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Et Ray Kennedy s’envola

Par Maxime Brigand
Et Ray Kennedy s’envola

Il y a eu le « Boring boring Arsenal », les pétards de Gascoigne et les scénarios fous des années 2000. Reste que le plus beau, le plus intense des Tottenham-Arsenal restera à jamais celui du lundi 3 mai 1971. Un jour où le nord de Londres a décidé de faire la fête en rouge, où Arsenal a remporté le huitième titre de champion de son histoire et où Ray Kennedy est devenu une légende. Sur la pelouse de White Hart Lane, lors d'une dernière journée de championnat.

Le pas est lent. L’homme, lui, est fatigué. Son visage dessine un sourire fragile sous un regard marqué. Il lève difficilement les bras mais semble comprendre ce que ses cinquante-sept premières années de vie ont laissé dans l’imaginaire collectif. Autour de lui, Anfield déborde et ne sait pas encore que le choc du soir entre Liverpool et Arsenal va accoucher de l’une des plus belles rencontres de l’histoire de la Premier League. Ce 21 avril 2009, les deux équipes se quitteront sur un score nul et fleuve (4-4) dans une soirée marquée par le quadruplé d’Andrei Arshavin. Peu avant 21 heures, pourtant, l’unité des 45 000 personnes présentes ce soir-là à Anfield se situera autour d’une autre figure. Par un numéro 5 rouge dessiné par le Kop et un numéro 10 jaune affiché par Anfield Road. Autour d’un génie des années 70 et 80 qui a marqué l’histoire des deux clubs une trentaine d’années auparavant. Ray Kennedy fait partie d’une race rare de joueurs qui rassemble autour de deux clubs et qui était un peu plus qu’un simple créateur de jeu. Car au début de sa carrière, alors qu’il n’avait que seize ans et courrait pour le Port Vale FC, un certain Stanley Matthews lui affirma qu’il était « trop lent pour devenir footballeur » . Reste que quatre ans plus tard, Kennedy changera l’histoire d’un club, Arsenal, avec qui il remporta le premier doublé coupe-championnat de l’histoire de l’institution. Sur un coup de tête, un lundi 3 mai 1971, à White Hart Lane.

Le Ray sur le côté

C’était un soir pour l’histoire. Une occasion unique de marquer l’époque et de draper Londres en rouge le temps d’une soirée au moins. Le championnat d’Angleterre doit choisir son nouveau roi un an après le sacre d’Everton. Le Leeds United de Don Revie, dauphin des Toffees en mai 70, veut de son côté reconquérir le Royaume. L’occasion est belle et le travail est fait, avant le Tottenham-Arsenal du lundi, avec une victoire facile sur Nottingham Forest (2-0). Les Peacocks se rangent dans l’attente alors que White Hart Lane est proche de l’implosion avec une foule immense rassemblée dès les premières heures de l’après-midi sur la Bill Nicholson way. Comme si personne ne voulait rater l’événement. Un an auparavant, Tottenham battait Arsenal pour clore un championnat sans saveur pour les clubs du nord de Londres. Cette fois, l’enjeu est de taille : un nul 0-0 ou une victoire et les Gunners défileront dans les rues du nord de Londres. En rouge. Jouir sur un derby est certainement ce que le football peut réserver de plus beau. Car la dépouille d’un ennemi est peut être ce qui sent le plus bon.

Le compteur restera bloqué à 51 992 spectateurs massés dans les travées de White Hart Lane mais l’histoire raconte que l’enceinte dégueulait de plus d’écharpes encore. Plus bas, sous la coque de son banc, Bertie Mee passera l’intégralité de la rencontre à arpenter la ligne blanche. Comme si le destin était un chien et que son équipe allait laisser filer son rêve dans la gueule de son ennemi. La première cartouche de George Graham décollera loin du but gardé par la légende nord-irlandaise des Spurs, Pat Jennings. La rencontre est fermée, on se regarde et John Radford trouvera à son tour les gants de Jennings. On étouffe mais Arsenal tient son titre entre les mains. Jusqu’à un énième coup de patte de George Armstrong sur la tête de Ray Kennedy. Il ne reste que trois minutes à jouer, Arsenal vient d’étouffer l’espoir. « Je crois que cela restera à jamais les trois plus longues minutes de toute ma vie. Dès que Tottenham avait la balle, je me disais que si il marquait, on n’était plus champion. » , expliquera quelques années plus tard Kennedy. Arsenal s’impose finalement (1-0) et le grand Ray termine sous un envahissement de terrain dirigé vers sa seule personne. Comme une gifle à Stanley Matthews. Avec dans la tête, l’histoire, car Arsenal remportera ce soir-là la première étape d’un doublé coupe-championnat achevé cinq jours plus tard à Wembley face à Liverpool (2-1). Devant 100 000 personnes.

La chemise de Kennedy

La dramaturgie est belle. La fête le sera également. Trente-trois ans plus tard, l’histoire se répétera un 25 avril. En 2004, au terme d’un nul fou (2-2), avec un final offrant à Arsenal son titre sur la pelouse de White Hart Lane sur le poing serré de Thierry Henry et un salto de Kolo Touré. C’était l’année des Invincibles, loin du « Boring boring Arsenal » des années 90. Ray Kennedy, lui, est déjà rentré dans son North East natal. L’homme est seul. Seul avec la maladie depuis maintenant vingt ans. La nouvelle est tombée le 4 novembre 1984. Kennedy avait alors 35 ans et venait de raccrocher les crampons sur cinq titres de champion et trois C1 avec Liverpool. Verdict : l’homme a développé au cours de sa carrière la maladie de Parkinson. Une scène le racontant incapable de reboutonner sa chemise, un jour, dans le vestiaire à Arsenal sera racontée quelques années plus tard. Pour payer ses soins, Ray Kennedy a dû revendre ses médailles de champion. Jusqu’à un appel lancé en janvier 2008 où l’ancien meneur de jeu récoltera assez pour faire installer chez lui une salle de bain médicalisée et un équipement personnalisé dans son salon. Loin de White Hart Lane et de ses rêves de titre.

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