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King Kalle, le système Bayern

Par Sophie Serbini
King Kalle, le système Bayern

Avec Uli Hoeneß à ses côtés Karl-Heinz Rummenigge a changé la face du Bayern. Sous leurs ordres, le Rekordmeister est passé d'un cador européen respecté à un rouleau-compresseur au chiffre d'affaires faramineux.

500 millions de chiffre d’affaires annuels, 0 euro de dettes, un stade payé en neuf ans seulement, des boutiques partout dans le monde, un bureau aux States, des titres à faire craquer les armoires de la Säbener Straße… En l’espace de 25 ans, le FC Bayern Munich est passé d’un club important au palmarès chatoyant à une machine prête à dégommer tous ses adversaires et à ramasser les thunes. Certes Manchester United, le Real Madrid ou encore le FC Barcelone génèrent plus d’argent. Mais il ne faut pas se tromper. En ne vivant jamais à crédit, contrairement à ses concurrents européens, le FC Bayern Munich est bel et bien le club le plus riche du monde. « Nous n’allons jamais voir les banques pour demander un crédit, nous allons à notre propre stock de liquidités. Quand tu signes un chèque de 40M pour Javi Martínez, c’est de l’argent que tu as sur ton compte, du coup, tu peux très très bien dormir » avait résumé Uli Hoeneß en 2013, quelques jours avant se retrouver derrière les barreaux pour fraude fiscale. Derrière cette politique économique se cachent deux hommes, deux anciens joueurs du Bayern, Uli Hoeneß donc mais aussi Karl-Heinz Rummenigge. Si on parle moins du double Ballon d’or lorsqu’on évoque le modèle Bayern, ce n’est pas parce qu’il a moins bossé que le vendeur de saucisses, mais parce qu’il est d’un naturel plus discret. « Je viens d’une des villes au climat le plus hostile d’Allemagne, Lippstadt. C’est sans doute pour ça que je ne suis pas très chaleureux, contrairement à Uli qui vient du sud et qui a un caractère très avenant, à l’image de la Bavière » , théorisait Karl-Heinz Rummenigge à 11 Freunde en 2013.

Comment j’ai tué mon père

Pour devenir les maîtres incontestés du navire rouge et blanc, les deux compères ont d’abord dû se débarrasser du père du Bayern, Franz Beckenbauer lui-même. Pourtant, c’est bien le « Kaiser » qui a mis en place Rummenigge. En 1991, alors président du Bayern, il est conscient qu’il faut innover à la tête du club, après une saison désastreuse (dixième place en Championnat). Il installe l’ancien attaquant comme vice-président du club bavarois. En 2002, après dix ans de succès sportifs mais aussi économiques, il devient président, lorsque la formation munichoise choisit de passer en société anonyme. Très vite, il devient un responsable hors normes et fait du Bayern une marque interminable. Il multiplie les contrats avec de grandes marques allemandes et laisse à Uli Hoeneß le soin de communiquer et de faire entendre les valeurs du club. L’un attrape la lumière, l’autre reste dans son ombre. Et au fur et à mesure du temps, les deux acolytes ont de moins en moins besoin de la star des 70’s pour mener à bien leur projet.

Alors que la Coupe du monde en Allemagne se profile, Beckenbauer passe le plus clair de son temps sur les plateaux télés ou dans son hélicoptère à jouer à l’inspecteur des travaux finis. Ses sorties médiatiques de plus en plus nombreuses agacent le duo qui décide lors de l’épisode Klinsmann de ne pas le consulter ni pour l’engager ni pour le virer ensuite. En 2009, le board décide finalement de nommer Uli Hoeneß président et de déplacer Franz Beckenbauer au poste de de président d’honneur. Karl-Heinz Rummenigge reste lui à son poste de CEO. De 2009 à 2013, les deux hommes décident de se focaliser sur l’international et de faire du Bayern une marque globale, multipliant les stages à travers le globe et les achats de joueurs étrangers. Si l’un se concentre sur les aspects plus techniques, les réunions entre investisseurs et les sommets entre clubs européens, l’autre vend l’image de la Bavière à l’étranger, toujours son écharpe autour du cou. En un rien de temps, Kalle et Uli font oublier Franz. Grâce à eux, le Bayern a une nouvelle image. Moderne et traditionaliste à la fois. Et ça plaît. À l’heure ou le Rekordmeister réussit le triplé, le club n’a jamais été aussi populaire dans le monde. Son impopularité supposée en Allemagne est, elle, toute relative: en 2014, tous les matchs du FCB ont affiché complet, à domicile comme à l’extérieur.

La vie sans Uli

Seulement, depuis que son ami de 30 ans passe ses nuits en prison, « Kalle » doit s’occuper de tout. Et force est de constater qu’il ne sait pas tout faire. Avec les quidams, Karl-Heinz Rummenigge a toujours eu un peu de mal. Serrer la main des fans présents à chaque entraînement du Bayern n’a jamais été son style. Charmer la presse non plus. De mai à décembre 2015, lorsque tous les journalistes n’avaient que la prolongation de contrat de Guardiola à la bouche, il n’était pas vraiment à son aise pour les mener en bateau. Mentir n’a jamais été son truc. Avec les supporters, le contact passe mal. Ces deux dernières années, « Kalle » a été accusé de tous les maux bavarois. Pour pas mal de supporters, il est étroitement associé à l’ère Pep Guardiola – même si c’est sous Hoeneß que le Catalan a signé son contrat. L’été dernier, lorsque Bastian Schweinsteiger a fait ses valises pour Manchester, une banderole accusant Rummenigge et Guardiola de détruire le club avait été déployée par des fans. Son attitude un peu blasée vis-à-vis de ce transfert n’a pas arrangé les choses. Sa politique d’inflation des salaires, visant à empêcher les joueurs de partir notamment en Angleterre, dérange elle aussi beaucoup. Le Bayern a toujours été économe. Mais ces derniers temps, les salaires à plus de 10 millions par an pullulent en Bavière. Uli Hoeneß a souvent dit que le secret pour faire du profit était de dire « Nein » . « Pour les salaires, pour certains transferts… C’est l’une des choses les plus importantes, je pense. On doit dire non parfois » , avait-il expliqué. Seul aux commandes, Rummenigge est allé plus d’une fois à l’encontre de ce principe pourtant si cher à l’ancien président. Pour beaucoup, le visage du Bayern s’est fait plus froid sous ses ordres, est devenu plus cynique. En 2014, lorsqu’il évoque la possibilité de faire venir Marco Reus au Bayern alors que le BvB vit un début de saison calamiteux, Hans-Joachim Watzke, le boss du Borussia, n’hésite pas à le traiter de manipulateur. Pourtant, ses collègues et sa famille louent un homme gentil, plus maladroit qu’autre chose. Comme tous les visionnaires, Rummenigge a besoin d’un bon VRP pour vendre ses idées. S’il a essayé d’exister sans, il a montré ses limites ces derniers mois. Prouvant qu’un bad cop a toujours besoin de son good cop.

Par Sophie Serbini

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