 et 1931. Un passé avec lequel les hommes de la capitale étaient tout près de renouer la saison dernière, avant de s’effondrer dans la dernière ligne droite, et de terminer à la place du benêt, quatrième. Trop bête. Mais ce n’était que partie remise, puisque le Hertha avait changé de dimension. Résultat : après un succès inaugural, neuf défaites d’affilée en Bundesliga, et une lanterne rouge qui accompagne depuis chacun de ses pas. Dans ce destin fracassé, les supporters y ont mis du leur pour que le parallèle avec le PSG se justifie totalement. Envahissement de la pelouse le 13 mars dernier face à Nuremberg pour en découdre avec les forces de l’ordre. Si le huis-clos n’est pas décrété, le club se voit imposer une restriction des ventes à 25 000 billets, et le virage le plus turbulent sera fermé pour la réception de Stuttgart le 10 avril. Les historiens pourront toujours objecter que Berlin disposait d’un représentant plus familier de la victoire à l’Est : le Dynamo Berlin. Reste qu’à l’Ouest de l’Allemagne, l’addition foot et capitale ne fonctionne plus depuis bien longtemps. Quelqu’un connaît le FC Bonn, le Bayern de Bonn, ou le Bonn 007 ?
L’Atletico, les Éléphants, et les Allemands
Dans ce journal des losers, auraient aussi pu être cités, l’Atletico Madrid, qui a encore offert un condensé de son savoir-faire : ouverture du score sur une action de grande classe, avant de s’effondrer en dix minutes à Santiago Bernabeu. La Côte d’Ivoire aussi. Qui en choisissant Sven-Goran Erikson a confirmé qu’elle ne gagnerait jamais rien malgré un onze titulaire aussi cher qu’une cargaison de défenses d’éléphants. Enfin, Schalke 04 qui a pris la tête de la Bundesliga. Et finira tôt ou tard par la céder…
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