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Hello Bordeaux

Par Mathias Edwards
Hello Bordeaux

C'est officiel, les Girondins de Bordeaux passeront sous pavillon américain en octobre prochain. Un changement de propriétaire qui excite autant qu'il intrigue, tant GACP, le fonds d'investissement qui a fait main-basse sur le club, suscite la curiosité.

Les supporters bordelais trouvaient le temps long, depuis le début du mois de mars dernier, et les premières rumeurs faisant état de discussions entre M6, l’actuel propriétaire des Girondins, et de mystérieux américains désireux de mettre la main sur l’institution bordelaise. Accueilli comme un soulagement par certains et avec méfiance par d’autres, le dénouement du feuilleton a finalement été diffusé vendredi dernier. Le fonds d’investissement américain GACP (General American Capital Partners) va bien acquérir le club d’ici octobre, le temps que le Conseil de Bordeaux Métropole approuve les garanties proposées par GACP vis-à-vis des loyers dus par le FCGB pour l’occupation du stade, comme l’explique M6 dans un communiqué. Pour s’offrir le club au scapulaire, le fonds floridien contrôlé par Joseph DaGrosa aurait déboursé 100 millions d’euros, et s’est engagé à en investir 80 millions de plus dans le club dans les trois ans à venir. Avec comme principal objectif de replacer les Girondins sur la carte du football européen.

Ouch, un plafond de verre !

En reprenant les Girondins en avril 1999, quelques semaines avant que l’équipe soit sacrée championne de France, M6 imposait au club le même objectif que semble vouloir le faire GACP dix-neuf ans plus tard : se qualifier chaque saison pour une compétition européenne. Un contrat que le club honorera douze fois, avec de plus en plus de difficultés. La dernière participation des Bordelais à la Ligue des Champions remonte à la saison 2009-2010, et ces deux dernières saisons, ils ne doivent leurs tickets pour la Ligue Europa qu’aux performances du Paris Saint-Germain, vainqueur des deux coupes nationales. Car en dix-neuf ans, le football français a couru plus vite que les Girondins de Bordeaux, qui ont vu le PSG, Monaco ou l’OM passer sous la coupe de propriétaires aux capacités financières bien au-dessus de la concurrence. De fait, l’objectif européen relève de plus en plus de l’exploit pour des Bordelais de moins en moins armés pour lutter avec le haut du panier de L1. Et à force de compter les bosses que lui procure ce plafond de verre contre lequel il ne cesse de se cogner, M6 a décidé de jeter l’éponge, en se séparant de la seule branche déficitaire de son groupe.

Le fonds d’investissement, un modèle « dangereux »

En quittant le giron de la sixième chaîne, selon la formule consacrée, les Bordelais savent ce qu’ils perdent, pas ce qu’ils gagnent. Car l’arrivée du fonds d’investissement américain dans le football français peut interroger. Comme l’explique Pierre Rondeau, économiste du sport, à nos confrères de La Revue Far Ouest, GACP fait partie de la catégorie d’investisseurs la plus dangereuse : celle des acheteurs à but de lucrativité à court terme. « C’est extrêmement dangereux, parce qu’on va jouer sur la vente de joueurs à plus-values et sur les gains sportifs (primes de match, revenus télévisuels, etc.), développe celui enseigne à l’Université Paris 1. Donc le club se doit, saisons après saisons, de générer des bénéfices malgré les aléas qu’impose la glorieuse incertitude du sport. En plus, ce sont des gens qui sont totalement désintéressés de la culture locale. Dès que cela va bien fonctionner, ils vont vendre. La logique de pérennité, facteur de réussite dans le sport est totalement reniée. »

Et l’économiste d’imaginer le pire scénario possible pour les Marine-et-blanc : « On peut très bien se retrouver avec le même modèle que le Red Bull Salzbourg, où les couleurs, l’emblème et l’histoire du club ont totalement été bafoués. À Bordeaux, le club c’est « Les Girondins de Bordeaux ». Et « Girondins », c’est franco-français, tandis que« Bordeaux », c’est international. Donc on peut imaginer un fonds d’investissement attiré par la marque« Bordeaux », qui renomme le club« FC Bordeaux ». De la même façon que le« Paris Saint-Germain »est devenu« Paris »depuis l’arrivée des Qataris. Ils peuvent également changer la couleur du maillot, mettre une bouteille de vin sur le logo… On peut tout imaginer. » On l’a bien compris : alors que M6, par l’intermédiaire de Nicolas de Tavernost, était sincèrement attaché à l’histoire du club, les Américains ne sont pas forcément venus pour faire dans le romantisme. Mais sur le plan sportif, et donc financier, que vont-ils pouvoir apporter de plus que l’ancienne « petite chaîne qui monte » ?

Des Whoppers au soccer

Joe DaGrosa a fondé sa fortune en rachetant entre 2003 et 2006 quelques 248 restaurants Burger Kings en situation de dépôt de bilan, créant la deuxième franchise des USA avant de la revendre à prix d’or. Aujourd’hui, parmi les 41 sociétés que GACP possède, dans des domaines aussi variés que la régénération des cellules souches, les télécommunications ou la maintenance d’avions un peu partout sur le globe, deux sont directement liées au football : GACP Soccer Holding LLC et GACP Premier Soccer Partners Inc., toutes deux créées à l’été 2017, et dont la première est un groupement d’agents fonctionnant pour le compte du fonds d’investissement. Et sur lequel le nouveau propriétaire compte bien évidemment s’appuyer pour renforcer les Girondins de Bordeaux.

C’est d’ailleurs bien entouré que Joe DaGrosa débarque en Gironde. Ses conseillers s’appellent Hugo Varela, ancien agent, Toni Muñoz, ancien directeur sportif de Getafe, Ian Ayre, ancien directeur général de Liverpool, Jesualdo Ferreira, ancien entraîneur de Porto, Eduardo Maca Martine, actuel chef du recrutement de Leicester, ou encore Miguel Pardeza, ancien directeur sportif du Real Madrid. Que du beau linge, qui n’a a priori pas conseillé à DaGrosa de s’installer à Bordeaux pour son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais bien parce que selon leur expertise, le FCGB représente une opportunité pour le fonds d’investissement d’augmenter son chiffre d’affaires, notamment en confiant la gestion des transferts à son propre réseau d’agents.

Sur le plan sportif, à condition que les choses soient faites en bonne intelligence, le projet peut parfaitement fonctionner, et satisfaire toutes les parties. Dans le cas contraire, les supporters bordelais, pour beaucoup ravis du départ de M6, se mettront rapidement à regretter la gestion « en bon père de famille » de leur précédent propriétaire.

Dans cet article :
Et si Stan Collymore avait sauvé Bordeaux de la catastrophe ?
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Par Mathias Edwards

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