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La dolce vita de Roberto Pereyra

Par Morgan Henry
La dolce vita de Roberto Pereyra

Quand on évoque les Argentins du Calcio, on pense généralement à Tévez, Higuaín, Romero ou Lucas Biglia. Rarement à Roberto Pereyra. Et pour cause, avant de rejoindre la Juventus l'été dernier, le milieu formé à River Plate coulait des jours heureux à l'Udinese, loin, très loin du star system. Ce que l'on n'imaginait pas, en revanche, c'est que le petit Robert s'impose si rapidement dans l'effectif bianconero. Et bientôt en sélection ?

« Je suis conscient des champions qu’il y a au milieu de terrain. Je suis à la disposition de l’entraîneur et j’attendrai qu’il me fasse jouer, même si, au début, ça sera difficile. Mais je m’entraînerai dur pour être prêt. » Ces mots pleins de sagesse sont ceux de Roberto Pereyra, prononcés il y a très exactement huit mois et dix-sept jours. Ce 25 juillet 2014, le jeune Argentin de 23 ans fait ses présentations à la presse depuis le centre sportif de Vinovo, à Turin. L’Udinese, club où il réside depuis trois ans, vient d’officialiser son prêt pour une saison, moyennant un montant d’1,5 million d’euros et une clause de rachat s’élevant à 14 millions. Près de neuf mois plus tard, le natif de San Miguel de Tucumán comptabilise 37 apparitions dont 24 titularisations sur les 41 rencontres disputées par la Vieille Dame cette saison, toutes compétitions confondues. Plutôt pas mal pour un mec censé couper les oranges sur le banc et suppléer les titulaires en cas de pépin.

Le malheur des uns fait le bonheur de l’autre

Quand il prononce ces paroles quelques jours après l’arrivée de Massimiliano Allegri aux commandes du navire bianconero, Roberto Pereyra sait pertinemment qu’il n’aura pas le même temps de jeu, à Turin, que lors de ses deux saisons précédentes à Udine. Et pour cause, avec le 3-5-2 développé par Antonio Conte, c’est tout juste si Claudio Marchisio ne se retrouve pas remplaçant. Alors imaginer un petit bonhomme de 23 ans s’imposer au milieu de Pogba, Pirlo et Vidal, c’est juste impossible. Et pourtant, du fait des blessures, Roberto Pereyra va très rapidement être lancé dans le grand bain. Pirlo écarté pour un mois suite à un choc subi lors de la préparation et Vidal continuellement embêté par son genou, Allegri est contraint d’envoyer sa recrue au casse-pipe dès la deuxième journée. Hasard du calendrier, il faut que ça tombe contre l’Udinese.

Face à ses anciens coéquipiers, l’Argentin réalise une partie solide, même si sa vivacité ne fait pas oublier la vista d’un Pirlo pour autant. Ménagé lors du choc face à la Roma, Pereyra retrouve une place de titulaire dès le déplacement à Sassuolo et s’illustre une semaine plus tard en prenant le couloir droit, d’ordinaire occupé par Stephan Lichtsteiner. Pour Allegri, le bénéfice est double. D’une, les prestations de l’ancien de River sont convaincantes ; de deux, son gabarit et ses qualités lui permettent de jouer à peu près partout au milieu de terrain. Aussi à l’aise dans un rôle de trequartista que sur les ailes, l’Argentin est aussi capable de jouer replié devant la défense comme le font généralement Marchisio et Pirlo. À droite, à gauche, en mezz’ala ou derrière les deux pointes, Roberto Pereyra va là où on lui demande, rappelant, à ce titre, la polyvalence (et la coiffure) d’Arturo Vidal.

