- Coupe du monde 2018
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Le Domaine des dieux

Depuis le début du Mondial, l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg accueille une expo sur le foot. Le projet ? Représenter les joueurs dans des uniformes militaires.
Le 20 juin dernier, un vieil homme est venu rendre visite à Fabrizio Birimbelli. C’était à Saint-Pétersbourg, au premier étage de l’Académie russe des beaux-arts. Ce type sait qu’il n’est pas le bienvenu en Russie, raconte à qui veut l’entendre que « la FIFA est embarrassée par sa présence » , mais s’en cogne pas mal : il traîne ses 82 piges, ses casseroles et ses résistants capillaires à travers ce Mondial. Oui, Blatter fait de la résistance. La suite, c’est Fabrizio qui la raconte : « Il est arrivé un matin et s’est montré très intéressé par mon travail, il a été très gentil. Et à la fin, il m’a dit qu’après quarante ans passés dans le foot, il était heureux de voir enfin une exposition appeléeLe football est de l’art. » Fabrizio Birimbelli est italien, artiste et fan de foot, ce qui donne durant cette Coupe du monde ceci : une exposition ouverte depuis le début du Mondial et qui s’étire jusqu’au 5 juillet, où l’on peut retrouver une quarantaine de portraits de joueurs historiques au milieu de sculptures de dieux grecs. Le projet s’appelle Comme des dieux, tout est dit.
« Je ne suis qu’un fan de foot, hein »
Mais d’où vient-il ? D’assez loin : au départ, Fabrizio Birimbelli, barbe épaisse sur crâne dégarni, s’est lancé dans ce type de portraits pour des amis, juste pour le plaisir. Puis, le bonhomme a pris le crayon et tenté le coup avec les joueurs de son club de cœur, la Roma. « Grâce à ça, je me suis retrouvé sur le site officiel du club, lâche-t-il. Un jour, Antonio Rüdiger m’a contacté et j’ai eu l’opportunité de rencontrer Francesco Totti à Trigoria (le centre d’entraînement de la Roma). » Pas mal. Depuis, l’illustrateur numérique s’est enfilé plus d’une centaine de portraits du genre, qu’il est possible de retrouver sur son Instagram, mais donc aussi, pour certains, à Saint-Pétersbourg, où le projet était assez simple : prendre des références internationales, passées ou actuelles, et les représenter dans des uniformes militaires version XIXe siècle. Il précise : « Je ne suis qu’un fan de foot à la base hein, donc c’est possible qu’il y ait des erreurs historiques dans mes choix vestimentaires. »
La couronne de Canto, la cotte de Zlatan
Voilà comment Zlatan Ibrahimović peut se retrouver dans une cotte de mailles, une épée à la main, Éric Cantona avec une couronne sur la tête, Antoine Griezmann le cou coincé dans une collerette… Bref, un joyeux bordel assez bien réalisé, via des photos trouvées sur internet, avec des mecs comme Zidane, Maradona, Klopp, Ramos et même Aleksandr Kerzhakov. « Je voulais des mecs avec une gueule, une histoire et qui représentent quelque chose pour leur équipe nationale, pas forcément que des superstars, prolonge Fabrizio. Aujourd’hui, je reçois des demandes de supporters pour représenter n’importe quel joueur ! » Une question, forcément, avant de se quitter : l’Italie restée à la maison, qui supporter pendant ce Mondial ? « Nos vieux frères, le Mexique ou le Brésil… On n’a pas vraiment de bonnes relations footballistiques avec la France et l’Espagne, donc bon. Mais peut-être que pour cette Coupe du monde, je vais surtout garder un œil sur cette Croatie… » Ça tombe bien, elle joue dimanche soir face au Danermark.
Par Maxime Brigand, à Saint-Pétersbourg