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Entrée, plat, Dessers

Par Douglas de Graaf
Entrée, plat, Dessers

Il ne joue ni à l'Ajax, ni au PSV, ni même à l'AZ ou au Feyenoord. Pourtant, Cyriel Dessers, gâchette de l'Heracles Almelo, est l'actuel meilleur buteur d'Eredivisie (15 buts marqués en 25 rencontres). Une prouesse qui ne surprend pas ceux qui connaissent l'attaquant belge, électron libre qui ne jure que par le plaisir et l'absence de contraintes. Malgré tout, à 25 ans, cet ancien étudiant qui n'est jamais passé par un centre de formation semble enfin prêt pour viser plus haut. La preuve : il vient d'être convoqué par Gernot Rohr pour représenter le pays de sa mère, le Nigeria.

« J’ouvre la porte du vestiaire et je vois que mes coéquipiers ont accroché mes chaussures de foot comme une guirlande. Mes vêtements étaient scotchés au mur avec du ruban adhésif, mon casier pareil. Je préfère qu’ils me martyrisent plutôt qu’ils me complimentent. » Cyriel Dessers se marre en racontant la scène au journal local Tubantia : une punition infligée par ses coéquipiers au moment où le Belge est devenu meilleur buteur d’Eredivisie. Dessers a beau la jouer modeste, à Almelo, personne n’est dupe : en présence de l’attaquant, une règle tacite impose de bannir toute remarque susceptible de gripper la machine. Une machine qui tourne à plein régime cette saison – 15 buts, 5 passes décisives – et qui carbure à l’affection. Alors, un bizutage aussi magistral, la gâchette d’Heracles adore.

« C’est un sentimental » , pose Fabian Sporkslede, ancien coéquipier du phénomène au NAC Breda (D2 néerlandaise), où Dessers a explosé lors de la saison 2016-2017. Quand il est dans un environnement de bien-être, il réussit tout ce qu’il tente. De manière générale, dans tous les cas, c’est quelqu’un qui tente tout ce qu’il est possible de tenter, même des dribbles dans la surface avec plein d’adversaires autour de lui avant de frapper. Après, quand quelqu’un lui faisait des remarques négatives, on voyait que ça le touchait. » C’est ce qu’il s’est notamment passé à Utrecht, où le roi de Breda a débarqué après sa saison réussie dans le sud des Pays-Bas. Interrogé par Tubantia, Dessers a reconnu avoir eu du mal à gérer la pression : « Quand je suis arrivé à Utrecht, j’ai fait la une de Voetbal International (le magazine de football majeur des Pays-Bas, N.D.L.R.). En dessous, il y avait écrit : « Celui qui régale l’Eredivisie ». Après 10 matchs, ça s’est passé un peu moins bien, les attentes étaient plus élevées. Ça m’a joué des tours… »

Surprise pour le Dessers

Deux saisons laborieuses plus tard (19 buts marqués en 56 matchs, quand même), il faut voir celui qui a accepté de redescendre d’un étage flamber de nouveau, au point de damer le pion aux meilleurs buteurs du Royaume, alors que son club végète à une anonyme neuvième place au classement. Sans que personne ne s’en étonne. « Cyriel, c’est un joueur d’instinct, expose Jeff Stans, compatriote et ancien coéquipier de Dessers au NAC Breda. Sur un terrain, il ne calcule pas, il ne réfléchit pas trop et il a besoin de cette liberté d’esprit pour performer. Sinon, il va se mettre à cogiter et à perdre sa spontanéité. » Et qui de mieux que le principal intéressé, qui a dévoré des bouquins de psychologie, pour l’expliquer : « Si aujourd’hui je marque un but, j’essaie de m’en souvenir après le match. C’est très difficile. Mais c’est bon signe : ça veut dire que je suis dans le flow. Quand tu es dans le flow, tu fais les choses en mode pilote automatique. Et c’est exactement ce qu’un avant-centre doit rechercher. »

Reste qu’avec un tel état d’esprit, l’as du cockpit semble condamné à ne voguer que par ciel clair et dégagé. L’électron libre pourra-t-il réussir dans un championnat plus scruté, sous les ordres d’un entraîneur plus rigide tactiquement et dans un club qui impose un professionnalisme de tous les instants ? L’équation tient aussi de la manière dont le joueur d’1,85 m a construit son rapport au football : le bonhomme marche au plaisir. Ce n’est qu’à 18 ans, âge de la signature de son premier contrat pro avec Lokeren (D2 belge) que Dessers est entré dans le grand bain du football. Avant ? « Je faisais des études de droit tout en jouant pour l’OH Louvain, en D4 belge. J’allais en cours tous les matins, puis j’allais étudier à la bibliothèque avant de prendre un bus le soir pour aller m’entraîner, énumère-t-il. En rentrant à la maison, je devais parfois continuer à étudier. Et encore après, je pouvais aller faire l’expérience de la vraie vie étudiante. » À savoir : les soirées, les fêtes jusqu’à pas d’heure. « Je suis content d’avoir découvert ce côté de la vie avant d’entrer dans le monde très sérieux du foot » , tranchait-il en conférence de presse en janvier dernier.

Super Belgian Eagle

Après avoir dû quitter ses cahiers et ses professeurs, Dessers n’a pourtant rien perdu de son côté étudiant. « Il n’a pas fait de centre de formation, donc tout ce qui était discipline, tout ce qui était la vie de footballeur pro, on voyait que ça n’allait pas de soi, souffle Fabian Sporkslede, aujourd’hui au RKC Waalwijk. À Breda, il n’était pas tout le temps super sérieux. Pour lui, le plus important, c’était de s’amuser. » Jeff Stans, lui, préfère retenir une autre facette de l’éternel étudiant : sa dégaine. « Les footballeurs s’habillent souvent un peu bling-bling. Mais lui, on voyait qu’il s’en foutait : un jean, un T-shirt simple… »

Une fraîcheur qui irradie les yeux de Dessers au moment de poser un premier regard sur sa carrière. « À mes dix-neuf ans, je ne voulais pas encore devenir footballeur professionnel. Je reste simplement un adorateur de ce jeu.(…)Quand je vois tout ce que j’ai vécu, les expériences et les personnes que j’ai appris à connaître, je peux dire que ma carrière est déjà réussie » , sourit le buteur, qui évoque la communion avec le public de Breda lors de l’accession du club en Eredevisie comme l’un de ses meilleurs moments. Que peut-on alors souhaiter de plus au Belge ? « Je n’ai que 25 ans, je ne sais pas où sont mes limites. Jouer pour le Nigeria serait vraiment le sommet de ma carrière… » Un joli clin d’œil pour celui qui est passé à deux doigts d’être international belge U21 en 2015 (il a été appelé, mais n’est pas entré en jeu, N.D.L.R.) et dont la mère est originaire du Nigeria. Mercredi, Gernot Rohr convoquait le buteur pour les deux prochains matchs des Super Eagles, les 27 et 31 mars prochains. Le sélectionneur franco-allemand est prévenu : il tient ici un drôle de phénomène.

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Par Douglas de Graaf

Propos de Fabian Sporkslede et Jeff Stans recueillis par DDG. Ceux de Cyriel Dessers issus de Tubantia.

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