- Euro 2012
- Groupe D
- Suède/France (2-0)
La France faible
Comme prévu, la France s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Euro, qu’elle jouera samedi à Donestk contre l’Espagne. Mais elle l’a fait en perdant (2-0) contre la Suède, déjà éliminée, et en faisant son plus mauvais match depuis bien longtemps.
Suède – France : 2-0
Buts : Ibrahimović et Larsson
Bon, d’accord, la France s’est enfin qualifiée pour le deuxième tour d’une grande compétition. Après six ans de jeûne et deux tristes phases finales, il faut le dire, ça fait du bien. Mais comme personne ne croyait au scénario inverse avant cette soirée, ce n’est pas ça que l’on va retenir. Ce que l’on va retenir, c’est que la France ne sort deuxième de son groupe qu’avec quatre petits points, qu’elle a préféré rester à Donetsk pour un quart contre l’Espagne plutôt que revenir à Kiev jouer l’Italie, et surtout qu’elle a mis fin à sa série d’invincibilité par un match contre une Suède déjà éliminée. Beaucoup d’ennui et beaucoup de choses négatives à retenir de cette soirée.
Un début de match de 90 minutes
Commençons par le commencement : une fois de plus, le début de match a été extrêmement positif pour des Bleus qui, ce soir, jouaient en blanc. Peut-être bouleversés par la minute de silence de cinq secondes en l’honneur de Thierry Roland ou par la banderole « 1 voix, 1 rire, 1 légende. Merci Thierry » déployée par leur maigre contingent de supporters en tribune, les hommes du Président ont flippé deux fois dans les cinq premières minutes, sur un centre d’Olsson pour Toivonen, puis sur une action similaire jouée par le duo Källström/Larsson. Le souci, c’est que ce blues de l’entame, que Laurent Blanc ne manquera sans doute pas de pointer du doigt comme à son habitude, a duré 90 minutes pour certains.
Pour la défense centrale, d’abord. L’éternel souci français, que l’on croyait bien parti pour se régler, mais qui a ressurgi ce soir quand Mexès s’est fait manger sur un duel aérien par un Toivonen qui, après avoir dribblé Lloris, mettait le ballon sur le poteau (10e). Ou quand Rami s’est fait souffler dans le coup par Ibrahimović à plusieurs reprises avant d’envoyer un coup franc jusqu’au fond du gigantesque couloir du stade. Les changements opérés dans le onze ne convainquent pas beaucoup plus : Diarra et M’Vila se marchent dessus et Ben Arfa a l’air perdu avec ses frappes de 25 mètres qui fuient le cadre et ses passes qui n’arrivent à personne. Benzema, de son côté, va finir par entrer sur la pelouse avec des gants et un survêtement, s’il continue à jouer aussi bas et n’est pas aidé par un Nasri qui joue en marchant. En espérant que ce dernier ne nous fasse pas un bras d’honneur après avoir marqué le but de la victoire en quart de finale.
La défense transparente
Forcément, les bonnes performances de Clichy et Ribéry à gauche et de Debuchy à droite ne suffisent pas. La Bûche est d’ailleurs le seul capable de résister au choc Zlatan, même quand celui-ci lui balance un coup de coude au passage (34e). Problème : à la 54e minute, il n’était pas là. Non, c’était Mexès qui était au marquage d’Ibra. Un marquage suffisamment détendu pour que le géant claque une superbe reprise de volée (1-0). La baffe qui peut enfin réveiller les Français, alors qu’à Donetsk, Rooney a marqué et que c’est quand même l’Espagne qui se profile en quarts ? Bof. Trois minutes plus tard, Wilhelmsson, seul devant Lloris, est très près de doubler la mise.
Pour la réaction, il faudra se contenter d’une dernière demi-heure dominée avec quelques frappes dangereuses, mais pas cadrées (Nasri à la 64e, Malouda à la 74e), un joli mouvement conclu par une parade d’Isaksson devant Ménez (82e) et un Giroud pas loin de claquer une tête piquée dès son entrée en jeu (83e). Maigre. D’autant plus que la Suède rajoute un pion dans les arrêts de jeu par Larsson, sur une action où la défense est encore totalement transparente (2-0). Cette piètre performance ne veut évidemment pas dire que les Bleus vont forcément se faire rouster contre l’Espagne. On ne va pas faire les alarmistes à deux balles pour 90 minutes d’une équipe qui a déjà montré qu’elle pouvait avoir un visage bien plus sexy. Sauf que samedi à la Donbass Arena, il faudra être sucré, pas salé. Et il faudra commencer à jouer au football avant la 60e minute.
Thomas Pitrel, à Kiev