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L’attraction Anzhi

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L’attraction Anzhi

Avec Eto'o, Roberto Carlos et toute le reste de la colonie étrangère récemment débarquée, l'Anzhi Makhatchkala ambiance la saison 2011/2012 en Russie. Et c'est tout le championnat local qui en profite, lui qui n'a jamais paru aussi fort et homogène.

Jusqu’à il y a encore cinq ans, le championnat russe, c’était quoi ? Une simple rivalité entre clubs moscovites, Spartak, CSKA, Lokomotiv se partageant trophées et accessits, avec le Dynamo en quatrième roue du carrosse, plus en retrait. Hors la capitale, le néant. Et puis c’est d’abord le Zénith Saint-Pétersbourg qui pointe le bout de son nez : un podium en 2001, un second en 2003, le sacre en 2007. La deuxième fois seulement depuis la fin de l’ère soviétique que le titre ne revenait pas à un club moscovite (il y avait eu un précédent en 1995 avec l’Alania Vladikavkaz). Titre confirmé l’an dernier, sous la houlette du charismatique entraîneur italien Luciano Spalletti. Entre ces deux trophées, les formations de la capitale se sont même fait doubler par un second larron, plus obscur, le Rubin Kazan, au top du foot local en 2008 et 2009. Preuve que la province se rebelle, dans un contexte politique dominé par Vladimir Poutine, né à Leningrad, aujourd’hui Saint-Pétersbourg, et grand fan de la décentralisation.

Après l’émergence de la flamboyante Saint-Pétersbourg en grande rivale historique de Moscou, après le Rubin Kazan en discret étendard de la République du Tatarstan, c’est désormais l’Anzhi Makhatchkala et la République du Daguestan qui font une entrée fracassante dans un paysage footballistique local qui n’en finit pas de s’élargir. L’Anzhi (ou Anji) déboule, les valoches pleines de fric et sans aucun complexe malgré un passé totalement inexistant : création du club en 1991, près de vingt saisons à bourlinguer entre le bas de tableau de l’élite et le haut du panier de l’antichambre et une très modeste 11e place obtenue lors de la dernière saison. C’est cet hiver seulement que les choses s’accélèrent avec le rachat du club le 18 janvier par Suleyman Kerimov, 118e fortune mondiale, spécialiste ès pétrole et métaux précieux. La légende veut que le garçon soit soudainement devenu philanthrope après avoir échappé de peu à la mort avec sa Ferrari lors d’un accident survenu en 2006 sur la Promenade des Anglais à Nice. Un genre d’appel divin : « Tu offriras du bonheur à ton peuple, mon fils » . Le bonheur en l’occurrence, c’est le football. Et son peuple, celui de son Daguestan natal, présidé par un proche, Magomedsalam Magomedov. Ce dernier facilite le rachat du club par son pote, en échange de sa promesse d’investir 200 millions d’euros dans la constitution d’une équipe compétitive et surtout dans la construction d’un nouveau stade de 40 000 places aux normes UEFA, en lieu et place du vieux Dynamo Stadium qui accuse moitié moins de sièges, ainsi que d’un centre d’entraînement digne de ce nom. Car pour l’instant, l’Anzhi ne vient à Makhatchkala que le temps de ses matchs à domicile. Le reste du temps, l’effectif s’entraîne et vit à Moscou, à un bon 1500 bornes plus au nord, loin d’une région réputée dangereuse, gangrénée par le banditisme.

Folie totale

Voici donc résumée la très courte histoire de ce club, qui a vu débarquer en quelques mois une forte colonie de joueurs plus ou moins réputés, plus ou moins prestigieux. Dans les buts, on trouve ainsi le gardien de la sélection géorgienne ; en défense, l’international Zhirkov revenu au pays après son passage à Chelsea ; sur les côtés, Roberto Carlos et ses antiques cuisseaux à gauche, le Camerounais Benoît Angbwa à droite ; au milieu, Boussoufa, un des meilleurs joueurs de la Jupiler League ces dernières saisons, rejoint dernièrement par Mehdi Carcela (qui n’a pas encore rejoué depuis l’agression subie en mai dernier par le néo-Rennais Chris Mavinga), mais aussi l’Ouzbek Akhmedov, révélé lors de la dernière Coupe d’Asie des Nations, l’espoir brésilien Jucilei, longtemps blessé, et Dzsudzsák, l’ancien feu follet du PSV ; puis bien sûr en attaque, en plus de Diego Tardelli, a débarqué Samuel Eto’o contre une indemnité de transfert de 27 millions d’euros versés à l’Inter et un salaire annuel de 20 millions. Une folie totale qui semble porter ses fruits : déjà bien placé en embuscade avant ce transfert à sensation, l’Anzhi grignote en haut de classement de la Premier League depuis l’arrivée du Camerounais, auteur de deux buts en autant de matchs disputés. Le club du Daguestan se trouve actuellement en quatrième position, à sept journées de la fin de la première phase. Le championnat russe, qui a souhaité passer à un rythme à l’occidentale, dispute en effet une saison de transition, qui se poursuivra à l’issue des 30 journées de saison régulière par un second mini-championnat, les huit premiers se disputant titre et accessions européennes, les huit derniers se battant pour éviter la relégation.

La bataille fait donc rage et l’émergence de cette nouvelle concurrence venue du Daguestan semble avoir piqué les clubs moscovites : le CSKA a longtemps fait la course en tête avant de baisser de régime ces dernières semaines ; le Spartak, largué dans un premier temps, est actuellement dans une forme ascendante ; constat similaire avec le Lokomotiv, qui vient de taper 4-2 le leader Saint-Pétersbourg ; même le Dinamo réalise pour une fois une belle saison, sous l’impulsion de son duo d’attaque Semshov/Kuranyi. Ajoutez-y le Zénith et le Rubin, actuel 7e, et vous obtenez une Premier League russe compétitive et homogène, qui pourrait se résumer par un combat entre Moscou et sa province. Une province qui devrait aussi pouvoir compter dans les années à venir sur l’émergence du sulfureux Terek Grozny. Les Tchétchènes, qui semblent déjà trop attardés pour prétendre accrocher une des huit premières places cette saison, ont d’ores et déjà donné rendez-vous pour la prochaine.

Régis Delanoë

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