L1 : L’heure de l’OL, leurre de Bordeaux…
La victoire de l'OL sur Bordeaux (4-2) a confirmé la classe d'écart entre le leader et son second. Même avec un match de Coupe d'Europe contre MU dans les jambes, les Lyonnais ont dominé les Girondins de bout en bout et comptent désormais 6 points d'avance sur la bande à Lolo. Beau match, belle affiche assurément. Mais le vrai «Big Clash» du championnat n'est-il pas ailleurs ? Quelque chose comme OM-OL, les deux vraies grosses équipes actuelles de L1 ?...
Lyon a été dominateur au point que les buts et actions dangereuses des Bordelais ont plus tenu à des “absences” lyonnaises qu’à un vrai savoir-faire girondin.
Le bilan positif de Bordeaux est avant tout le passif “concédé” par les Lyonnais. Une faute stupide de Grosso sur un tacle par derrière sur Alonso à 22 mètres des buts de Coupet (33ème).
Pourtant l’OL menait tranquillou 2-0, pas besoin de flipper… Wendel frappe le coup franc direct à la Brésilienne (Rivelino 1970, Dirceu 1978, Zico 82, Ronnie 2006) : fusée plein centre à effet Amok (la fièvre qui rend fou). Coupet se troue : inarrêtable, anyway.
Deuxième connerie : Toulalan qui laisse traîner la papatte dans la surface sur Chalmé qui n’en demandait pas tant : penalty indiscubête alors que l’OL mène tranquillou 3-1, pas besoin de flipper là non plus…
Cavenaghi transforme en or le plomb pété par Toulalâne (60ème). Dernière tacherie très méchante : le tacle assassin de Réveillère sur Wendel qui filait dans le couloir gauche (68ème) : c’était rouge minimum pour Anthony, mais il écopera d’un jaune pour son hachis parmentier. Dommage : cette faute bouchère a tué un peu le suspens d’une fin de match qui promettait.
Les Bordelais ne s’en remettront pas. Sinon, une belle reprise du gauche des 20 mètres de Wendel bien détournée par Coupet en première et une tête canon de Diarra sur corner bien repoussée par le Greg en seconde. Et c’est à peu près tout. Bordeaux ne pouvait pas mieux.
Parce que Lyon a survolé la rencontre. Lyon a joué en équipe. Voilà pourquoi Perrin a encore laissé Ben Arfa sur le banc because c’était le genre de match costaud où les arabesques d’Hatem n’étaient pas vraiment souhaitables.
La paire Fred-Benzéma était plus adéquate, plus “sérieuse”, plus “collective” : de belles combinaisons dans le tempo (souvent en triangle, avec Juninho), des décrochages solidaires pour des remontées de balle ultra rapides et précises et des appels à tour de rôle dans la profondeur : le genre de taf qu’Hatem ne maîtrise pas vraiment encore.
Fred joue juste, intelligemment, avec humilité. On le répète encore une fois : si Lyon est champion en mai, il le devra en bonne partie à ce Fred-là, plus “impliqué” depuis la reprise de 2008. Il est dans le coup sur les trois premiers buts lyonnais, notamment la remise sur Benzéma sur le 3ème et il a souvent cédé l’axe à Benzéma (voire à Bodmer !) pour glisser sur ce côté gauche dévolu à la base à Karim. Pourvu pour Lyon que Fred ne pète pas les plombs…
Le reste, c’est le gros collectif lyonnais, le genre à fêter ensemble chaque but avec tout le banc de touche, comme l’OM euphorique actuel.
Cette joie-là n’a rien de surjoué : pour ceux qui en douteraient après l’élimination en C1 à Old Trafford, Lyon a clairement démontré qu’il entendait rester le N°1 français et qu’il veut être champion pour la 7ème fois, aucun doute là-dessus.
Enorme solidarité : Toulalan qui sort de sa zone défensive pour aller contrer Diarra dans le rond central en plus de bouffer complètement Micoud, idem pour Juninho et Bodmer qui harcèlent le détonateur Fernando dans ses 22 mètres pour l’empêcher de démarrer le jeu bordelais, Kader Keita qui couvre en repli les montées de Réveillère dans le couloir droit, Benzéma qui remonte le ballon avec Fred de leurs propres 18 mètres…
Gros esprit conquérant aussi : il n’y avait qu’à voir l’énorme densité de joueurs lyonnais dans les 25 mètres adverses sur le troisième but : Benzéma (buteur, 17ème but), Fred (passeur), Juninho, Bodmer et Keita étaient alignés sur une crête hyper agressive.
Un bon point pour Bodmer : deux buts importants, dont le second, magnifique sur un exploit individuel incroyable. Une demi-volée ciseau à 20 mètres à la suite d’une perforation qui envoie Diawara en enfer : un but défonceur, à l’image du Lyon implacable. Le but de Kader Keita sur service de Ben Arfa à la 94ème sera plus anecdotique…
Les rares points faibles lyonnais : Coupet, qu’on croyait revenu au top mais pas encore à 100 %, et le flanc droit Réveillère-Keita qui a péché par son manque d’automatismes, et moins complémentaire que la paire Clerc-Govou, il est vrai plus souvent alignée, donc plus “aguerrie”.
Voilà, rien n’est encore tout à fait joué. Disons que l’OL a pris une option. La vérité, c’est que maintenant on attend avec impatience le Marseille-Lyon au Vélodrome, le 5 avril prochain.
Pour le spectacle, pour le fun, pour le sport. Après tout, Lyon est nettement supérieur à Bordeaux qu’il a battu 2 fois, alors que l’OM est venu battre l’OL à Gerland : il est là le vrai sommet actuel du foot français. Dommage pour la L1 que l’OM ait pris un si mauvais départ…
Chérif Ghemmour
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