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Et tactiquement, il en est où le Man City de Guardiola ?

Par Josselin Juncker
Et tactiquement, il en est où le Man City de Guardiola ?

Après Messi en faux neuf et le Barça en égérie d'une révolution footballistique, après Alaba en mode tout terrain et un Bayern transformé tactiquement, que Pep Guardiola peut-il apporter à Manchester City ? Tentative de réponse deux mois après le premier match de l'Espagnol sur le banc des Citizens.

C’est Pep en personne qui le dit : « Ce serait ennuyeux si nous étions proches de notre meilleur niveau, je devrais rentrer chez moi… Dans le football, ça n’en finit jamais, on peut toujours s’améliorer, collectivement, individuellement, il y a toujours un moyen d’être meilleur. » Encore beaucoup de travail donc pour celui qui, en l’espace d’une pré-saison et de deux mois de compétition, a su donner un sacré style à un Manchester City en quête d’identité. Pour y parvenir, le Catalan s’est entouré de pas moins de seize assistants, dont quelques-uns de ses fidèles (Torrent et Bonaventura), quelques Espingouins qui connaissent la Premier League (Arteta et Borrel), ainsi que des analystes, physios et entraîneurs des gardiens. Staff pléthorique ou pas, c’est uniquement sur le terrain que peut être juger l’effet Guardiola.

Possession, déséquilibre et Agüero

Chez Guardiola, on fait toujours en sorte de chouchouter le ballon, en ne recourant au jeu long qu’avec parcimonie. Un amour du ballon suffisant pour justifier le départ de captain Hart et l’arrivée de Claudio Bravo. Pour le Man City version 2016-2017, la possession de balle s’organise autour de deux centraux bien ouverts, et de Fernandinho qui s’intercale entre ces derniers en cas de pressing adverse à deux avants-centres – comme contre Sunderland. Puis, devant la défense, un pivot amovible pouvant être un latéral qui vient à l’intérieur, Fernandinho ou même un central qui décide de grimper. On obtient donc un losange parfait qui permet d’éclater le pressing. Et si l’adversaire est trop agressif, on joue les pragmatiques avec du jeu long, et De Bruyne et Silva à la réception des seconds ballons. Une fois le ballon sorti, plusieurs manières de déséquilibrer. Pep, fidèle à son principe du « central qui ne conduit pas, central qui ne joue pas » commenté par Gaby Milito à la Nacion en août dernier, impose à Stones, Otamendi et Kolarov de conduire le ballon jusqu’à rencontrer une opposition. Et si l’adversaire cadre bien, Fernandinho recule et claque des passes laser, comme on voyait Boateng en faire à l’Allianz Arena. Et si ce n’est Fernandinho, on confie la boule à Kolarov, qui balance des délices de diagonales à Sterling, prêt à casser des reins en un contre un. Dans le cas où aucune de ces options n’est disponible, on cherche le décalage avec les milieux, toujours situés entre les lignes et de profil. À ce titre, Silva s’impose comme le patron des déplacements diagonaux permettant de jouer vers l’avant.

Mais le grand changement de Guardiola cette année se trouve dans la continuité donnée au déséquilibre via des latéraux non pas en étireurs de bloc adverse, mais en double pivot : en milieux centraux. Si Lahm, Alaba, Bernat et Rafinha avaient déjà fait l’expérience de rentrer au cœur du jeu pour mieux laisser les couloirs aux dragsters Douglas Costa, Coman et Robben, à Manchester City cela prend une autre dimension. Zabaleta-Sagna et Clichy-Kolarov à l’intérieur, cela permet à Sterling et Nolito de redescendre modérément sans que les latéraux adverses ne les persécutent, puisque ces derniers doivent maintenir l’alignement défensif, sous peine de créer trop d’espace dans leur dos. Du coup, l’Andalou et le natif de Kingston peuvent aisément recevoir le ballon de profil et faire face au but, et de là, commencer à balancer du un-contre-un. Et si toutefois le latéral adverse s’aventure à les suivre, De Bruyne et Silva ne se font pas prier pour débouler dans leur dos. Et Zabaleta et Clichy de perforer la ligne arrière à coups d’underlaps, ces dédoublements verticaux non pas vers l’extérieur du terrain, mais vers l’intérieur. Une fois le déséquilibre créé, on s’attaque à la finition, où Agüero et ses onze buts en Premier League et Ligue des champions constituent un terminal au moins aussi redoutable que le Lewandowski de la saison passée.

