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Federico Valverde : « Mes partenaires me voient comme un leader légitime »

Propos recueillis par Sergio Levinsky, à Bilbao
6 minutes

Taulier de l’Uruguay et essentiel au Real Madrid, Federico Valverde occupe une place de plus en plus importante dans les deux équipes qu’il défend. Et le milieu de terrain, à l’aise dans l’exercice de l’interview, assume pleinement ce nouveau statut. Rencontre avec le joueur de 25 ans, à l’occasion du match amical entre l’Uruguay et le Pays basque.

Federico Valverde : « Mes partenaires me voient comme un leader légitime »

Tu es joueur du Real Madrid et international uruguayen, ce sont deux maillots très lourds historiquement. Comment gères-tu cette pression ?

Je déplace simplement le curseur, en fonction de mes échéances en club ou en sélection. Je suis plongé dans cette pression depuis mon adolescence, et j’ai appris à faire avec le poids des deux maillots. Au Real Madrid, on exige de toi que tu remportes un titre par saison. Pareil en Uruguay, on veut te voir gagner. Cela commence par les supporters, c’est ensuite véhiculé par la presse et enfin entre les joueurs eux-mêmes.

Avec l’arrivée de Marcelo Bielsa sur le banc, quels changements as-tu pu constater en sélection ?

Beaucoup de choses ! Nous avons tout de suite senti son savoir-faire, pas seulement grâce à son CV, mais dans la manière dont il nous glissait les consignes. En ce moment, par exemple, nous essayons de gérer au mieux l’équilibre d’un match et d’analyser le rythme de l’adversaire pour ne pas se laisser piéger par les temps faibles d’une rencontre. L’objectif est d’avoir des plans pour chaque situation de match, et ainsi en maîtriser une majeure partie. Ce que l’on cherche, c’est donc une implication collective complète : que chacun sache quoi faire à un moment précis.

L’Uruguay est, de toute manière, toujours parmi les favoris. Nous avons une histoire à honorer et quinze Copas América au palmarès, donc dire que nous n’allons pas aux USA pour gagner serait très hypocrite.

Disposez-vous du temps nécessaire pour cela, sachant que les sélectionneurs peinent souvent à mettre en place leur plan de jeu, car ils ne voient les joueurs que quelques semaines dans l’année ?

Je pense que nous avons quand même du temps. Lorsque tu es en sélection, ton esprit assimile plus vite les automatismes avec les coéquipiers… Disons que tu t’obliges à rester focalisé beaucoup plus. Et puis, en ce qui concerne notre équipe d’Uruguay, c’est un peu plus facile, car nous nous connaissons désormais depuis plusieurs années. Donc nous savons qui doit faire quoi.

L’Uruguay est l’un des favoris à la victoire finale lors de la prochaine Copa América aux USA, peut-être même plus que le Brésil. C’est aussi comme cela que tu vois les choses ?

L’Uruguay est, de toute manière, toujours parmi les favoris. Nous avons une histoire à honorer et quinze Copas América au palmarès, donc dire que nous n’allons pas aux USA pour gagner serait très hypocrite.

 

On a surtout l’impression qu’en ce moment, votre dynamique vous permet de voir les choses en grand. Vous avez par exemple battu l’Argentine à Buenos Aires, durant les qualifications au Mondial 2026.

Oui, nous atteignons doucement notre niveau de jeu souhaité et on cherche à maintenir cela sur la durée. Ce que l’on veut surtout, c’est la pérennité. De savoir que l’on peut subir pendant une rencontre et que l’on se sentira tout de même en sécurité, on veut atteindre la maîtrise idéale d’un match.

Aujourd’hui, la Celeste est privée de certains cadres. Retraités, comme Fernando Muslera ou Diego Godín. Et d’autres qui sont de moins en moins convoqués, comme Edinson Cavani ou Luis Suárez. Avec ce changement de génération, sens-tu que c’est à ton tour de prendre le rôle de cadre au sein de la sélection ?

Bien sûr. Le fait d’évoluer au Real Madrid favorise également ce constat, car tes coéquipiers et même les supporters te voient comme un leader légitime. C’est une pression supplémentaire, c’est vrai, mais je l’assume complètement et avec beaucoup de sérénité. Si je peux aider les nouveaux comme les anciens m’ont aidé à mon arrivée en sélection, alors j’aurai réussi ma mission.

Tu n’as pas encore 26 ans, mais tu es déjà considéré comme un ancien. D’autant qu’en club, tu es l’un des rares à avoir disputé la totalité des rencontres du Real Madrid. Là, on parle de vraie régularité…

C’est vrai que cela a une influence importante sur mon rendement, je sens que le coach (Carlo Ancelotti, NDLR) me fait confiance et je sens aussi que je parviens à lui rendre la pareille en étant performant dans ce qu’il me demande.

En parlant de ça, Carlo Ancelotti t’a souvent demandé de te projeter davantage pour marquer plus. Mais bizarrement, tu es moins concerné par le but cette saison. Comment l’expliques-tu ?

La saison dernière, le coach m’a dit que je ne devais pas finir l’année avec moins de dix buts au compteur, et j’en ai marqué douze. Mais cette saison, les exigences ont changé avec l’arrivée de Jude (Bellingham, NDLR). Mon rôle est différent, car lui est chargé d’apporter le surnombre dans la surface et moi de rester en couverture. Je suis pleinement milieu relayeur, cette saison. Après, si je marque quelques buts en bonus, je ne dis évidemment pas non.

En quarts de finale de Ligue des champions, vous avez tiré Manchester City. Et la saison dernière, ils vous ont beaucoup fait souffrir… Tu penses que la tendance peut s’inverser ?

Oui, nous avons une maturité collective plus solide que la saison dernière. Et puis, nous sommes le Real Madrid, avec tout ce que cela comporte en matière de poids en Ligue des champions. Vous évoquez notre duel avec City de la saison dernière, et c’est vrai qu’ils nous ont fait souffrir. Mais l’année d’avant, nous les avons éliminés et avons remporté le titre. Il faudra se plonger dans le duel sans crainte, donc. Ils ont une équipe incroyable, et si tu veux aller au bout en Ligue des champions, il faut défier les meilleurs.

Ce n’est pas pour faire le faux modeste, mais je peux jouer n’importe où.

Tu as récemment évoqué ton changement de positionnement, où te sens-tu le mieux ?

Ce n’est pas pour faire le faux modeste, mais je peux jouer n’importe où. Là où me le demande l’entraîneur. J’ai joué comme ailier gauche, comme milieu gauche qui plonge dans l’axe en cours de match ou comme milieu récupérateur et même comme latéral gauche. Donc la rigidité d’un poste ne me pose aucunement problème.

Pour finir, tu as une statistique assez impressionnante : 92% de passes réussies par match, en moyenne. Un commentaire ?

Oui, j’ai vu passer ce chiffre, et c’est très plaisant. Je peux encore faire mieux, mais c’est déjà bien. Cela prouve que dans les deux équipes pour lesquelles j’évolue, mon rôle est primordial. Ça montre que je fais avancer le jeu, et que je suis toujours sollicité.

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