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Le jour où Ben Arfa a mis son premier but professionnel

Par Gaspard Manet
6 minutes
Le jour où Ben Arfa a mis son premier but professionnel

Ça aurait pu être une frappe des trente mètres ou une mine après un festival de dribble. Mais Hatem Ben Arfa a préféré ouvrir son compteur chez les pros sur péno, à tout juste 17 ans. Les témoins de l'événement racontent ce premier coup d'audace de HBA.

Ce 10 novembre 2004, Lillois et Lyonnais s’affrontent à Villeneuve-d’Ascq, en seizièmes de finale de la Coupe de la Ligue. Pour un OL programmé pour remporter le championnat et aller le plus loin possible en Ligue des champions, cette rencontre est l’occasion de faire tourner. Plusieurs cadres sont donc laissés au repos, même si Juninho, Govou, Abidal ou encore Nilmar sont sur la pelouse. Au milieu d’eux, Hatem Ben Arfa. Le gamin, devenu star après la diffusion du documentaire À la Clairefontaine et sa signature ultra médiatique à l’OL en 2002, a débuté avec le groupe pro quelques mois auparavant, lors de l’intersaison estivale. Des débuts prometteurs de l’avis de tous, comme s’en souvient Nicolas Puydebois, son ancien coéquipier chez les Gones : « Quand on le voit arriver, bon, déjà tout le monde le connaissait au club, mais on se rend vite compte qu’il a des qualités footballistiques largement au-dessus de la moyenne. Tout le monde pense alors qu’il va déplacer des montagnes. » À défaut de se farcir l’Everest, Ben Arfa ne tarde pas à faire son trou dans l’effectif lyonnais, au point de faire sa première apparition dans l’élite lors du match d’ouverture de la saison, face… à Nice.

Pour Yohan Gómez, joueur de l’OL à l’époque, le talent d’Hatem ne fait alors aucun doute : « Son talent pur était vraiment fascinant. Et puis il avait une vitesse balle au pied incroyable, beaucoup plus rapide que plein de joueurs sans ballon. À l’entraînement, on le voyait faire des trucs… C’était vraiment spectaculaire. » Des qualités impressionnantes, donc, qui lui permettent d’enchaîner les apparitions et même quelques titularisations, comme face à Lille, ce jour de novembre 2004.

« On peut dire qu’il n’a pas tremblé, ça c’est clair »

Un peu plus de deux mois auparavant, les deux équipes se sont déjà affrontées en championnat, dans un duel remporté par l’OL, 1-0 (but de Frau, ndlr). Cette fois, il s’agit d’un match de Coupe de la Ligue, et la donne n’est pas vraiment pas la même. L’OL a laissé quelques cadres au repos, et Lille a bien l’intention de créer l’exploit. Stéphane Dumont, présent dans le camp lillois ce jour-là, se souvient : « C’était vraiment un grand match avec une superbe ambiance. Le stade était en feu, on espérait vraiment faire quelque chose. » Un quelque chose un peu inespéré, puisque l’OL est encore invaincu quand il se présente dans l’enceinte lilloise. L’exploit à réaliser est donc de taille. Et les Nordistes parviennent à le titiller lorsque Matt Moussilou ouvre le score à la 56e minute de jeu. En face, l’OL ne parvient pas à réagir, l’élimination semble inévitable, jusqu’à la 89e, moment choisi par Éric Abidal pour remettre les compteurs à zéro sur une reprise consécutive à un corner tiré par… Ben Arfa. On ira donc jusqu’à la prolongation. Dans les rangs lyonnais, Juninho et Govou ont regagné le banc, mais Hatem, lui, est toujours là. Plus virevoltant que jamais. Et lorsque M. Layec accorde un penalty aux Gones à la 101e minute de jeu, pour une faute sur Nilmar, le gamin n’hésite pas et se saisit du ballon. « Quand on y repense, on se dit que ça aurait dû être un joueur plus expérimenté qui aurait dû prendre ses responsabilités, analyse Puydebois, présent dans les cages lyonnaises ce jour-là. Mais vu la confiance qu’il avait en lui à l’époque, il n’y a rien de surprenant, en fait. » Car de la confiance, Ben Arfa en a à revendre. Et malgré son jeune âge, il n’a peur de rien. Grégory Malicki qui gardait les cages lilloises, revoit encore la détermination de celui qui n’est alors qu’un gamin : « Au moment de tirer le penalty, il était très serein, il a ouvert son pied, tranquillement, et même si je suis parti du bon côté, je n’ai pas pu toucher la balle. On peut dire qu’il n’a pas tremblé, ça c’est clair. »

« Le plus impressionnant, ça reste Hatem »

Hatem Ben Arfa vient donc d’inscrire son premier but en professionnel. Et s’il ne s’agit sûrement pas du plus beau de sa carrière, l’audace dont il a fait preuve montre bien toute la folie du garçon, cette confiance hors du commun qui l’habitait alors. Yohan Gómez, titulaire ce jour-là, ne s’étonne guère de cette prise de responsabilités : « Hatem jouait avec les pros comme il jouait trois mois avant avec les moins de 17, il était insouciant. Alors tirer un peno en pro ou avec les 17, pour lui c’était pareil. Je pense sincèrement qu’il ne s’est pas posé de questions, il avait envie de tirer et il l’a fait, point. » De l’insouciance ? Pas seulement, selon Gómez : « Il était totalement hermétique à la pression, c’est quelque chose de propre à tous ces joueurs talentueux qui ont conscience de leur force. » Malheureusement pour l’OL, l’audace de son jeune prodige ne suffira pas à valider son billet pour les huitièmes de finale. D’autant que le jeune Lyonnais ne peut pas finir la rencontre, blessé à l’épaule. Problème, Paul Le Guen a déjà effectué tous ses changements, et l’OL joue déjà à dix après la sortie, sur blessure également, d’Éric Abidal. Les Lyonnais terminent donc la rencontre à neuf et voient leurs espoirs de qualification s’envoler lorsque Geoffrey Dernis égalise, avant que Stéphane Dumont, en toute fin de prolongation, ne vienne définitivement acter la qualification lilloise. À sa plus grande joie : « C’était un moment magique, nous aussi, on était des jeunes joueurs. Et puis on battait un Lyon jusque-là invaincu. Encore aujourd’hui, ça reste un super souvenir. » Un souvenir à part pour Malicki qui restera, à jamais, comme le premier gardien à avoir encaissé un but de l’actuel Niçois : « C’est à moi qu’il a mis son premier but en pro, donc je prends ça comme un clin d’œil. Et puis bon, ça va, il ne m’a même pas dribblé, c’était juste un penalty » , se marre l’ancien gardien lillois. Une chose dont ne peuvent pas se vanter tous les gardiens qui l’ont croisé. Même si ces derniers se doivent de relativiser, à en croire les propos de Puydebois : « J’ai quand même croisé de bons joueurs dans ma carrière entre Sonny Anderson, Juninho ou même Essien, mais honnêtement, le plus impressionnant, ça reste Hatem. »

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