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Espagne/Pays-Bas : a-t-on assisté à une révolution ?

Par Markus Kaufmann
8 minutes
Espagne/Pays-Bas : a-t-on assisté à une révolution ?

Le 13 juin dernier, les Pays-Bas de Louis van Gaal créaient la première surprise du Mondial brésilien en mettant à terre l'Espagne championne du monde en titre de Vicente del Bosque. Un score sans appel, cinq buts à un, et une manière que personne n'oubliera. Ce jour-là, Robben fuse, Van Persie vole, Sneijder distille, Ramos lâche et Casillas s'écrase. Il est dit que certains événements ont le pouvoir d'accélérer l'histoire. Qu'en est-il pour ce match ?

Ce n’était que la seconde journée de cette Coupe du monde festive. À vrai dire, c’en était même le premier jour, après l’apéritif de la victoire brésilienne dans le désespoir croate. L’ouverture du bal, enfin, avec deux matchs en un jour. Et une danse qui s’annonçait rythmée : Espagne et Pays-Bas, les deux finalistes de la dernière édition. Au début, l’histoire semblait avoir mis en marche son pilote automatique pour s’écrire tranquillement. La malice de Diego Costa, comme toujours, un penalty pour les favoris, comme toujours, et la classe de Xabi Alonso, comme toujours. Puis, comme jamais, il y eut Van Persie, Robben, De Vrij, Van Persie encore, et Robben à nouveau. Pour l’Espagne, la danse devint un insupportable tourbillon. Après neuf mois, qu’est-ce que cette soirée a mis au monde ?

Vidéo

La mort de la possession ? Ou la fin de Xavi ? Devant la transformation actuelle du Barça, toujours plus friand de contre-attaques, la question mérite d’être posée. Mais puisque le Barça et le Bayern dominent encore leur championnat avec près de 70% de possession en moyenne, elle ne peut que rester en suspens. En revanche, si aucun docteur ne peut annoncer la mort de la possession, celle de la possession dictée par Xavi est bel et bien actée. On joue la 26e minute quand le milieu lance parfaitement Diego Costa avec sa spécialité : la « passe de la mort » entre les deux centraux. Pénalty, 1-0. À 1-0, la puissance du résultat nous fait tous penser que Xavi a encore de quoi offrir quelques partitions de génie. Vingt minutes plus tard, les espaces s’élargissent, le contrôle du ballon fuit, et la possession ne connecte plus les joueurs rouges. Xavi se perd, et l’Espagne coule avec lui. Contre le Chili et l’Australie, il ne jouera pas une minute de plus. Lui qui avait voulu prendre sa retraite internationale après l’Euro, qui avait continué pour son coach, pour transmettre un peu plus. En fait, il ne pouvait déjà plus. Après un Clásico désastreux au Bernabéu, la belle histoire barcelonaise s’est aussi terminée. Xavi n’a plus qu’une demi-heure de grand joueur sous le capot. Le reste est mort ce jour-là au Brésil, face à la Hollande du football total, comme un symbole. Sous les yeux compatissants de Van Gaal, sans aucun doute.

Iker n’est plus si San

Les feintes de Robben ont-elles tué Iker Casillas ? À la 7e minute, lorsque Casillas sort cette main ferme en un contre un face à Wesley Sneijder, tout le monde se rappelle qu’en plus de son jeu, la Roja a pu compter sur un grand gardien lors de toutes ses victoires internationales. Lui, il n’a jamais failli. Et puis, la malice destructrice du destin, celle qui déteste la constance et remet tout en cause, se met en route. L’impuissance face au lob de génie de Van Persie. Une déviation de Ramos sur le premier tir de Robben, de telle sorte qu’il ne puisse rien faire. Et sur le coup franc de Sneijder, le coude de Van Persie qui vient le percuter alors que le ballon s’éloigne. En une demi-heure, Casillas s’en prend plein la tête. Il est impuissant, mais il n’est pas encore coupable. Déjà tragique, le destin devient ensuite cruel. Un contrôle raté qui fait ressortir les nombreux détracteurs de son jeu au pied. Et enfin, le but burlesque d’Arjen Robben, quatre ans après les duels de la finale sud-africaine.

Iker chute, se relève, rampe, croit récupérer la balle, puis tombe à nouveau et abandonne enfin. Face au Chili, il sera battu deux fois. Et l’Espagne ne retrouvera de la tranquillité défensive qu’avec la bonne humeur de Pepe Reina contre l’Australie. San Iker est-il mort ce jour-là ? Cette saison, la sérénité de Diego López est partie à Milan, et les réflexes fous de Keylor Navas n’ont eu droit qu’à cinq titularisations à Madrid. D’un côté, Casillas est donc redevenu le propriétaire de ce poste de numéro 1 du Bernabéu. Il en faudra plus pour le clouer définitivement au sol. Casillas s’est relevé et a bossé. Mais de l’autre, cette période trouble initiée par les titularisations d’Adán il y a deux ans a fait ouvrir les yeux du public madrilène. Iker est un gardien sous pression comme un autre. Contre Schalke 04 en C1, son nom a même été lourdement sifflé dès l’annonce des formations. Aujourd’hui, comme tout gardien, il est encensé à chaque sauvetage et jugé coupable sur chaque but encaissé. Iker n’est pas mort, mais ce n’est plus un Saint.