Toujours dans le style Pep, on revoit parfois le Barça 2008-2012 à la finition, comme lors du troisième but contre Mönchengladbach lorsque Sterling, en un contre un avec le gardien, préfère décaler Kun. L’altruisme barcelonesque.

Mi-pianistes, mi-ouvriers

Sans ballon, Man City s’organise autour d’un bloc haut : Agüero cherche le central droit, un des milieux de terrain sort sur le central gauche pendant que l’autre taquine le pivote adverse. L’idée ? Forcer l’erreur des centraux adverses ou à abuser du jeu long, car le tout est compensé par une culture du second ballon plutôt bien assimilée. Si l’adversaire essaye de jouer au sol – comme Swansea –, tout le monde se prête au jeu de l’interception ou tout du moins du « je ne laisse pas l’adversaire se retourner » . Ainsi, on voit les centraux poursuivre leurs vis-à-vis jusque très bas sur le terrain, de sorte qu’aucun adversaire ne puisse recevoir le ballon dans une situation lui permettant de jouer vers l’avant. À l’Etihad, si chacun est un artiste en phase de possession, tout le monde se transforme en ouvrier au moment de la perte. On voit donc Agüero se muer en traqueur dès lors qu’un contrôle lui échappe, Nolito tape le 100 mètres pour harceler son latéral et De Bruyne des stakhanovistes.

Sur coups de pied arrêtés, les Citizens disposent de gros calibres. Silva et surtout De Bruyne. Bournemouth a pu en témoigner. Sur corner, pas de véritables combinaisons, mais une recherche constante des gros casques de Kolarov et Fernandinho. À l’inverse, sur les corners concédés, Pep maintient sa défense en zone : les quatre joueurs disposant du meilleur jeu de tête s’alignent sur les six mètres, un autre – le plus éloigné du ballon – complète l’alignement en se situant légèrement plus haut que ses partenaires. Devant cette ligne de cinq, une banane de trois, souvent deux milieux et un ailier. Silva et Agüero complètent le tout en se positionnant l’un à l’entrée de la surface et l’autre à l’angle de celle-ci, prêt à intervenir en cas de jeu court. Une défense en zone sévèrement critiquée lorsque, du fait de ce choix tactique, le mètre 91 de Shawcross obtint un penalty après avoir été ceinturé par le mètre 70 d’un Sterling pourtant dans sa zone, mais impuissant face à la taille du défenseur de Stoke.

Enfin, si Guardiola a marqué ses clubs précédents par la mise en valeur de joueurs insoupçonnés, à Manchester City, il perpétue la tradition. Quelques jeunes de l’Academy ont eu leur chance : Garcia, Angelino, Maffeo, mais rien que des apparitions lors des matchs de moindre importance pour l’instant. Pour les autres, le verdict est nuancé et Joe Hart et Yaya Touré en savent quelque chose. Tous les autres tirent déjà profit de l’arrivée du nouveau coach. Dans Olé, Agüero fait l’éloge d’une liberté tactique omniprésente, Clichy se réjouit d’un Pep « différent » et Sterling ne cesse de remercier l’homme qui lui a redonné confiance après une saison 2015-2016 compliquée. C’est donc principalement sur le terrain que Guardiola change les hommes. Et à l’instar de la renaissance de Boateng ou du recyclage de Lahm, à Manchester, Pep a trouvé ses nouveaux cobayes. Dorénavant, Kolarov n’est plus qu’un simple latéral, c’est le nouveau chouchou de Pep de par sa polyvalence et sa capacité à jouer long. Quant à De Bruyne, il continue encore un peu plus son ascension, dans un rôle de relayeur et parfois même, comme contre United, en faux neuf. Un remake du changement de poste de Messi orchestré à Barcelone il y a quelques années par qui vous savez.

Pep Guardiola trouve Savio « dévastateur »

Par Josselin Juncker

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