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Florentino Pérez, le coach surfeur

Par Kevin Charnay
Florentino Pérez, le coach surfeur

Depuis cette semaine, Zinédine Zidane est le nouveau coach du Real Madrid, après le départ de Rafael Benítez. Si le club n'a jamais été du genre à garder longtemps ses entraîneurs, la tendance s'est confirmée de plus en plus depuis une quinzaine d'années et l'arrivée d'un homme : Florentino Pérez, la machine à broyer les techniciens.

« Je suis désolé pour Benítez, mais son licenciement n’a rien de surprenant. C’est toujours difficile d’entraîner des grandes équipes. Mais c’est encore plus compliqué d’entraîner le Real Madrid, vue la manière dont le club est géré. » Presque six ans après, Manuel Pellegrini garde toujours en travers de la gorge son éviction de la Maison Blanche. À la fin de la saison, avec un parcours à 96 points et 102 buts, le Chilien est remercié et remplacé par José Mourinho. Des coachs comme lui qui ont été virés comme des malpropres, bons ou mauvais résultats, il y en a à la pelle. Qu’ils soient espagnols, chiliens, allemands, italiens, portugais, brésiliens, argentins, hollandais ou gallois. En vingt ans, le Real Madrid a changé vingt fois d’entraîneur. Neuf sont restés moins d’un an. Une instabilité chronique qui n’étonne plus personne. « C’est le contexte du club qui veut ça » , trouve-t-on comme explication toute faite. Pourtant, dans son histoire, le Real a changé 61 fois d’entraîneur et le Barça 59 fois. C’est depuis la fin des années 80, et surtout depuis l’arrivée de Florentino Pérez en 2000, que le club a enclenché la broyeuse. Le président actuel de la Casa Blanca en a cramé onze à lui tout seul (entre 2000 et 2006, et depuis 2009).

Florentino le dictateur

Comme le disait justement Manuel Pellegrini, il est difficile pour un entraîneur de s’installer sur la durée au Real s’il ne s’écrase pas devant le tout-puissant Florentino. « Je savais qu’on allait me virer du Real un mois après mon arrivée. C’était dû aux différends que j’entretenais avec le président » , expliquait le technicien chilien il y a peu. En 2009, il avait été recruté par Florentino Pérez, après les refus de Wenger et Ancelotti. Et le président merengue lui a toujours fait sentir qu’il n’était qu’un choix par défaut. Alors qu’il compte bâtir son équipe autour du percutant Robben et du malin Sneijder, Pérez brade les deux Hollandais sans prévenir pour enrôler Cristiano Ronaldo, Kaká, Benzema, Xabi Alonso et Álvaro Arbeloa. Tout un groupe à rebâtir, sans avoir son mot à dire. Car cette année-là, c’est le retour de Florentino aux commandes du club après trois ans d’absence. Et il compte bien reprendre ses bonnes vieilles habitudes et montrer qui est le patron.

Comme en 2000, son unique objectif est de redresser les finances et l’image du club en recrutant des stars mondiales à prix d’or, pour booster la vente de produits marketing. Refaire le coup des Galactiques, qui avait pourtant déjà échoué. Et quiconque se mettra en travers de son projet sera écarté. « C’est quand même l’un des rares clubs au monde où l’entraîneur ne choisit pas les joueurs qu’il désire » , s’exaspérait Carlos Queiroz, quelque temps après son éviction, en 2004. Et en effet, le Portugais en a vu de belles pendant son court passage sur le banc du Real. À peine arrivé, Florentino dégage Makelele à Chelsea au dernier moment sans le remplacer, car pas assez sexy. C’est tout l’équilibre de l’équipe qui s’effondre sans que Queiroz ne puisse rien y faire. Ensuite, il demande le recrutement de Ronaldinho. Le président lui répond qu’il est « trop laid » et enrôle le sourire de David Beckham.

L’emprise du marketing et de l’image

Du coup, avec de telles contraintes, Carlos Queiroz s’est forcément cassé la gueule. Après des bons débuts, la fin de saison a été beaucoup plus compliquée. Éliminés par Monaco en C1, défaits en finale de Coupe du Roi par Saragosse, les Galactiques terminent à une bien terne quatrième place. Du coup, le limogeage du Portugais ne fait pas scandale. Mais même quand les coachs parviennent à obtenir de bons résultats malgré les bâtons que posent la direction dans leurs roues, ce n’est pas gage de sécurité. Dernièrement, Carlo Ancelotti, qui a ramené la Décima tant attendue, a pu en faire l’amer constat. Qu’il se rassure, il est loin d’être le premier. Fabio Capello, vainqueur de la Liga après quatre ans de disette, avait été viré en 2007, car il développait un jeu « pas assez spectaculaire » .

Bien avant lui, et c’est peut-être le pire choix qu’a fait Florentino Pérez, c’est Vicente del Bosque qui était foutu à la porte. « Pas assez moderne » , disait la direction. Celui qui restait sur deux Liga et deux Ligues des champions ne collaient plus à l’image glamour que le président voulait donner au club. Dans le même esprit, ce n’est pas pour rien que Rafael Benítez a été contraint à un régime cet été. Manifestement, ça n’a pas suffi. En plus d’être ultra-exigeant et ultra-impatient avec ses entraîneurs, Florentino Pérez crée bien souvent un climat délétère au sein même de son vestiaire, en surprotégeant les joueurs stars qu’il a payé à prix d’or. Pas question de mettre sur le banc les vitrines du club à l’étranger, sous peine d’être sanctionné plutôt lourdement. Zinédine Zidane aura-t-il le droit de mettre Cristiano Ronaldo de côté en cas de manque de forme du Portugais ? En tout cas, Mariano Garcia Remon, durée de vie de trois ans, n’aurait pas dû faire de même avec l’autre Ronaldo en 2005. « J’ai mis Ronaldo sur le banc, une fois. Ça m’a coûté mon poste » , déclarait-il dans son livre.

Quand le vestiaire s’en mêle

Lorsque Florentino ne se charge pas lui-même de foutre le boxon, ce sont les stars pleines d’ego qui s’en occupent. En 1998, Guus Hiddink arrive pour remplacer José Antonio Camacho, en place depuis 22 jours et qui n’a pas dirigé un seul match (il a démissionné après un conflit avec les dirigeants). Sa promesse : « moins de Ferrari et plus de cojones » . La réaction de Roberto Carlos dans la presse, pleine de défiance : « Quand on tape du poing sur la table, soit on se casse la main, soit on casse la table. Il ne se passe rien d’autre. » Résultat, le Hollandais est remercié au bout de sept mois, n’ayant jamais réussi à gérer un vestiaire qui se déchirait lui-même. Après tout, mieux vaut licencier un entraîneur que huit joueurs. Une situation qui rappelle celle d’un certain José Mourinho. Même si le Portugais est resté bien plus longtemps en poste que ses prédécesseurs, malgré des résultats pas toujours au rendez-vous, c’est la déliquescence du vestiaire et l’apparition des clans qui ont coûté sa tête. Et même s’il a sa part de responsabilité, les prises de position de Florentino Pérez n’ont sûrement pas aidé. En bref, même si Zizou connaît très bien la maison, il risque d’avoir du pain sur la planche pour sauver sa tête.

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