Dragué par Tata

À ce jour, l’Argentin a cumulé 2186 minutes de jeu, soit plus que Pirlo (1795), Morata (1596) et presque autant que Llorente (2189), Évra (2214) et Vidal (2682). Compte-tenu de l’absence de Paul Pogba pour tout le mois d’avril, El Tucumano – comme le surnomment ses potes – n’est pas prêt de remettre le survêt’ de sitôt. Alors non, il n’est pas exagéré de dire que Pereyra est devenu un titulaire de la Juventus de Max Allegri, même si l’on peut toujours se demander ce qu’il serait advenu si Asamoah, Pogba et Pirlo ne s’étaient pas blessés aussi longuement. Et la belle histoire de Robert ne s’arrête pas là. Le 11 octobre dernier, Tata Martino l’intègre pour la première fois dans le milieu de terrain magique de l’Albiceleste entre Mascherano, Lamela et Di María. L’Argentine s’incline 2-0 face au Brésil, mais Pereyra marque des points. À l’inverse de Tévez, boudé par la Selección jusqu’en novembre dernier, Roberto a participé à tous les matchs de l’Albiceleste depuis la fin du Mondial. « Nous sommes allés aux États-Unis, à Washington. J’ai beaucoup célébré la première sélection, c’était un rêve dans le rêve. Je n’arrivais pas à y croire, mais c’est bien arrivé. Maintenant, je ne veux plus m’arrêter parce que c’est trop beau » , déclarait-il au Quotidiano Sportivoil y a quelques jours.

Bianconero pour de bon ?

Mais qui est donc ce feu follet pétri de talent qui s’est faufilé en douce dans le onze du futur champion d’Italie ? Après deux saisons à River Plate où il a eu le temps de se forger une réputation de prodige, le jeune Roberto, vingt ans, succombe aux sirènes du championnat italien et débarque à Udine au milieu de l’été 2011. Comme souvent, l’acclimatation et les débuts sont chaotiques. « Je ne parlais pas. Au bout d’une semaine, je voulais déjà rentrer chez moi, je ne me sentais pas bien. Je dois remercier Sergio Furlan, mon ami et agent, et ma petite amie Carolina qui m’ont soutenu. « Il faut rester là », me répétaient-ils. Carolina est toujours restée près de moi, elle me parlait toujours, m’a poussé à lutter. Elle me disait de penser au futur, à ma famille. Je me suis finalement intégré et je suis sorti de cette période noire » , poursuit-il dans le média italien. Une période noire qui durera pratiquement toute la saison 2011/2012. Sous les ordres de Francesco Guidolin, l’Argentin commence par observer, apprendre, puis finit par jouer. Un peu, beaucoup, tout le temps. Pour sa troisième saison dans le Frioul, Roberto Pereyra dispute 43 des 46 matchs de l’Udinese, dont 38 en tant que titulaire. Les regards extérieurs se multiplient, mais l’Argentin tue rapidement le suspense. Ce sera la Juve, un point c’est tout.

« Mon agent m’a informé que l’Inter s’intéressait à moi, mais j’ai choisi la Juventus parce que j’ai vu une équipe qui joue chaque semaine pour gagner. Je m’entraîne et je jouerai où le coach choisira de me faire jouer : sur les flancs ou dans le milieu, peu m’importe, je ferai le maximum pour l’équipe. » Huit mois et dix-sept jours après cette conférence de presse, Roberto Pereyra a joué sur les flancs, au milieu et a déjà fait beaucoup pour la Juve. Excellent face à Dortmund en Allemagne, El Tucumano le fut également mardi lors de la qualification de la Vieille Dame pour la finale de Coupe d’Italie et devra l’être de nouveau dans trois jours contre Monaco. Face au rendement inattendu du petit Argentin, les dirigeants bianconeri ne vont avoir d’autres choix que de lever l’option d’achat fixée à 14 millions d’euros. Ce qui devrait arriver dans les prochaines semaines, si ce n’est avant. « Quand je suis arrivé, je ne savais pas si je jouerais beaucoup parce que je débarquais dans un milieu de terrain plein de champions qui avait gagné trois Scudetti consécutifs. J’ai eu une opportunité, je l’ai saisie et j’ai simplement fait mon devoir. » Un devoir de victoires.

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