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La nébuleuse caennaise

Par Julien Mahieu
La nébuleuse caennaise

La Ligue 2 n’a sans doute jamais été aussi relevée qu’elle le sera l’an prochain, et Caen ne voulait pas rater ça. En s’inclinant à Valenciennes au soir de la 38e journée, pendant que la quasi-totalité de ses concurrents directs au maintien prenait les trois points, le Stade Malherbe échoue dans la zone rouge et enregistre sa cinquième relégation depuis 1995. Alors, naufrage prévisible ou vrai gâchis ?

Avancer les yeux bandés…

Il est 22h50 quand monsieur Buquet siffle le coup de sifflet final de la saison à Valenciennes. Éparpillés aux quatre coins du terrain, les Caennais s’effondrent… Ajaccio en a profité pour s’imposer à Toulouse et sauver sa peau, au détriment des Normands. Face au micro qui se tend vers lui pour recueillir une réaction « à chaud » , et pendant que le reste de la France garde les yeux rivés sur l’Abbé-Deschamps, où le jeu a pourtant cessé depuis de longues minutes, Nicolas Seube confie sa détresse, mais reste stoïque. L’idole du stade Michel d’Ornano, capitaine et véritable symbole de Malherbe depuis le début de l’ère « Dumas » , encaisse sa troisième relégation en seulement sept ans. Ce n’est plus un club, c’est une cage d’ascenseur. Et même si les supporters sont habitués, on a souvent entendu gronder les tribunes en Normandie cette saison. Le président Jean-François Fortin et le coach Franck Dumas sont plus que jamais invités à céder leur place… Mais sont-ils les seuls responsables de cette déroute ?

Au mois d’août, avant de se lancer pour un nouvel exercice en Ligue 1, le président Fortin se laisse aller à des déclarations un peu cavalières : « Je crois que nous n’avons jamais eu une équipe aussi forte sous ma présidence » . De deux choses l’une : ou Jean-François Fortin essayait de noyer le poisson pour ne pas inquiéter les actionnaires, ou il n’y connaît absolument rien en football. Délesté de Youssef El-Arabi (parti aux Émirats pour 7,5 millions), de Yohan Mollo (en fin de prêt, et pas conservé), de Sambou Yatabaré (Monaco) ou de Julien Toudic (Lens), le Stade Malherbe joue les radins et ne claque pas un seul euro sur le marché des transferts. Longtemps penché sur le cas de l’ancien Dijonnais Sebastian Ribás, qui finit par signer au Genoa (avant d’aller s’enterrer en prêt au Sporting Portugal sans avoir disputé un seul match en Italie), la cellule de recrutement caennaise croit réaliser un gros coup en faisant signer Pierre-Alain Frau, en fin de contrat chez le champion lillois. Sauf que si l’ancien Parisien s’acquittait plutôt bien de son rôle de doublure dans le Nord, il n’a plus les jambes, ni le coffre, pour tenir à bout de bras une ligne d’attaque, surtout pour prendre la relève d’El Arabi et de ses 17 buts en une saison de Ligue 1. Dans le même temps, Malherbe signe Frédéric Bulot, international espoir à Monaco, également en fin de contrat, Fayçal Fajr, milieu de terrain venu de Fréjus et Branko Lazarević, un Serbe dont personne n’a jamais entendu parler et dont le principal fait d’armes est d’avoir joué avec Marko Basa. Voilà ce qu’on appelle un recrutement fumeux : Bulot, malgré de bonnes dispositions, s’est avéré trop tendre pour s’affirmer au plus haut niveau, Fajr n’a pas bénéficié d’assez de temps de jeu pour se mettre en valeur, et trois matches ont suffi à se rendre compte que Lazarević n’avait pas du tout le niveau.

La tactique des voleurs

Sur le banc du Stade Malherbe depuis 2005, Franck Dumas a déjà conduit par deux fois son club de cœur à l’accession en Ligue 1. Ami personnel du président Fortin (qui lui a publiquement renouvelé sa confiance en début de semaine), il a toujours bénéficié d’une grande liberté d’action et pu travailler sans la moindre pression. À peine avait-on entendu quelques voix s’élever en tribunes fin 2009 pour réclamer son départ, alors que des problèmes internes avec Savidan et Ben Khalfallah, notamment, avaient conduit le club en L2. Mais cette saison, jamais Franck Dumas n’avait semblé autant démuni et en mal d’imagination. Le Malherbe qui enchantait les observateurs, il y a quelques années, en jouant l’offensive à outrance et en collectionnant les scores de baby-foot, ce Malherbe-là n’existe plus. D’une tristesse infinie à regarder évoluer cette année, les Caennais n’ont jamais été en mesure de trouver la bonne formule sur le plan tactique et se sont contentés, dans la grande majorité des parties disputées, de jouer en contre et de prier pour un hold-up. Pour le résultat que l’on sait : Malherbe n’aura été relégable que deux fois cette saison, mais évoluera à l’étage inférieur la saison prochaine.

