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Été en pente dure pour la zone Asie

Par Matthieu Rostac
Été en pente dure pour la zone Asie

Quatre nations (Australie, Corée du Sud, Iran, Japon), quatre places de bons derniers en Coupe du monde. Depuis France 1998 et l'installation des deux qualifiés par groupe, la zone Asie n'avait jamais autant touché le fond. Pourquoi ce continent, il y a encore quelques années considéré comme un terrain fertile – bien qu'en friche – du football moderne, s'est-il rétamé au Brésil ? Éléments de réponse entre politesse, jeunesse et saudade asiatique.

22 juin 2002. Dans le Gwangju World Cup Stadium, lorsque Hong Myung-bo marque son penalty, c’est plus qu’une équipe qui exulte, c’est tout un peuple. Voire un continent. Pour la première fois de son histoire, pendant « son » Mondial, la Corée du Sud atteint les demi-finales d’une Coupe du monde. Mieux, les Guerriers Taeguk de Guus Hiddink sont les premiers joueurs asiatiques à aller aussi loin dans cette compétition, au nez à la barbe du frère ennemi et co-organisateur japonais, défait en huitième de finale par la Turquie. Outre la stratégie de cost killer adoptée par le technicien batave et l’arbitrage maison plus que favorable à la Corée du Sud, cette place dans le dernier carré permet de retenir une chose : le football asiatique est en mutation. D’habitude considérées comme de la chair à canon pour favoris, les formations de la zone Asie feront désormais figure d’épouvantails pendant les compétitions internationales. D’autant plus lorsque l’Australie annonce qu’elle quitte l’OFC pour rejoindre l’AFC en 2006. Douze ans après le succès du Mondial nippo-coréen, que reste-t-il du football asiatique ? De belles promesses, un champ de ruines. Pas grand-chose, quoi.

2014 : année zéro

Lors de cette Coupe du monde au Brésil, aucune équipe asiatique n’a passé le seuil des poules. Rien de bien grave, vous en conviendrez, puisque la chose s’était déjà produite en 2006. À une différence près : durant le Mondial allemand, si la zone Asie avait globalement joué les paillassons, la Corée du Sud avait pourtant terminé meilleur troisième de la compétition dans le groupe de la France et de la Suisse. Cette année, la Corée du Sud, l’Iran, le Japon et l’Australie ont terminé entre la 27e et la 30e place de la compétition. Leur plus mauvais classement depuis 1998. Seuls les amateurs honduriens et les egos camerounais ont fait moins bien. OK, l’Australie s’est retrouvée dans le groupe de la mort. Quant à l’Iran, dire qu’ils n’ont jamais démérité relève de l’euphémisme. Mais qu’en est-il des nations « phares » asiatiques ? Une Corée du Sud d’un Hong Myung-bo devenu entraîneur qui attrape son seul nul à la faveur d’une bourde d’Akinfeev et un automatique Japon qui sort dernier d’un groupe clairement à sa portée. Que s’est-il passé pour qu’en un peu moins de quinze ans, l’Asie redevienne une zone moribonde du football ?

Une zone à deux vitesses

D’abord, un manque de compétitivité. Malgré l’entrée en jeu de l’Australie pour pimenter le football game en Asie, force est de constater que l’AFC est la seule zone – avec l’OFC, il est vrai – où les équipes leaders collent très fréquemment des sets de tennis aux outsiders. Une tendance qui se confirme en qualifications pour la Coupe d’Asie des nations comme dans la Coupe elle-même où l’Inde et surtout l’Arabie Saoudite, ancien trust de la zone Asie, se sont fait piétiner durant le dernier exercice en 2011. Résultat, ce sont peu ou prou les mêmes nations qui se sont qualifiées pour les deux dernières Coupes du monde : Australie, Corée du Sud, Iran, Japon (sauf en 2010 où la Corée du Nord s’était qualifiée aux dépens de l’Arabie Saoudite et de l’Iran). Entre 1998 et 2006, avant l’arrivée de l’Australie, l’Arabie Saoudite prenait en général la place vacante. Seul la Chine était parvenue à se faire une place dans le carré voyageurs en 2002 au profit de l’Iran. Exploit jamais réitéré malgré la nomination de Juan Antonio Camacho à la tête de l’équipe de l’empire du Milieu en 2011, démis deux ans plus tard de ses fonctions.

