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Laurent Lairy : « J’estime que ce qui est gratuit n’a pas de valeur »
Après avoir annoncé la réouverture de son centre de formation, le président du Stade lavallois, Laurent Lairy, a suscité de vives réactions. En cause : la volonté du dirigeant d'installer un modèle inédit de participation financière des familles des jeunes joueurs du centre. Il s'en explique.
Il y a deux ans, quand j’ai repris le club en National, j’ai décidé de fermer le centre de formation. Comme on était repassés dans le monde amateur, il n’était pas raisonnable de poursuivre la formation dans les conditions du statut professionnel. Nous sommes remontés en Ligue 2 cette année, et j’ai immédiatement ouvert le dossier pour réfléchir à un modèle de réouverture du centre. J’ai attendu quelques mois pour réfléchir à tout cela, puis j’ai informé le président de l’association de mon intention de rouvrir le centre de formation. Nous sommes sur le point de le faire dans un modèle qui respecte les règlements. Former les jeunes et les intégrer dans nos équipes, c’est aussi important pour nous. On souhaite également ouvrir le centre avec plus de qualité que de quantité. Je ne veux pas plus de 30 jeunes. Au-delà, le modèle économique ne le permettrait pas par rapport aux moyens que nous avons.
J’ai estimé qu’il fallait faire un peu plus dans l’encadrement sportif, mais aussi l’accompagnement dans la vie du joueur. On va rouvrir un centre avec plus d’éducateurs, d’animateurs, j’ai investi dans la rénovation du centre d’hébergement… J’ai mis des ingrédients de qualité pour accueillir des jeunes dans un modèle un peu particulier, non pas sur une détection directe, mais sur un dossier de savoir-être, d’environnement du joueur, puis une détection de savoir-faire validée par les éducateurs. Notre engagement est de les accueillir du mieux possible. En contrepartie de cela, je l’ai dit et je l’assume : s’agissant des sujets professionnels, j’estime que ce qui est gratuit n’a pas de valeur. Aujourd’hui, dans toutes les formations professionnelles qualifiantes, il y a toujours une participation financière. J’ai donc dit que je souhaitais que les parents participent symboliquement à la formation du jeune, de manière que chacun s’engage à ce que la qualité produite soit la meilleure possible. Je n’ai pas donné de somme, j’en suis incapable car elle n’est pas encore clairement définie. Dans le monde du football d’aujourd’hui, j’observe qu’il y a beaucoup d’échecs dans la formation par manque de liens. Quand on a un lien financier, cela engage d’un côté comme de l’autre.
Évidemment ! Je ne vais pas faire financer la formation du jeune par les parents. On sera sur une participation symbolique qui ira jusqu’à 3, 4 ou 5% maximum du coût global de formation par enfant. Elle pourra être calculée sur un quotient et permettra encore une fois une prise de conscience de l’engagement. Je pouvais décider de ne pas le faire, je n’ai pas besoin de cela financièrement. Mais encore une fois, c’est l’engagement qui est important. Que l’on parle de 50, 100 ou 500 euros, si la somme a une valeur pour la famille, c’est cela qui m’intéresse.
Je savais que cela allait faire réagir. J’ai étudié avant de sortir cette idée et j’ai senti venir les réactions. Ma réponse, c’est de faire de la pédagogie. Je n’ai pas la prétention de révolutionner le monde du football, mais si je peux recruter mes jeunes sur des critères d’engagement, je pense que j’aurai moins d’échecs. Peut-être que je me trompe, je ferai le constat dans deux ou trois ans. Mais en tout cas, dans tout ce que j’ai fait dans ma vie, c’est un modèle qui fonctionne. Notre projet CAP 25 s’appuie sur quatre piliers : la responsabilité sociale, sociétale, environnementale et économique. Le sujet du centre de formation, c’est de la responsabilité sociale et sociétale qui a un coût humain, d’engagement, de regard… Cette participation symbolique est le reflet de cette responsabilité.
Je ne crois pas, au contraire. On parle de 30 jeunes, dont la moitié sont probablement déjà au club. J’en sélectionnerai 15 par an et je sais qu’il y a des parents qui s’intéressent à des modèles de ce type, de reconnaissance, d’accompagnement, d’accueil et de formation dans la durée. Je pense qu’ils sont conscients que cela a un petit coût. J’ai toujours réfléchi à des modèles différenciants. Je l’assume dans l’incertitude et le risque que cela comporte, mais c’est un projet que j’ai envie de porter.
Metz cale face à Clermont, match à rebondissements entre Caen et Rodez, Pau et Laval se régalentPropos recueillis par Valentin Perrot