Bloc-équipe scindé en deux, absence de leader technique, manque de profondeur de banc : tous les problèmes semblent être restés sans solution tout au long de la saison. Pire : Dumas n’a toujours pas su trouver de remède au fameux « trou normand » dans lequel plonge les Caennais chaque hiver. Voilà bientôt cinq ou six ans que Malherbe reste près de trois mois sans remporter le moindre match, une fois l’hiver venu (généralement, ça se passe entre décembre et février). Les Normands sont moralement incapables d’endiguer la moindre mauvaise série. Si on ajoute à cela une spirale négative à domicile (19e de L1), une incapacité chronique à s’imposer contre ses concurrents directs et une faculté exceptionnelle à enchaîner le meilleur (un match nul 2-2 face au PSG malgré une large domination, et une égalisation parisienne dans les ultimes secondes du match) et le pire (un non-match et une défaite 2-0 à Dijon, quelques jours plus tard). Franck Dumas connaît sans doute le Stade Malherbe par cœur, mais il n’est jamais parvenu à offrir un semblant de régularité à ses ouailles.

Faillite technique

Les joueurs ont évidemment une grande part de responsabilité dans ce naufrage. M’Baye Niang, annoncé comme un futur crack après quelques matchs canons en fin de saison dernière, à seulement 16 ans, est complètement passé au travers, cette saison. Romain Hamouma, plus irrégulier que la saison passée, et victime de plusieurs blessures, n’a pas eu le temps de sauver les meubles. Benjamin Nivet et ses 35 piges n’ont jamais réussi à endosser le rôle de leader technique qui manquait tant aux lignes offensives caennaises. Et le milieu de terrain (Seube, Proment, Nivet), gros point fort de l’équipe il y a encore deux ans, et composé de joueurs cadres, affiche aujourd’hui plus de 33 ans de moyenne d’âge et n’a tout simplement pas été au niveau des joutes de L1. En attaque, le bilan n’est pas plus fameux, le meilleur buteur de l’effectif (Nivet) plafonnant à 7 buts, dont 4 penalties.

Mais la faillite est surtout technique. Si le Stade Malherbe bénéficie encore auprès de certains observateurs peu attentifs d’une réputation d’équipe joueuse, ce titre est complètement galvaudé. 46% de possession de balle cette saison (l’un des totaux les plus faibles du championnat), un collectif inexistant, une relance indigente, une fébrilité de tous les instants dans les duels : techniquement, autant être franc, le Stade Malherbe n’avait tout simplement pas sa place en Ligue 1. Les seules satisfactions que l’on relèvera se sont exprimées en défense : Alexis Thébaux, auteur d’une excellente saison dans les bois (malgré une dernière ligne droite délicate), et Thomas Heurtaux, d’ores-et-déjà l’une des grandes révélations défensives de la saison, 5 buts au compteur, des exploits de très haute volée (comme ce but de trente mètres face à Lorient, pour le compte de la 35e journée), et qui semble être déjà en partance pour l’Udinese. Peut-être le meilleur tacleur de L1 qui nous quitte déjà…

Le monde de demain

Il y a peu de chances que les supporteurs du Stade Malherbe aient la joie de voir leurs protégés réitérer l’exploit réalisé il y a deux ans et remonter immédiatement en Ligue 1. À l’époque, le club avait su conserver la plupart de ses éléments et se reconstruire dans la stabilité. Il est peu probable que le SMC ait droit à la même sérénité cet été : Alexis Thébaux, Thomas Heurtaux et Romain Hamouma quitteront à coup sûr la Normandie lors des semaines prochaines. Un grand nombre de joueurs cadres ont désormais la trentaine bien sonnée (Proment, Nivet, Seube, Traoré, Leca, Frau) et ne pourront pas s’offrir une nouvelle saison intégrale. C’est une certitude : le Stade Malherbe est à reconstruire de fond en comble. Et il n’aura que peu de marge de manœuvre dans un championnat où s’affronteront Nantes, Lens, Monaco, Sedan, Auxerre, Le Havre, Le Mans ou Guingamp. Le comité de surveillance du Stade Malherbe de Caen annoncera fin mai si Jean-François Fortin et Franck Dumas seront conservés à leur poste. Quels que soient les futurs chefs de chantier, les supporteurs caennais, eux, semblent déjà résignés à voir leur équipe endurer un long purgatoire au sous-sol du football français…

Par Julien Mahieu

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