Euro 08 – Ce qu’on retiendra
On attendait Ballack, Torres, Ribéry, Robben, Buffon, Toni et surtout Cristiano Ronaldo. On espérait Pirlo, Ibrahimovic, Benzema, Klose, Iniesta, Fabregas ou Mutu. On avait même misé quelques cacahuètes sur la Gattuse et Van Nistelrooy, ces vieux singes.
On a eu Modric, Arshavin, Villa, De Rossi, Sneijder, Semak, Sionko, Pepe, Pavlyuchenko, Podolski, Schweinsteiger, Altintop ou Sentürk. On pensait Italie, France, Portugal, c’était Turquie, Russie, Croatie. On appelle ça des révélations, ou des mauvais pronostics, c’est selon.
Cet Euro en Suissautriche n’était manifestement pas écrit à l’avance ; et c’est tant mieux. Plus que la finale opposant une Allemagne aux forceps et une Espagne au talent, ce sont ces « nouveaux » noms que nous retiendrons.
Certains affolent déjà le mercato, comme le funambule russe Arshavin, que le Stade Rennais avait jugé survalorisé il y a six mois (il leur était alors proposé à 6 millions d’euros), et qui « partira » au quadruple pour Chelsea, sans doute, même s’il est annoncé un peu partout, de Barcelone à Arsenal – Wenger n’aurait pas fait uniquement le voyage pour TF1.
D’autres, en revanche, ne seront certainement que des « one month wonder » , ces joueurs météorites qui vous explosent au visage le temps d’un Euro pour finalement s’écraser en bout de piste. Ils vénèrent Toto Schillaci ou Milan Baros, et s’appellent cette année Sentürk, Sionko voire Schweinsteiger.
Même s’il faut toujours se méfier du « one month wonder » quand il joue pour la Mannschaft. Prenez Podolski : il explosa à la Coupe du Monde 2006 dans un style qui sentait fort la surcote – sorte d’attaquant bon partout mais génial nulle part -, il s’enterra comme prévu sur le banc du Bayern pendant deux ans et bing, résurrection cet été en Suissautriche où, au prix d’une double-trahison, il démontra qu’il valait tout de même bien mieux que cette baltringue de Mario Gomez.
Dans ces conditions, qui pour prévoir l’avenir de Schweinie l’ourson, coiffé comme un Portugais mais dont le football nous rappelle à chaque match que le profil dit « profil Malouda » (un gros volume physique, une discipline irréprochable et puis… et puis, non, rien) n’est pas tout à fait passé de mode ?
Il y a, également, ceux qui s’apparentent davantage à des confirmations qu’à des révélations : Sneijder, De Rossi, Villa, Altintop ou le jeune Pepe de Madrid, qui a prouvé que l’erreur, ce n’était pas les 30 millions d’euros déboursés par le Real pour le faire venir de Porto, mais bien le fait qu’il ne comptait que deux capes avant l’Euro.
Et puis, il y a Semak. Joue à Rubin Kazan, Semak. Où ça ? Rubin Kazan, aucun lien avec Alexandra, club russe qui caracole en tête d’un championnat dont le bon Sergeï est pour l’instant meilleur buteur. En sélection, Semak joue milieu défensif et capitaine. Libero devant la défense, il dirige la manœuvre et pédale quinze kilomètres par match, Makelele et Vieira dans le même short – tant et si bien qu’il suffisait de le « couper » pour éteindre les phares russes, ce que ce vieux bougre d’Aragones avait bien compris.
Semak a joué en France, au Paris Saint-Germain. Il avait été recruté sur l’autel du sadomasochisme footballistique qui veut qu’un club recrute systématiquement son bourreau : Sergeï Semak en avait collé trois au PSG en coupe d’Europe sur un même match, c’était avec le CSKA Moscou. A Paris, il bénéficiait d’un quota de 13 matchs par saison. En deux ans, il ne marqua qu’un seul but et les recruteurs du PSG furent, comme souvent, l’objet de quolibets et moqueries.
En France, le nom de Semak se prononçait avec ce petit rictus à la limite du sardonique au coin des lèvres. C’est peu dire qu’aujourd’hui, il nous a cloué le bec. Semak veut désormais revenir en France, pour mettre les choses au poing. Le PSG risque encore de s’en prendre trois dans les dents…
Giovanni Seri
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