There’s no place like home

À l’indice IFFHS (qui établit le classement des meilleurs championnats du monde), la K-League et la J-League sont classées 30e et 31e. Loin devant le championnat polonais (43e), certes, mais décroché par le championnat chilien (16e) ou uruguayen (21e). Au classement individuel, seul le Guangzhou Evergrande FC, sa Ligue des champions asiatique, son Marcello Lippi et ses millions de yuans figurent dans le top 50 des meilleurs clubs mondiaux à la 34e position. Si ce constat accablant confirme le niveau de la sélection iranienne (14 d’entre eux évoluent en Ligue Pro Iran, championnat classé 50e), il ne faut pas imaginer qu’il s’agit là d’une tare pour les nations coréennes ou japonaises. Au Mondial sud-africain, ces deux équipes avaient passé les poules avec des effectifs composés essentiellement de joueurs du championnat domestique (18 pour le Japon et 13 pour la Corée du Sud). Quatre ans plus tard, ces deux mêmes équipes terminent dernières de leur groupe avec des joueurs évoluant majoritairement en Europe (12 pour le Japon et 10 pour la Corée). Pourquoi ? Parce que même s’ils jouent sur le Vieux Continent, la majorité d’entre eux sont loin d’être des titulaires indiscutables en club. Second en chef des Samouraïs derrière Honda, Kagawa a toutes les peines à s’imposer à Man U, tandis que Ki Sung-yueng a réussi sa plus belle saison… prêté par Swansea à Sunderland. De leur côté, douze des Socceroos évoluent en Europe, mais dans des clubs manquant sans doute de sexyness : Davidson à Heracles Amelo, Tommy Oar à Utrecht, Bozanić à Lucerne, Halloran à Düsseldorf ou encore Leckie à Francfort. Cas similaire en Corée du Sud : Park Chu-young et ses six mois passés en prêt à Watford conclus par deux matchs pour aucun but. L’attaquant passé par Monaco ira même jusqu’à s’excuser publiquement d’avoir été sélectionné pour ce Mondial.

Jeunes et polis

Et là, on touche à un point hautement sensible : là où d’autres joueurs auraient été piqués dans leur orgueil parce qu’attaqués par la vox populi, les footballeurs asiatiques manquent cruellement de charisme. N’y voyez pas là une forme de racisme considérant que tous les Asiatiques sont disciplinés. Plutôt le fait que le Japon et la Corée du Sud manquent de grognards. Si Keisuke Honda peut parfois faire montre de vraies prises de responsabilités, que penser de l’effacé Shinji Kagawa et d’une défense nippone orpheline de tout leader malgré un Yoshida volontaire. Sinon, pourquoi Zaccheroni aurait-il rappelé Yoshito Okubo, 32 ans au compteur, 56 sélections et un Mondial 2010 dans les jambes, un peu moins de quatre ans après sa dernière convocation avec les Samouraïs ? Quant à la Corée du Sud, ils auraient sans doute bien eu besoin de l’expérience d’un Park Ji-sung ou d’un Lee Young-pyo pour cadrer les leaders en devenir que sont Son Heung-min et Koo Ja-cheol, promu capitaine au Brésil. Seule l’Australie a offert un sursaut d’orgueil momentané face au Pays-Bas grâce à un Cahill en feu malgré ses 35 ans. À dire vrai, les trois nations souffrent d’un renouvellement de génération : l’âge moyen des effectifs du Japon et de la Corée du Sud est de 26 ans. Pour l’Australie, il tombe à 25. De plus, pour ce Mondial, le Japon n’avait gardé que huit éléments présents en Afrique du Sud. L’Australie et la Corée du Sud, eux, seulement cinq, renforçant l’idée que pour chacun de ces pays, une époque avait pris fin avec la Coupe du monde 2010. Nakamura, Kewell et Ahn Jung-hwan ne diront pas le contraire.

Pour contrecarrer ça, Hong Myung-bo avait choisi de s’appuyer sur le groupe jeune et homogène qui avait gagné le bronze aux JO de Londres en 2012 contre… le Japon. De son côté, Zaccheroni avait grandement renouvelé son effectif pourtant victorieux après la Coupe d’Asie en 2011, sans passer par la case JO. Deux stratégies qui ont échoué. Un coup pour rien. Ou peut-être pas. Et si, finalement, en débarquant avec des effectifs un peu verts, les coachs asiatiques avaient trouvé la meilleure façon de préparer la prochaine Coupe d’Asie des nations qui aura lieu en Australie en 2015 ?

Par Matthieu Rostac

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