Effet de surprise et mercato

Sergio Ramos et Piqué s’en sont-ils remis ? Arjen Robben en a gardé pour tout le monde, et Casillas et Xavi ne tombent pas seuls. Sur son premier but, c’est Gerard Piqué qui reste planté sur le crochet du chauve. Sur le second, c’est Sergio Ramos, le héros de la Décima au physique insurmontable, qui se fait humilier par la vitesse du gringalet, bien aidée par l’effet de la passe magistrale de l’inimitable Sneijder. Ramos perdra en prestige, tandis que Piqué ne jouera pas une minute de plus de ce Mondial, remplacé par Javi Martínez, puis Raúl Albiol. Mais les deux centraux ont réussi à se relever. Si Ramos a continué à marquer ses buts décisifs avec orgueil, reprenant le chemin du succès avec le Real comme si de rien n’était, Piqué a même semblé inverser la courbe de son inexorable déclin. Et Robben n’a pas encore réussi à se venger de Carles Puyol…

Est-ce que les Pays-Bas ont gâché leur effet de surprise trop tôt ? Pour une fois, ils abordaient la compétition dans le modeste costume d’équipe « à suivre » . Sûrement pas favoris, et même pas outsiders, les Pays-Bas étaient simplement intéressants. Parce que Van Gaal, et parce que les trois stars : Wesley, Arjen et Robin. Mais ce match a tout changé, comme si leur arrogance légendaire les empêchait de faire profil bas. Robin van Persie a enfin marqué un but important en compétition internationale, et ça l’a plombé pour le reste de la compétition. Finalement, les Oranje ne parviendront pas à reproduire une telle performance en phase à élimination directe. En demies, les Néerlandais sont tombés sur une Argentine trop consciente des forces de son adversaire. Et si les Oranje avaient eu un début de compétition plus timide, auraient-ils pu bénéficier de l’effet de surprise plus longtemps ? En éliminant leur bête noire espagnole, les Oranje ont finalement rendu un grand service aux Allemands, leur grand rival footballistique, incapables de battre l’Espagne en 2008 et 2010. Une performance malheureuse qui rappelle celle de Robin Söderling face à Rafa Nadal à Roland Garros en 2009, qui avait ouvert la voie au titre de Roger Federer… Les Pays-Bas pourront se consoler avec un regain de sex-appeal indéniable en Europe, le Feyenoord et l’Ajax se remplissant les poches : Daley Blind à Manchester United, Jonathan de Guzmán au Napoli, Daryl Janmaat à Newcastle, Stefan de Vrij à la Lazio et Bruno Martins Indi à Porto…

Défense à trois et conduite de balle

Est-ce que ce match a changé la donne tactiquement ? Del Bosque avait joué la sécurité. Un 4-5-1 avec Busquets et Alonso pour mettre Xavi dans un fauteuil, Silva et Iniesta pour garder le ballon, et Diego Costa pour donner de l’efficacité aux mouvements. Mais sans pressing, la Roja laisse trop respirer les Oranje, qui se font un plaisir de couper les liens entre l’avant-centre de Chelsea et ses milieux. Ce match est la première démonstration de la défense à trois lors de ce Mondial brésilien qui en verra d’autres, du Mexique au Costa Rica. Mais c’est tout : des huit équipes qualifiées en quart de finale de C1, aucune ne joue avec trois défenseurs centraux, et même la Juventus a modifié ses schémas. Ce choc restera plus celui de la mort de l’Espagne que de la grandeur du jeu hollandais, qui est en grandes difficultés aujourd’hui… L’hégémonie du football espagnol est-elle morte ce jour-là ? « Le Roi est mort ! Robben lui a coupé la tête ! » Les jugements se précipitent, la joie de ses grands rivaux est démonstrative, et l’Espagne pleure ses champions déchus. Mais l’élimination de ce Mondial est-elle un point final à « l’hégémonie » du football espagnol depuis 2008 ? Trois semaines avant le meurtre, après tout, le Real et l’Atlético se rencontraient en finale de Ligue des champions. Et cette saison, ils sont encore trois présents en quarts de finale. En fait, le football espagnol continue à se porter aussi bien qu’avant et pendant les succès de sa Roja. En éliminatoires de l’Euro 2016, si la sélection a perdu contre la Slovaquie (2-1), elle affiche du reste un bilan de quatre victoires et zéro défaite, treize buts marqués et seulement un pion encaissé. Si Xavi est parti, Koke et Isco sont déjà là. L’Espagne n’est plus royale, mais elle s’est bien relancée dans le peloton des poursuivants du nouveau roi…

Est-ce que ce match a propulsé Robben tout en haut ? La courbe de la grandeur de la carrière d’Arjen Robben est à l’image de la conduite de balle du bonhomme. Une énorme accélération pour commencer en Eredevisie et à l’Euro 2004, puis une feinte magnifique et quelques coups de frein à Chelsea, entre titres et blessure, avant de rentrer dans l’axe au Real Madrid, pour freiner à nouveau, vendu par la petite porte au Bayern. Depuis, Robben accélère plus fort que jamais, mais feinte aussi beaucoup, ne se décidant pas à lâcher cet ultime enchaînement crochet extérieur-frappe enroulée. Aujourd’hui, on peut dire que cette Coupe du monde aboutie restera le crochet, mais qu’on attend encore la frappe. Dès cette saison ? Robben bat tous ses records cette année : record de titularisations en Bundesliga (20), record de buts marqués en championnat (17 buts, en seulement 21 matchs). Plus présent que jamais dans le jeu bavarois (49 passes par match, 12 de plus que n’importe quelle saison), l’ailier est aussi plus décisif que jamais : il a même marqué plus de buts et de passes décisives que Robert Lewandowski avec 200 minutes de jeu en moins. Mais cela suffit-il pour se montrer plus fort que Leo Messi et Cristiano Ronaldo ? Les statistiques sont trompeuses, car la distribution du leadership au Bayern n’est pas la même qu’au Barça et au Real. Laissons donc le printemps européen se décider, ou alors l’Euro 2016…

Par Markus Kaufmann

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