Le Big 3 et les Reds
A la fin de la saison, cette 29/30ème journée de Premier League pourrait valoir son pesant de haricots sauce tomate (ceux que les Anglais étalent sur des tartines préalablement beurrées, puis micro-ondées). Manchester United revient de loin, Arsenal joue avec les béquilles d'Eduardo, et Chelsea impose le ménage à trois pour la dernière ligne droite. Bref, pas si «easy peasy lemon squeezy» de savoir qui soulèvera le trophée Barclays. Et dire que Jérémie Aliadière y est pour quelque chose...
Arsenal – Middlesbrough : 1-1
Arsenal, c’est une histoire de doigt(s). Remporter le titre ? En début de saison, le doigt dans l’œil. Il y a quelques semaines, les doigts dans le nez jusqu’au coude. Depuis ce week-end, les Gunners réalisent qu’il va falloir se les sortir d’où ils savent.
Au soir du 11 février et d’une victoire 2-0 face à Blackburn, Arsène Wenger pouvait se targuer d’une avance de cinq points sur son dauphin mancunien.
Quatre matchs nuls plus tard (Birmingham, Aston Villa, Wigan et Middlesbrough), l’avantage a fondu et la crainte d’une saison blanche envahit les travées de l’Emirates Stadium. Seule la qualification face au Milan AC a redonné du goût aux tartes champignon-poulet des supporters. Mais inutile de dire que le quart de finale qui s’annonce face à Liverpool fait déjà suer les fronts
La faute à un jeu offensif un peu à court de souffle, et aux performances juste moyennes des deux moteurs de l’équipe cette saison, Fabregas et Adebayor.
L’Espagnol, s’il est toujours indispensable au jeu londonien, a perdu de son Cesc appeal dernièrement. Lui qui avait fait trembler six fois les filets lors des douze premières journées n’a récidivé qu’une fois depuis, et encore, contre Newcastle…
Le To(n)golais de son côté est muet en championnat depuis, comme par hasard, quatre matchs. Peut-être le prix à payer pour avoir marqué son premier but en Champions League avec les Canonniers.
Ironie du sort, c’est Jérémie Aliadière qui s’est permis d’inscrire son quatrième but de la saison (son troisième en sept rencontres) contre son ancien club. Pour confirmer tout le bien qu’Arsène Wenger pensait de lui. A l’époque, ce dernier criait sur tous les toits qu’Aliadière deviendrait l’un des meilleurs joueurs français de sa génération…
Derby County – Manchester United : 0-1
C’est toujours comme ça. Déplacez-vous chez une lanterne rouge à la rue à un moment décisif de votre saison, et vous pouvez être sûrs que c’est pile poil ce jour-là qu’ils décideront d’essayer de jouer au football. Ils auraient pu faire ça en coupe, ou contre une formation du ventre mou, mais non ; Derby a résisté ce samedi-là, face à l’armada mancunienne.
Evidemment, Manchester United a quand même gagné à la fin. Mais il aura fallu que Giggs, Rooney et Ronaldo, qui comptabilise onze situations favorables à lui seul, y laissent leur short.
Finalement, c’est le 31e but, pas le plus évident et peut-être le plus important, du Portugais cette saison qui a réinstallé les Red Devils en tête du classement, avec un match de moins que les Gunners au compteur.
Alors, Cristiano Ronaldo-dépendance ou pas ? Le Lusitanien a inscrit ses vingt-deux buts lors de quatorze des vingt-trois derniers matchs de Premier League. Pour l’instant, le trône ressemble juste à une chaise pliante, mais pourrait se transformer en fauteuil lors des quinze prochains jours, au cours desquels Sir Alex recevra Bolton, Liverpool et Aston Villa consécutivement à Old Trafford.
Quoiqu’il en soit, le plus émouvant reste la déclaration d’après-match de Paul Jewell, l’entraîneur de Derby County : « Finalement, nous avons donné quelque chose aux supporters » . En bonus pour les pucelles furieuses présentes dans le stade : CR7 a tombé le maillot pour montrer sa plastique de Robocop.
Sunderland-Chelsea : 0-1
Et si, et si, et si…Et si finalement, c’était Chelsea qui grillait la politesse à Ferguson et Wenger ? Sans jamais avoir été réellement largués, les Blues n’ont jamais autant joué les trouble-fête. Vrai que la finale de Carling Cup perdue et l’élimination honteuse en FA Cup ont fait l’actualité de Stamford Bridge ces derniers temps.
Pourtant, force est de constater que les troupes d’Abramovich peuvent toujours prétendre au titre. Mathématiquement, Chelsea est troisième, pointant à trois misérables points du leader Man U, et avec un match de retard sur Arsenal, deuxième.
Des Gunners qu’ils recevront dimanche prochain, avant d’accueillir Rooney et Ronaldo dans un mois. Ceci dit, le calendrier n’est pas le point fort d’Avram Grant, qui devra se déplacer à Manchester City, Everton ou Tottenham notamment.
Le “hic”, c’est que le jeu proposé par les collègues de Frank Lampard n’est pas du tout sexy. Avec une fâcheuse tendance à revenir aux victoires “en jouant moche”, et la réouverture officielle du couloir aérien qui va de l’arrière à Drogba sans escale.
Du coup, blessures et Can prises en compte, l’Ivoirien ne caresse plus la réussite qui était la sienne la saison dernière. Heureusement, John Terry s’est rappelé qu’il pouvait monter sur les corners, et a claqué sa première tête victorieuse de l’exercice 2007-2008. Parce qu’à Chelsea, on a bien compris qu’il n’est jamais trop tard pour commencer sa saison.
Liverpool- Reading : 2-1
Cinquième victoire de rang pour Liverpool ! On ne va pas se mentir, le vingtième but de Fernando Torres est pour beaucoup dans la remontée des Rouges de la Mersey. L’Espagnol est certainement le meilleur à son poste en ce moment, alors que sa capacité d’adaptation faisait douter le Kop en août dernier.
C’est encore lui qui a scolairement placé son crâne à la réception d’un coup franc pour donner les trois points à l’équipe de Benitez, après un début de match catastrophique, Reading ouvrant la marque à la 5e minute.
Entre-temps, c’est Javier Mascherano qui avait eu l’envie d’inscrire son premier but en Premier League d’une frappe de milieu défensif. L’air de rien, l’Argentin commence à réellement soulager une équipe des Reds qui se reposait essentiellement sur Torres et Gerrard jusqu’ici.
Mais attention, car si Anfield retrouve les couleurs de ses ambitions, la menace du rival local Everton reste toutefois toujours effective.
Liverpool a par le passé montré qu’elle savait finir ses saisons, mais elle regrettera certainement encore une fois d’avoir bazardé son automne et son début 2008…
Par Pierre Maturana, prêt pour la Saint-Patrick
Par