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La renaissance du foot est-allemand, vraiment ?

Par Mathieu Rollinger
La renaissance du foot est-allemand, vraiment ?

Ce samedi à 15h30, la BuLi s’offre une affiche qui sent bon le neuf entre le nouveau riche Leipzig, deuxième, et l’institution dépoussiérée du Hertha Berlin, troisième. Un match qui devrait enflammer l’Est de l’Allemagne, en manque de sensations fortes depuis la chute du mur. Mais peut-on vraiment coller à ce duel l’étiquette de « derby de l’ex-RDA » ?

À bien y réfléchir, le haut de tableau de la Bundesliga ressemble ces dernières saisons à ces fêtes de village, auxquelles tu te rends immanquablement autant par plaisir que par tradition. On y croise toujours les mêmes têtes autour de la tireuse à bière, toutes issues du même quartier : il y a la star locale du Bayern, les colocs de la Ruhr (Dortmund, Schalke 04, Mönchengladbach), le fidèle Leverkusen, le sympathique Wolfsburg, etc. Mais quand des gars du bled d’à côté débarquent en terre inconnue, tu es aussi méfiant que content de rencontrer de nouvelles personnes. C’est ainsi que pour cette Fête de la saucisse 2016, tu te coltines le RB Leipzig et le Hertha Berlin. Pour eux, le bled en question se trouve à l’est de l’ancien mur qui séparait République démocratique allemande et République fédérale allemande en pleine guerre froide (1945-1991).

Une belle bâtisse

Et ce n’est rien de dire que l’on assiste à un réel événement : trouver deux clubs est-allemands sur un podium est inédit en Bundesliga. Les joueurs de la Saxe affichent le même nombre de points que le Bayern, étant seulement devancés par les Bavarois à la différence de buts. Ceux de la capitale fédérale pointent à la troisième place. Forcément, la rencontre qui les attend ce samedi après-midi, leur première en compétition officielle, prend immédiatement une saveur toute particulière. D’autant plus que ces deux équipes reviennent de loin, si ce n’est de nulle part. Le Hertha Berlin a commencé sa résurrection l’an dernier avec une encourageante septième place, porté par Salomon Kalou, Vedad Ibišević et son local-hero d’entraîneur Pál Dárdai. « Die Älte Dame » , l’un des doyens du foot allemand créé en 1892, voit enfin le bout d’une décennie de galères financières et donc sportives, alternant relégations (2010 et 2012) et remontées avec titre de 2. Bundesliga en prime (2011 et 2013).

190 kilomètres plus au sud, les habitants de Leipzig peuvent à nouveau s’enorgueillir d’avoir le nom de leur ville en tête des charts nationaux. Qu’importe le fait que leur Rasen Ballsport Leipzig soit une création montée de toutes pièces arrivée à maturation cette année, à coups de gros chèques signés par le PDG de Red Bull Dietrich Mateschitz. Car en 2009, la marque de boisson énergisante a décidé de retaper de fond en comble le petit club du SSV Markranstädt pour en faire une belle bâtisse qui a rapidement pris de la plus-value, en passant de la D5 à la D1 en à peine sept saisons, et a désormais pignon sur les plus belles rues de l’élite.

Goodbye Lokomotiv et Dynamo

S’il peut satisfaire certains amateurs de ballon les plus opportunistes de la région, ce « derby de l’Est » semble attendu, vu l’affluence que drainent les matchs à la Red Bull Arena. Mais ce duel fraîchement sorti de l’usine sonne le glas du football est-allemand. Alors oui, le RB Leipzig et le Hertha Berlin sont bien ancrés dans ces territoires orientaux, mais ils ne peuvent en rien réclamer l’héritage des pensionnaires d’Oberliga, l’ancien championnat de RFA. En 1991, lorsque la réunification des deux Allemagne est devenue effective, les clubs du satellite soviétique défait ont pris de plein fouet l’ouverture sur le football occidental. Le Dynamo Berlin, le Lokomotiv Leipzig, le FC Carl Zeiss Iéna et FC Magdebourg ont rapidement périclité, et seuls le Hansa Rostock et le Dynamo Dresde, derniers champion et vice-champion de RDA, ont pu goûter directement à la nouvelle version de la Bundesliga.

En plus de se retrouver sans défense immunitaire face aux règles capitalistes déjà en vigueur à l’Ouest, puis entérinées en 1992 avec l’arrêt Bosman, les équipes du bloc communiste se sont également fait rattraper par leur faiblesse sportive. Finalement, peu d’entre elles ont eu le droit de s’illustrer dans l’élite allemande : le Dynamo Dresde (quatre saisons), le VFB Leipzig (une saison), Hansa Rostock (douze saisons jusqu’en 2008) et l’Energie Cottbus (six saisons, relégué en 2009). Souvent en se contentant de jouer le rôle de simples figurants.

L’infiltré et le produit de synthèse

Pour les nostalgiques, qui se prenaient à rêver d’un retour aux affaires d’un authentique club de l’Est, voir aujourd’hui ces clubs prendre en main la destinée de l’ancienne « démocratie populaire » ressemble carrément à un affront. Le Hertha Berlin a toujours été domicilié dans le Berlin-Ouest, comme une enclave bleu et blanc au cœur d’une zone rouge, ayant toujours été affiliée à la Fédération de l’Ouest. Avec la success story du RB Leipzig, les Ossies se retrouvent à côtoyer un produit club on-ne-peut-plus marketé et labellisé « capitaliste » . Ce n’est pas pour rien que les supporters du Dynamo Dresde ont accueilli, lors d’un match de Coupe d’Allemagne, le club au taureau avec des banderoles « La tradition ne s’achète pas » , « De la bière plutôt que du Red Bull » et ont balancé une vraie tête de taureau au pied de leur tribune.

Oui, le RB Leipzig est le fruit d’un élevage hors sol, une culture diamétralement opposée à celle qui poussait à l’époque dans le même champ. Mais soutient-on une équipe parce qu’elle est géographiquement proche de son domicile ou se passionne-t-on pour elle pour toutes les valeurs qu’elle véhicule ? Là est toute la question du football comme moyen d’expression identitaire et communautaire. Pour ne pas avoir à choisir entre vaincre et exister, il suffit aux Allemands de l’Est de se regrouper derrière l’Union Berlin, club des quartiers prolos, et le Dynamo Dresde, respectivement cinquième et sixième en deuxième division, et qui eux peuvent reprendre le flambeau en toute sincérité.

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