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Gattuso, joue-la comme Wenger

Par Adrien Candau
Gattuso, joue-la comme Wenger

Alors que Milan se traînait une réputation de maison de pré-retraite dorée au début de la décennie, Gennaro Gattuso mise sur un groupe rajeuni, qui laisse aux jeunes talents locaux la possibilité d'éclore. De quoi battre Arsène Wenger à son propre jeu, alors qu'Arsenal n'a plus grand-chose de la pouponnière à talents qui faisait sa renommée il y a encore quelques années.

Pour comprendre le chemin parcouru, il faut d’abord rembobiner les bandes. Pour revenir au soir du six mars 2012, qui correspond à la dernière confrontation entre Rossoneri et Gunners. Milan vivotait alors sur les restes de vieux briscards de la trempe d’Ibrahimović, Van Bommel, Mexès et Abbiati. En face, Arsenal alignait sa meute habituelle de jeunes loups, composée entre autres d’Oxlade-Chamberlain, Alexandre Song, Kieran Gibbs, Wojciech Szczęsny et Gervinho, tous âgés de 25 ans et moins. Six ans passent et le temps des retrouvailles est enfin venu. Et avec lui, son lot de changements dans les vestiaires : si celui du Milan ne sent plus franchement la naphtaline, celui des Gunners s’est, lui, vidé de ses wonderkids.

Arsenal, la jeunesse au placard

Une inversion des rôles qui épouse les trajectoires sportives et économiques qu’ont depuis empruntées les deux clubs. Coté Gunners, l’épuisement de la filière jeune coïncide avec le flair déficient d’Arsène Wenger, plus aussi inspiré à l’heure de détecter les nouveaux jeunes talents. Si l’entraîneur londonien ne perdra jamais complètement foi dans la post-formation, ses dernières années à la tête du club londonien sont émaillées d’un nombre assez considérable d’erreurs de casting. Depuis 2010, le technicien a acheté pas moins de seize joueurs de 23 ans et moins, et seuls deux, Aaron Ramsey et Granit Xhaka, sont aujourd’hui des figures importantes du onze londonien. Les autres prétendants ont dû se contenter de miettes pour pourvoir exister au plus haut niveau. Quelques espoirs éphémères comme l’Allemand Thomas Eisfeld, le Français Yaya Sanogo ou Oxlade-Chamberlain ont ainsi quitté les Gunners pour chercher meilleure fortune ailleurs.

D’autres, comme Carl Jenkison ou Joel Campbell, sont baladés de prêt en prêt depuis plusieurs années, alors que certains espoirs aux contours prometteurs – Calum Chambers et Rob Holding en tête de liste – poirotent en salle d’attente, en espérant avoir un jour l’opportunité de faire leur trou en équipe première. Ultime signe de la perte de confiance de Wenger dans la filière jeune : les récentes acquisitions d’Henrikh Mkhitaryan et Pierre-Emerick Aubameyang, deux joueurs recrutés alors qu’ils ont dépassé les 28 printemps, une première pour l’Alsacien depuis qu’il pilote le club londonien. De quoi porter un sacré coup de vieux à la sainte parole d’Arsène, qui déclarait en 2010 : « Un jour, je vous donnerai la liste des joueurs de top niveau qui ont lancé leur carrière avec moi. Vous serez ébahi. » Huit ans plus tard, c’est pourtant du côté du Milan de Gattuso qu’il faudra zieuter ce jeudi, pour voir des mômes qui pourraient faire frissonner le continent dans un futur pas si éloigné.

Jeunes et jolis

Lors du dernier match officiel des Rossoneri face à la Lazio, le Mister a aligné sept joueurs de moins de 25 piges : Patrick Cutrone, Hakan Çalhanoğlu, Suso, Franck Kessié, Alessio Romagnoli, Davide Calabria et Gianluigi Donnarumma. Non pas que le club lombard se soit découvert une passion soudaine pour la formation. La cure de jouvence milanaise est initialement une réponse pragmatique à une situation enlisée. Au début de la décennie, Silvio Berlusconi arrête d’arroser en billets verts les finances du Milan, ce qui remet au centre de la stratégie milanaise Milanello, le centre de formation du club. Pour percer, les jeunes espoirs lombards n’ont alors plus à se farcir des années successives de prêt dans des équipes plus modestes de Serie A et B, en attendant qu’un vieux briscard leur libère une place au sein de l’effectif milanais. Si elle n’est pas glorieuse sur le plan sportif, la fin de l’ère Berlusconi a ainsi au moins le mérite de faire émerger une génération de talents locaux, de Donnarumma à De Sciglio en passant par Manuel Locatelli ou Calabria. Autant de joueurs qui ont pour point commun d’être jeunes, italiens et d’avoir fait leurs classes au sein du centre de formation milanais.

Rino et son troupeau

Un pari jeune loué par Gattuso, peu avant que ce ne dernier ne prenne les commandes de la Primavera du club à l’été 2017 : « Nous voyons enfin Milan suivre un chemin clair et croyez-moi, les résultats viendront. La politique axée sur les jeunes et la formation portera ses fruits… » Chose promise, chose due, quand Rino prend le relais de Vincenzo Montella à la tête du Milan. Gattuso confie le côté droit de la défense à Davide Calabria, qui n’était pas toujours dans les petits papiers de Montella, et tranche en faveur du môme star du centre de formation, Patrick Cutrone, pour jouer en pointe, au détriment de Nikola Kalinić et André Silva, pourtant recrutés à prix d’or cet été.

Il aboie aussi aux oreilles de Franck Kessié, qui semble prendre la mesure du club milanais depuis plusieurs semaines. Et est visiblement ravi de se faire bouger par Rino durant les mises au vert : « Avec lui, on travaille beaucoup plus dur, surtout sur le plan tactique. Montella ne nous faisait pas assez travailler à l’entraînement, mais c’est complètement différent maintenant. » Pour le résultat qu’on connaît : invaincus en 2018, les jeunes loups de Gattuso auront à cœur de mordre les mollets des Gunners, pas au mieux en Premier League depuis plusieurs semaines. Histoire de peut-être prouver que Milan a su s’approprier le célèbre mantra de Wenger, qui se plaisait souvent à déclarer : «  Nous n’achetons pas de stars. Nous les fabriquons. »

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Par Adrien Candau

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