Comment tu te retrouves à Mondeville aujourd’hui ?
Je recherchais un club professionnel, mais sachant que j’en avais déjà fait deux en une saison, Ajaccio et Kerala, je n’avais pas le droit de re-signer dans un troisième club pro. Donc j’étais coincé au niveau de l’Europe. J’aurais pu signer dans un des championnats qui démarrent après janvier, comme les États-Unis, l’Australie ou la Russie, mais je n’avais aucun contact. Comme je n’avais pas envie d’arrêter de jouer, je suis retourné dans mon premier club. Je pensais m’entraîner tout seul pendant six mois, mais vu que je connais du monde dans la région et que mon frère aussi, on en a parlé. Et ça intéressait l’entraîneur de Mondeville, que je connais depuis ma première année professionnelle à Caen, donc ils m’ont contacté et je n’ai pas hésité.
L’accueil de tes nouveaux coéquipiers a été bon ?
C’est vrai que je partais un peu dans l’inconnu, car je ne connaissais plus personne comme joueurs, juste des jeunes, mais j’ai été très bien accueilli. Au contraire, ils attendent que je leur amène pas mal d’expérience et que je les aide à jouer la montée.
Qu’est-ce qui te plait le plus dans ce retour au foot amateur ?
Ce qui me plaisait déjà, c’était de continuer à jouer, car je n’avais pas envie d’arrêter le foot maintenant. Six mois sans jouer, à 35 ans, ce n’est jamais facile. C’était ma première motivation. Et puis la seconde, c’était d’aider un club qui m’a formé, dans une équipe amateur, avec des jeunes. Tout était réuni pour que je signe là-bas. Pour l’instant, j’ai fait trois matchs de championnat, on en a gagné deux et fait un nul. On n’a pas pris de but, donc en tant que défenseur, je suis content.
En DH, tous tes adversaires doivent vouloir « se taper » Hengbart…
Non, pour l’instant je n’ai eu que des bons retours et aucun problème. Ça reste un niveau régional et je connais beaucoup de monde ici, j’ai pas mal d’amis, donc c’est toujours très bien.
Tu as retrouvé des petits instants du foot amateur que tu n’avais plus en pro ?
Ça reste comme au niveau professionnel, à part qu’il y a moins d’entraînements. On a déjà fait une soirée Ligue des champions et pizzas, mais ça se retrouve en pro de temps en temps aussi. Le seul truc, c’est qu’il y a beaucoup moins d’entraînements.
On était un peu coupé du monde réel
La DH, c’est quand même le grand écart avec la ferveur que tu as connue en Inde…
C’est clair que niveau public, ce n’est pas la même chose ! Je suis passé du plus grand stade d’Inde, avec 60 000 personnes, à 200 spectateurs. Mais il y a toujours la motivation pour gagner. Quand on est sur un terrain, on est compétiteur, on ne regarde pas ce qu’il se passe autour.
C’est cette ferveur du public qui t’a le plus marqué lors de cette aventure indienne ?
En fait, ça dépendait des régions. Moi, j’étais dans un coin où les gens adoraient le foot, avec une vraie ferveur. Quand on allait se promener, les gens venaient nous voir et nous demandaient des photos, alors qu’on pensait qu’on était un peu incognito en ville, mais en fait pas du tout. C’était impressionnant.
Et dans la vie de tous les jours, c’était comment ?
On était à l’hôtel pendant trois mois, donc on était un peu coupé du monde réel. En vivant à l’hôtel 24h/24, on ne connaît pas vraiment la vie de tous les jours. Mais on côtoyait les gens de l’hôtel et on croisait beaucoup de gens quand on allait se promener et ça m’a beaucoup plu.
On te sent déjà pressé d’y retourner…
J’ai été très satisfait de mon aventure, aussi bien sportivement qu’humainement, donc j’ai envie d’y retourner. En plus, je pense que j’ai fait une très, très bonne saison, donc j’espère y revenir. Quand je suis parti, les dirigeants m’ont dit qu’ils comptaient sur moi la saison prochaine, donc normalement, dans les mois qui viennent, ils devraient me contacter pour retourner là-bas.
Comment tu t’es retrouvé en Inde ? C’est un agent qui est venu te démarcher ou tu t’es proposé ?
C’est un concours de circonstances. C’est Bruno Satin (célèbre agent de joueurs, ndlr) qui s’occupait du recrutement de tous les étrangers et comme il connaissait bien une personne avec laquelle je travaillais, on l’a contacté pour savoir si mon profil l’intéressait et il a dit que oui, car j’ai beaucoup d’expérience et un nom en Ligue 1. Dès que j’ai eu cette opportunité, j’ai dit oui tout de suite.
Manger et discuter avec Anelka, c’était vraiment super agréable
À Kerala, tu as côtoyé le mythique David James. Quels souvenirs tu en gardes ?
Ce n’était pas facile parce qu’il était entraîneur-joueur, et moi défenseur central et capitaine. Donc on jouait ensemble, mais à côté de ça, c’était mon coach. Ce n’est pas facile, j’avais rarement vécu cette situation. Mais ça s’est très bien passé. C’est un gagnant sur le terrain, un vrai Anglais. En plus, il est compétitif et je pense que c’est grâce à ça qu’on est arrivés jusqu’en finale.
Tu as aussi dû fréquenter d’autres grands noms du foot pendant ces quelques mois…
En général, les deux équipes se retrouvaient à l’hôtel la veille et le soir du match, et ce qui se passait, c’est que les nationalités se retrouvaient à table, même sans se connaître. C’était plutôt sympa. J’ai réussi à rencontrer un joueur que j’ai beaucoup apprécié, comme Robert Pirès, qui est un homme déjà extraordinaire sur le terrain, mais encore plus en dehors. Il y avait aussi Nicolas Anelka, que j’avais juste vu à la télé en tant que « star » et pouvoir manger et discuter avec lui, c’était vraiment super agréable.
Quand tu as connu ça, tu ne dois pas forcément avoir envie de revenir jouer en Ligue 2…
J’ai goûté à l’étranger et j’ai vraiment bien aimé. J’ai fait le premier pas pour aller en Inde, donc maintenant pourquoi pas essayer d’autres pays, pour découvrir d’autres cultures. J’aimerais bien essayer les États-Unis, ce qui n’a pas pu se faire cette année, mais je ne lâche pas cette idée. J’ai toujours aimé les États-Unis et leur culture, mais après, il faut avoir les ouvertures. Mais on ne sait pas de quoi demain sera fait. S’il y a cinq ans, on m’avait demandé de jouer en Inde, j’aurais dit « jamais » et en fait j’y suis allé, donc je ne ferme la porte à rien.
Lors de ton passage à Auxerre (2008-2013), tu avais été présélectionné en équipe de France. C’est un petit regret de ne pas avoir porté le maillot bleu ou, à l’image d’un Jérôme Leroy, tu penses que ce n’était pas pour toi ?
Oui, le club avait reçu la présélection des cinquante joueurs et me l’avait dit. Mais franchement, ce n’est pas un regret parce que je pense que les joueurs qui étaient à mon poste de latéral droit étaient meilleurs et avaient un CV beaucoup plus important que le mien. Je pense que j’ai été au maximum de mes capacités et de mes qualités, donc je n’ai absolument aucun regret là-dessus.
Les notes de Sainté-Marseille