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Et si Hamsik était finalement surcoté ?

Par Valentin Pauluzzi
5 minutes
Et si Hamsik était finalement surcoté ?

Pour la première fois en sept ans, Marek Hamšík a été contesté par ses propres supporters. La faute à un niveau de jeu qui ne cesse de chuter depuis l'arrivée de Rafael Benítez.

60e minute de jeu, Marek Hamšík quitte le terrain crête baissée. Le Napoli est en train de perdre 2-0 à domicile contre le promu Empoli, et Benítez a décidé de rappeler son capitaine sur le banc de touche pour faire entrer Higuaín. Cette scène se déroule dimanche dernier, et, pour la première fois, le Slovaque sort sous les sifflets du public du San Paolo à peine compensés par les applaudissements provenant des deux « curve » . Un changement par ailleurs payant, puisque les Azzurri réussiront à égaliser. Et ce n’est probablement pas un hasard. C’est juste le triste épilogue d’une parabole descendante amorcée il y a de cela deux étés. Le but contre le Slovan Bratislava jeudi dernier ne change pas grand-chose au constat. Hamšík peut mettre ses mains autour de ses oreilles comme pour défier ceux qui le contestaient quelques jours plus tôt. Les supporters napolitains se sont rendus à l’évidence : leur capitaine est désormais une énigme insoluble.

Benítez l’utilise mal, mais insiste encore et toujours

« Marekiaro » file donc un mauvais coton. Le tournant de sa carrière se situe à l’été 2013, il a alors 26 ans et ne cesse de monter en puissance avec ce Napoli revenu sur le devant de la scène italienne, voire européenne. Mais Walter Mazzarri s’embarque pour l’Inter et emmène avec lui son 3-5-2 (ou 3-4-1-2) basé en grande partie sur les contre-attaques. Un système et un style de jeu qui seyaient parfaitement au numéro 27 azzurro. Associé avec Lavezzi (puis Pandev) et Cavani, ou plutôt derrière eux, il bénéficiait des grands espaces devant lui pour placer ses fameuses accélérations. Des chevauchées qui se terminaient souvent par des buts. De 9 à 12 en championnat de 2007 à 2013. Bref, les stats d’un top player auquel il ne manquait qu’un dernier palier à franchir pour faire partie des tout meilleurs à son poste à l’international. Été 2013 toujours, et Benítez débarque au Napoli avec son 4-2-3-1 dans les valises. La place de Hamšík est toute trouvée, derrière l’unique attaquant de pointe. Et les débuts sont d’ailleurs prometteurs, deux doublés lors des deux premières journées de championnat, 6 buts en 11 matchs, et puis le trou noir…

Un demi-championnat sans marquer et des performances en chute libre, la faute principalement à sa nouvelle position sur le terrain ? C’est ce que pense Edy Reja qui l’a fait débuter au Napoli il y a de cela sept ans : « À ce poste, il faut des joueurs dynamiques, capables de se débarrasser de leurs adversaires. Hamšík, lui, aime partir de derrière pour ensuite attaquer les espaces. Il a des difficultés dans cette position, comme ça dos au but, en étant marqué par les défenseurs adverses. Tandis que lorsque ses vis-à-vis sont des milieux de terrain, il est beaucoup plus à l’aise. » Reste que Benítez ne compte pas toucher à son 4-2-3-1 malgré quelques timides tentatives de 4-3-3 avec un Hamšík sur la ligne des milieux de terrain : « Je le faisais jouer dans cette position, poursuit Reja, en « mezzala », également dans le 3-5-2. » Benítez insiste, la situation empire et ce qui devait arriver arriva : le point de non-retour a été atteint.

Des limites techniques et mentales

Si son coach ne lui facilite pas la tâche, il faut reconnaître que Hamšík ne donne pas l’impression de se démener pour améliorer les choses. La philosophie et le système de jeu du Castillan ne lui conviennent pas. Très bien. Et un contrecoup au début de cette nouvelle expérience est parfaitement compréhensible. Mais en dix-huit mois de temps, on pouvait prétendre à une adaptation qui aurait été tout bénef pour le Slovaque qui compléterait sa palette. Une polyvalence tactique et technique qu’un top player est censé avoir. Hamšík a montré ses limites, à tel point qu’on peut se demander s’il n’est pas un poil surcoté. Voilà, le mot est lâché, mais la problématique est légitime. Cette impasse pourrait être liée au brassard dont il a hérité depuis que Paolo Cannavaro a été poussé vers la sortie direction Sassuolo. Mais Edy Reja est catégorique : « Non, de ce point de vue, il a le sang-froid, ce n’est pas un joueur qui se fait conditionner par les responsabilités qui incombent à une capitaine. » Trop froid pour se remettre en question ?

En partie responsable de cette situation, Benítez a aussi fait preuve d’indulgence en espérant un revirement de situation qui n’est jamais arrivé. Il pourrait ainsi sérieusement réfléchir à s’en passer. D’autant qu’un certain De Guzmán pousse depuis le début de saison. L’éclectique canado-néerlandais affiche un bilan de 6 buts en 12 rencontres, mais surtout en un peu moins de 500 minutes de jeu, il plante donc en moyenne une fois par match. Des stats qui ne laissent pas indifférent, tout comme les 322 matchs disputés par Hamšík avec le Napoli, rejoignant ainsi Ciro Ferrara à la 4e place des joueurs les plus capés de l’histoire du club. Néanmoins, son statut ne va pas le sauver éternellement. Son attachement aux couleurs azures n’est pas à remettre en cause, mais la direction a peu d’intérêt à conserver un élément dont le niveau de jeu chute toujours un peu plus année après année. On arrive à un dilemme ou plutôt à la croisée des chemins. La valeur marchande du Slovaque baisse petit à petit. Spécialiste en la matière, le site transfermarkt l’évalue encore à 35 millions. Généreux. Dans quelques mois, il en vaudra probablement deux fois moins… à moins d’une improbable métamorphose. Hamšík a donc six mois pour redresser la crête, mais même à Naples, presque personne n’y croit.

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